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La Fédération d'athlétisme change d'ère


Cécile Gilroy, présidente de la FAPF depuis octobre dernier, entourée par son secrétaire général Peter Meuel (à gauche) et son trésorier Moana Kervella (à droite).
Cécile Gilroy, présidente de la FAPF depuis octobre dernier, entourée par son secrétaire général Peter Meuel (à gauche) et son trésorier Moana Kervella (à droite).
Tahiti, le 3 février 2020 - Le nouveau bureau de la Fédération d'athlétisme de Polynésie française (FAPF), présidé par Cécile Gilroy, a tenu vendredi dernier sa première assemblée générale. En marge de cette AG la nouvelle présidente de la FAPF a présenté ses ambitions pour la discipline. 

Vous avez succédé en octobre dernier à Titaua Maurin qui était à la tête de la FAPF depuis près de vingt ans, et qui était de plus en plus contestée. Il était temps d'apporter un nouveau souffle à l'athlétisme ? 

“C'est vrai que dernièrement il y a eu beaucoup de tensions et de désaccords sur la vision de l'athlétisme au sein de la fédération. Après il faut quand même reconnaitre que la présidente sortante a fait énormément de choses pour la discipline ces dernières années. Mais c'est vrai, il était peut-être temps d'apporter quelque chose de nouveau. D'un point de vue personnel, je n'ai jamais eu de problèmes avec Titaua Maurin. On a discuté toutes les deux après les élections et elle m'a fait une passation des dossiers, même si nous n'avons pas eu toutes les données. Par exemple on sait que la FAPF a beaucoup de matériel mais on ne sait pas quoi exactement. Il n'y a pas de listing, pas d'état des lieux et pas de suivi. Des petites choses comme ça qui font qu'on ne peut pas fonctionner correctement pour le moment. On prend nos marques petit à petit et on met en place nos procédures. On veut palier à ça mais en même temps il faut continuer à faire vivre le calendrier qui est déjà en route.” 

Vous vous êtes déplacée récemment en métropole pour rencontrer des cadres de la Fédération française d'athlétisme. Quel était le but de ce voyage ? 
“Ils étaient au courant des difficultés que notre fédération rencontrait en interne. Nous n'avions donc plus beaucoup de contacts avec la France. De leur côté, ils espéraient vraiment pouvoir renouer les liens avec la fédération polynésienne. Pour nous ce déplacement c'était l'occasion de pouvoir rencontrer ces personnes, et surtout de voir ce qui est mis à disposition du Pays. On paye des licences à la FFA qui sont assez coûteuses mais au final il y a beaucoup d'outils et d'échanges et le coût de revient est plus qu’amorti. En termes de formation par exemple, on a des contenus qui sont clés en main. En termes de programme également il y a tous les outils que ce soit pour la pratique de découverte jusqu'à la pratique de haute-performance. Maintenant, il faut que l'on s'organise et que l'on se structure pour pouvoir mettre en place tous ces programmes.” 

Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés pour les prochaines années ? 
“L'ambition de la nouvelle équipe est de pouvoir accompagner chaque Polynésien dans sa pratique de l'athlétisme qu'elle soit de loisir, de santé ou de haut-niveau. Nous allons rédiger prochainement un projet fédéral auquel nous souhaitons associer le plus grand nombre, des pratiquants aux entraîneurs en passant par les bénévoles. On souhaite évidemment avoir un projet qui soit le plus ambitieux possible. On pourrait le proposer en mai prochain.” 

"On souhaite que nos athlètes ramènent des médailles et en même temps nous n'avons aucun outil pour les préparer"

En termes de performance, lors des deux dernières éditions des Jeux du Pacifique, la Polynésie a enregistré ses plus mauvais résultats en athlétisme (deux médailles d'or en 2015 et une médaille d'or en 2019). Qu'avez-vous prévu pour inverser cette tendance ? 
“On fait avec les moyens que l'on a. Quand vous voyez la piste de Pater qui est dans un piteux état depuis des années, ce n'est pas possible. On souhaite que nos athlètes ramènent des médailles et en même temps nous n'avons aucun outil pour les préparer. Après l'autre explication, c'est que l'on n'a pas su garder les jeunes qui passent de la pratique des compétitions locales à la pratique de haut niveau. Nous n'avons pas été assez attractifs. L'un des objectifs est de réussir à garder ces jeunes qui ont entre 14 et 15 ans et qui se tournent souvent à cet âge vers d'autres sports. Nous avons les compétences et nos jeunes sont doués. Nous avons également deux cadres techniques à la FAPF (Thierry Tonnelier et Tumatai Dauphin) qui font du super boulot. Ils mettent en place ce qu'il faut pour garder nos jeunes en activité.”  

Vous avez évoqué l'état de la piste du stade Pater. Est-ce qu'une rénovation est prévue prochainement ? 
“C'est compliqué. Les décideurs changent, les projets changent et en attendant rien ne bouge. Les crédits sont là pourtant. Maintenant le Pays souhaite accueillir les Jeux du Pacifique en 2027, donc une rénovation totale du complexe Pater est forcément prévue. Pourquoi ne rénover que la piste maintenant pour ensuite refaire des gros travaux ? Ce sont des discussions que nous allons avoir avec le Pays pour avoir au plus vite une piste homologuée et aux normes. Ça nous permettra de préparer dans de meilleures conditions les Mini-Jeux et les Jeux de 2023.”
Samuel Aragaw a décroché la seule médaille d'or pour l'athlétisme polynésien aux Jeux de Samoa en juillet dernier. (photo d'archive)
Samuel Aragaw a décroché la seule médaille d'or pour l'athlétisme polynésien aux Jeux de Samoa en juillet dernier. (photo d'archive)

"Les décideurs changent, les projets changent et en attendant rien ne bouge"

S'il y a bien une discipline en athlétisme qui souffre du manque de jeunesse c'est sûrement la course à pied où peu de jeunes sont engagés…
“Encore une fois, c'est à nous de proposer une pratique de l'athlétisme qui plait aux jeunes. L'idée c'est aussi de rendre plus cohérent le calendrier sur la saison entière. Selon moi, le calendrier existant qui a été établi par la précédente équipe n'a aucune pertinence. On va travailler sur ça pour permettre aux entraîneurs de programmer leurs entraînements pour les jeunes. Ils sauront qu'ils ont cette compétition à cette date, et c'est pour cette raison qu'ils s'entraînent de cette manière.”

Quelles sont les grandes échéances pour la FAPF cette année ? 
“Il y a déjà le match scolaire pour pouvoir proposer une compétition aux élèves des îles. Il y a également le match minime organisé cette année à Wallis et Futuna. Il y aura aussi les Oceania organisés à Tonga en mai prochain, et les championnats de Nouvelle-Zélande où nous avons prévu d'envoyer une petite équipe. On a également une petite surprise pour les runners pour juin prochain en lien avec les championnats d'Europe d'athlétisme qui se tiennent à Paris.” 

Vous avez été conseillère technique au ministère des Sports. Est-ce-que cette expérience vous aide à mieux appréhender votre rôle de présidente de fédération ? 
“J'ai vu le côté administratif des choses, et je connais les rouages. De ce côté on ne pourra pas nous raconter n'importe quoi. Mais depuis que je suis présidente je suis confrontée à la réalité du terrain. C'est autre chose et c'est encore plus formateur. Notamment après notre passage en métropole où je me suis dit que j'ai encore pas mal de choses à apprendre.”

Rédigé par Désiré Teivao le Lundi 3 Février 2020 à 17:22 | Lu 3812 fois