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La CSTP-FO se mobilise pour le 1er-Mai


Patrick Galenon a annoncé, à la sortie d'une réunion avec le bureau restreint de la CSTP-FO ce jeudi, une grande mobilisation devant la présidence le 1er mai prochain. Crédit photo : Thibault Segalard.
Patrick Galenon a annoncé, à la sortie d'une réunion avec le bureau restreint de la CSTP-FO ce jeudi, une grande mobilisation devant la présidence le 1er mai prochain. Crédit photo : Thibault Segalard.
Tahiti, le 25 avril 2024 - Pour la fête du Travail, le 1er mai prochain, la CSTP-FO va appeler à une grande manifestation de ses adhérents et sympathisants. Un cahier de revendications, élaboré par les cinq centrales syndicales, sera aussi transmis le même jour au gouvernement. Requêtes qui porteront sur la création d'un “fonds d'aide pour les personnes ayant perdu involontairement leur emploi”, sur une augmentation générale des salaires et sur la protection de l'emploi et des entreprises locales.
 
La fête du Travail va rimer avec mobilisation pour la CSTP-FO. En effet, si contrairement à ce que laissaient présager l'organisation syndicale et son secrétaire général, Patrick Galenon, aucune grève n'est à l'ordre du jour, la centrale va célébrer le 1er-Mai en appelant ses adhérents et sympathisants à se mobiliser, pendant la matinée, devant la présidence. “C'est le mot d'ordre. Il n'y aura pas de marche, mais bien une mobilisation. J'ai demandé qu'on se regroupe après le dépôt de gerbes”, détaille le syndicaliste, à la sortie de sa réunion avec le bureau “restreint” de la CSTP-FO. “Nous allons également déposer un cahier de revendications au gouvernement.” Des revendications, écrites en collaboration avec les quatre autres centrales syndicales – Otahi, la CSIP, A ti’a i mua et O oe to oe rima –, mais aussi l'Unsa. En effet, comme l'a confirmé Lucie Tiffenat, secrétaire générale d'Otahi, à Tahiti Infos, les organisations se sont rencontrées “plusieurs fois” pour élaborer et se mettre d'accord sur ces demandes.
 
Aide, salaire et protection de l'emploi
 
Plus précisément, le document qui sera transmis au président traitera de trois requêtes bien précises et calquées sur des problématiques elles aussi bien précises que rencontrent les travailleurs, du privé ou du public. “Tout d'abord, on souhaite la création d'un fonds d'aide pour les personnes qui ont perdu involontairement leur emploi”, débute Patrick Galenon. Une aide, calquée sur un système de caisse de chômage, qui fait résonance avec la fermeture d'Interoute l'an passé et celle annoncée de Somac d'ici peu, qui comptent respectivement 120 et 90 salariés. Deuxième point d'orgue et non des moindres du document qui sera transmis au gouvernement, une augmentation des salaires. “Dans le programme du Tavini, il y avait la baisse des prix. Mais ceux-ci sont loin d'avoir diminué. Alors dans ces cas-là, qu'est-ce que le travailleur peut demander ? Que son salaire augmente proportionnellement à l'inflation. Soit 6-7%, c'est notre estimation.” Enfin, le représentant syndical souhaite voir élargir la protection de l'emploi local à la “protection des entreprises locales”. Il estime notamment que trop de sociétés utilisent des patentés comme des “faux salariés”. “Ils sont au moins 6 000”, estime-t-il. “Il y a une concurrence déloyale avec les entreprises honnêtes. Elles ne peuvent pas rivaliser avec celles qui ne prennent que des patentés. Alors on souhaite protéger les salariés, mais aussi les entreprises honnêtes. Car si elles se cassent la gueule, nous aussi.”
Quant au délai laissé au gouvernement, les syndicats ne lui mettent pas le couteau sous la gorge, mais ils attendent une réponse et des mesures d'ici la mi-juillet. “On leur laisse le temps de réfléchir. Mais s'ils ne répondent pas avant les Jeux olympiques, eh bien il y aura un petit problème”, avance tout de même Patrick Galenon. De quoi mettre la pression sur les épaules du gouvernement avant l'événement planétaire des JO.
 
Un 1er-Mai téléguidé pour Patrick Galenon
 
Mais ce qui a aussi “embêté” et “étonné” le secrétaire général de la CSTP-FO concernant les festivités du 1er-Mai, qui s'annoncent donc moins animées que d'ordinaire, c'est l'organisation de la journée, dictée par le Pays. “Le président nous a invités à une manifestation générale, avec un plan organisé, pour la fête des travailleurs. Bon ça, c'est son organisation. Malheureusement, nous, ce n'est pas comme ça que l'on souhaite procéder. Nous ne souhaitons pas déposer nos gerbes à Pouvana’a en même temps que le gouvernement par exemple. Nous avons notre propre façon de faire”, confie-t-il. De plus, alors que les années précédentes, le président recevait chaque syndicat accompagné d'un grand nombre de délégués syndicaux, le Pays a cette fois-ci limité le nombre de participants à deux par centrale.
 
Par ailleurs, de mémoire, Patrick Galenon a expliqué que c'était la première fois que l'organisation de cette journée était dictée par un gouvernement. Pour lui, cette méthode pourrait être assimilée à une “forme de déstabilisation” ou une “tentative de dispersion”. Le ton est donc donné pour cette fête du 1er-Mai qui s'annonce mouvementée.

Rédigé par Thibault Segalard le Jeudi 25 Avril 2024 à 19:45 | Lu 1748 fois