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L'odyssée du navire Race for Water contre la pollution plastique en escale en Polynésie


Le catamaran Race for Water est en Polynésie pour un mois.
Le catamaran Race for Water est en Polynésie pour un mois.
Papeete, le 8 octobre 2018 - Dans le cadre de son tour du monde contre la pollution plastique, le navire Race for Water est arrivé samedi 6 octobre en Polynésie pour une durée d'un mois. Parti en avril 2017 de Lorient, ce bateau totalement autonome en énergie propre et renouvelable, à propulsion mixte solaire-hydrogène-kite, mène une odyssée de cinq ans pour lutter contre la pollution plastique des océans.

"Si on ne fait rien, il y aura plus de plastique que de poissons dans l’océan en 2050. Il se déverse dans les océans l’équivalent d’un camion poubelle de déchets plastiques par minute"
, explique d'entrée de jeu le directeur de la Race for Water Odyssée, Franck David.
Alors, face à ce constat effrayant, la Fondation Race for Water, dirigée par le suisse Marco Simeoni, a choisi de réagir. Après une première expédition scientifique et environnementale en 2015, dressant un bilan global dramatique de la pollution plastique de nos océans, la Fondation Race for Water est repartie en 2017 pour mener une nouvelle odyssée à travers les océans.


"ALLER COLLECTER LES DECHETS PLASTIQUES EN MER S’AVERE ETRE UNE UTOPIE"

Les membres de l'équipe de la Race For Water.
Les membres de l'équipe de la Race For Water.
Avec pour credo : "Learn, Share & Act" (apprendre, partager et agir), le catamaran Race for Water, un navire à propulsion mixte solaire-hydrogène-kite, parcourt les mers depuis 18 mois pour mener ce combat contre la pollution plastique. Ce tour du monde a pour mission de contribuer à l’avancement des connaissances scientifiques sur la pollution de l’eau par les plastiques, d'alerter les décideurs, de sensibiliser le grand public et éduquer les jeunes génération, mais également de promouvoir et mettre en œuvre des solutions aux impacts économiques, environnementaux et sociaux durables.
"Aller collecter les déchets plastiques en mer s’avère être une utopie, mais il existe des solutions", poursuit Franck David. Car effectivement si la fondation a fait le constat qu'il n'est hélas pas possible de ramasser tous les plastiques dans l'océan, il est encore possible d'éviter qu'il y en ait davantage.

SUR LA PLAGE DE ANAKENA A L'ÎLE DE PAQUES

Ce petit bocal, rempli de microparticules de plastique, a été recueilli par les membres de la Fondation sur la plage de Anakena à l'île de Pâques.
Ce petit bocal, rempli de microparticules de plastique, a été recueilli par les membres de la Fondation sur la plage de Anakena à l'île de Pâques.
"On a encore le choix, il faut couper le robinet à la source, c'est le problème de l'humanité tout entière. Parfois, on a énormément de microparticules de plastique. C'est une pollution visible, mais aussi invisible", souligne Anne-Laure Le Duff, second capitaine du Race for Water. Et effectivement, un petit bocal rempli de microparticules de plastique, recueilli par les membres de la Fondation sur la plage de Anakena à l'île de Pâques, montre à quel point cette pollution plastique s'est ancrée profondément dans le sable de cette magnifique plage.
Et pour couper le robinet à la source, l'équipe de Race for Water va tout au long de ses différentes escales à travers le monde rencontrer les populations, notamment les jeunes générations pour les sensibiliser à ces problématiques en organisant des visites du navire, en expliquant les bons gestes à adopter, à ne pas jeter, ni gaspiller. Ils vont aller également à la rencontre des décideurs, afin que les prises de consciences soient suivies d'actes.
Mais surtout la fondation amène dans ses bagages des solutions durables permettant de transformer les déchets pour les revaloriser. Fort du constat que le verre ou l'aluminium sont souvent recyclés en échange d'une valeur marchande, l'idée est également de donner au plastique une valeur, ainsi il serait ramassé et recyclé puis grâce à un procédé actuellement en cours de test, il serait transformé en énergie, que ce soit du gaz ou de l’électricité (lire encadré). La vente de cette énergie permettrait alors de rémunérer les collecteurs de rue.
Le déchet devenant alors la solution du problème dont il est à l'origine. La boucle serait alors bouclée !

crédit PHOTO_PETER_CHARAF
crédit PHOTO_PETER_CHARAF
Comment fonctionne le bateau Race for Water ?
Le catamaran Race for Water avance avec un mix d'énergies propres : le soleil, le vent et l'eau de mer.
Le bateau est équipé de 512 m2 de panneaux solaires qui permettent de fournir l’électricité nécessaire pour faire avancer le bateau pendant 36 h.
Une aile de 40 m2 de kite, montée à 150 mètres grâce à un fil très fin et solide, permet de transmettre la force du vent jusqu’au bateau et ainsi de tracter les 100 tonnes du catamaran.
L’eau de mer se transforme sous l’effet de l’électrolyse en hydrogène. Puis par un autre procédé, le gaz est à son tour transformé en électricité.
Loin, d'être un bateau de course, le catamaran préfère adapter sa vitesse pour rester autonome en énergie. Sa vitesse de croisière va avoisiner les 4 nœuds environ.
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Il suffit de quelques semaines pour installer les unités containérisées qui permettent de traiter 5 à 12 tonnes de déchets plastiques par jour.
Il suffit de quelques semaines pour installer les unités containérisées qui permettent de traiter 5 à 12 tonnes de déchets plastiques par jour.
Biogreen ou comment transformer les plastiques sauvages en énergie ?
Un procédé breveté, nommé Biogreen, permet par diverses réactions comme la pyrolyse, la torréfaction ou la gazéification, d’exploiter les pouvoirs calorifiques de matières comme la biomasse ou encore le plastique. La réaction de pyrolyse est provoquée par chauffage à haute température et en absence d’oxygène, d’une matière organique. Au-delà d’une certaine température, la matière se décompose chimiquement et se transforme en d’autres produits, des gaz, des liquides ou des solides. Le gaz est purifié, non toxique et peut être utilisé comme carburant dans des moteurs ou turbines afin de produire de l’électricité. Il est également possible d’extraire et de revendre directement des fractions d’hydrogène ou de méthane. Compactes, modulaires et mobiles, il suffit de quelques semaines pour installer les unités containérisées qui permettent de traiter 5 à 12 tonnes de déchets plastiques par jour.
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Une conférence publique de Marco Simeoni, sur le thème " Race for Water, l’Odyssée de l’espoir en lutte contre la pollution plastique des océans " aura lieu mercredi à 18 h 30 à l'Université de Polynésie.

le Lundi 8 Octobre 2018 à 16:24 | Lu 7645 fois