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L’île de Manus identifiée pour une nouvelle prison de haute sécurité


L’île de Manus identifiée pour une nouvelle prison de haute sécurité
PORT-MORESBY, mardi 21 mai 2013 (Flash d’Océanie) – Peter O'Neill, Premier ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a annoncé en fin de semaine dernière un nouveau projet visant à construite une nouvelle prison de hautes sécurité sur l’île de Manus, où se trouve déjà un centre de rétention pour des immigrants clandestins interceptés à destination de l’Australie.
Cette nouvelle prison, selon le Premier ministre papou, aurait vocation à héberger les criminels les plus endurcis, condamnés pour meurtres, viols et vols à main armée , rapporte lundi le quotidien The National.
Avantage, selon le chef de l’exécutif : le caractère insulaire et isolé de cet établissement rendrait plus difficiles les évasions, qui ne cessent de se produire dans les centres pénitentiaires actuels, y compris la prison de Bomana, tout près de la capitale Port-Moresby, ou celle de Beon (Madang).
Selon le projet dévoilé, il s’agirait aussi de la première prison gérée par une société privée, en sous-traitance, a précisé M. O’Neill, qui s’exprimait lors d’une session du Parlement national.
Cette annonce intervient quelques jours après la visite officielle en Papouasie-Nouvelle-Guinée de la Première ministre australienne Julia Gillard.
À cette occasion, des questions de sécurité nationale ont été évoquées, y compris un accord entre les deux pays concernant le retour en Papouasie-Nouvelle-Guinée de conseiller australiens dans le domaine de la police et le développement d’une coopération militaire bilatérale.
La question de la cohabitation sur la même île du centre de rétention pour immigrés (réactivé en octobre 2012 à la demande expresse de l’Australie) et de ce projet de prison de haute sécurité n’a pas encore été explicitement évoquée par le gouvernement local.

Mouvement national contre le crime

Les 13 et 14 mai 2013, à travers tout le pays, des manifestations ont eu lieu sous forme de protestations, manifestations et autres marches pacifiques, dans le cadre d’une action concertée en vue de sensibiliser la population aux violence faite aux femmes de cet État mélanésien et qui ont connu, ces derniers mois, une nouvelle vague de recrudescence.
Le mouvement intervenait aussi en réaction à une recrudescence plus générale de la criminalité dans cet État mélanésien de sept millions d’habitants.
M. O’Neill, interpellé par de nombreuses pétitions, s’était résolu à présenter ses excuses à la population tout en promettant de prendre des mesures fortes.
Ce dernier a notamment rappelé son intention de durcir les lois condamnant les violences faites aux femmes et d’abroger une vieille loi relative aux pratiques de sorcellerie, perçue comme étant désormais utilisée comme prétexte par des communautés pour montrer du doigt des femmes et les exécuter sommairement, comme ce fut le cas à plusieurs reprises depuis le début 2013.
L’une d’elles, une jeune mère d’un nourrisson, a été brûlée vive sur la place publique, sous les yeux d’une police impuissante.
Cette recrudescence a suscité une vive émotion et des réactions de la part de la communauté internationale, y compris le Haut-commissariat aux droits de l’homme de l’ONU ainsi que l’ONG Amnesty International, qui ont exhorté le gouvernement à prendre au plus vte des mesures pour endiguer ce phénomène.
Ce mouvement, baptisé « Haus Krai » (la maison des pleurs en pidgin mélanésien), intervient notamment en réponse à une prolifération de cas de violences faites aux femmes, non seulement dans le cadre conjugal, mais aussi en mode exécution de personnes publiquement accusées de pratiquer la sorcellerie.
Par ailleurs, plusieurs cas de viols collectifs ont été signalés ces dernière semaines, dont certains concernaient des femmes expatriées.
La dernière en date était une jeune chercheuse américaine.
Ce mouvement a aussi été relayé par les organisations de défense des droits des femmes de plusieurs pays de la région, dont l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Fidji, le Japon, la Malaise et les Philippines.


La peine de mort en voie de réactivation

Parmi les autres mesures évoquées par le gouvernement papou : la remise en vigueur de la peine de mort, qui fait toujours partie en théorie de l’arsenal juridique papou, mais qui n’a pas été pratiquée depuis des décennies.
Motif : la méthode préconisée par les textes, la pendaison, était jugée inappropriée.
De ce fait, une dizaine d’individus, condamnés à la peine de mort, sont toujours en souffrance.
Le débat étant maintenant relancé, les plus récentes suggestions de la part des politiques mentionnent, entre autre, une réactivation du processus pour les intéressés, par voie sot de peloton d’exécution, soit d’injection létale.

Nouvelle indignation de l’ONU

Ces annonces ont tout dernièrement provoqué de nouvelles réactions de la part de la communauté internationale, à commencer par le Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH).
Dans un communiqué vendredi 17 mai 2013, le HCDH considère les intentions papoues comme un « revers majeur » et a exprimé « sa vive préoccupation ».
La Haut commissaire Navi Pillay a également envoyé une lettre au Premier ministre O’Neill « l'exhortant à maintenir le moratoire et à faire partie du nombre croissant d'États membres qui ont aboli cette peine, dont 11 États du Pacifique », a précisé le porte-parole du HCDH, Rupert Colville, lors d'une conférence de presse à Genève.
La Papouasie Nouvelle-Guinée avait placé en 1954 un moratoire sur la peine de mort avant de voter une loi en 1970 prohibant son application, sans toutefois retirer cette peine de ses textes.
« La recrudescence des crimes violents en Papouasie Nouvelle-Guinée, tels que les viols, les actes de torture et les meurtres, pose, il est vrai, un défi considérable. Néanmoins, il n'a jamais été prouvé que la peine de mort soit plus dissuasive que d'autres sanctions pénales », insiste le porte-parole.


L’une des dernières suggestions en date émane du chef de la police de la province de Jiwaka (Hauts Plateaux), Simon Nigi : il n’a pas hésité à estimer qu’en guise de sentence, au lieu de l’exécution, les criminels endurcis devraient avoir « les bras coupés ».
L’officier de police a confié mi-mai 2013 au quotidien The National qu’il était personnellement opposé à la peine de mort, du fait de ses convictions chrétiennes.
« Dieu donne la vie et lui seul peut la reprendre, personne d’autre n’a ce droit de prendre la vie (…) Mais ces gens utilisent bien leur bras pour commettre leurs crimes. Et donc si on leur coupe, ils ne pourraient plus rien faire. Par exemple, si je laisse un pistolet chargé devant un criminel sans bras et que je quitte la pièce, quand je reviens, le pistolet n’aura pas bougé », a-t-il lâché.

Nouvelle cavale pour l’ennemi public numéro un

Entre-temps, l’un des criminels les plus dangereux du pays, William Kapris, auteur de plusieurs attaques de banques à main armée, s’est une nouvelle fois échappé du quartier de haute sécurité de la prison de Bomana (Port-Moresby) le 13 mai 2013, accompagné de trois comparses.
L’un d’entre eux, Michael Warangu, 24 ans, condamné pour meurtre, purgeait une peine de réclusion à vie.
Il a été abattu par la police, qui avait fait feu en réponse à des tirs du fugitif, a expliqué le superintendant Andy Bawa de la police de Port-Moresby.
William Kapris purgeait une peine de trente ans de prison.
Depuis son évasion, la police a procédé à plusieurs arrestations, y compris de surveillants au sein même de la prison de Bomana, soupçonnés de complicité.
Les évasions en masse de prisonniers des prisons papoues se sont aussi multipliées ces derniers mois.

Lors de ses précédentes évasions et subséquentes recaptures, notamment en avril 2010, Kapris avait eu à cœur d’impliquer les plus hautes sphères et d’affirmer que bon nombre des vols à main armées et attaques de banques à son compte, ces dernières années, avaient été « sponsorisées » par de politiques de haut rang.

Couvertures en très haut lieu ?

Ces propos avaient été tenus au cours d’interrogatoire avec la police, après sa recapture, et dont une bande vidéo présentée comme une fuite a ensuite été visionnée par les médias locaux, suscitant la colère de la police nationale.
M. Kapris, au cours de cet entretien filmé avec la police, allait plus loin encore en affirmant que les « liens » existaient aussi entre la classe politique papoues et les triades asiatiques, de plus en plus influentes dans ce pays et que son évasion de janvier 2010 aurait bénéficié d’un soutien financier en haut lieu.
William Kapris est soupçonné d’être l’organisateur de son évasion du 12 janvier 2010, avec onze autres prisonniers, qui avait eu lieu grâce à la complicité d’une jeune femme.
Cette dernière, dans un premier temps, avait réussi à se faire passer pour une avocate avant de s’introduire dans le quartier de haute sécurité pour y distribuer des armes.
Avant d’être repris, Kapris avait poussé l’audace, fin janvier 2010, jusqu’à intervenir en direct au cours d’une émission de radio pour demander au public de lui « pardonner ».

pad

Rédigé par () le Mardi 21 Mai 2013 à 06:14 | Lu 488 fois