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L'humoriste Jarry sur scène à Tahiti : "Venez rire, on en a besoin"


L'humoriste Jarry sur scène à Tahiti : "Venez rire, on en a besoin"
PAPEETE, 21 mars 2018 - Le comique Jarry présente son spectacle "Atypique", lors d'une soirée unique au Motu de l’Intercontinental Tahiti, le vendredi 30 mars prochain. Rencontre avec une étoile montante de la scène humoristique française.

Jarry est-ce que c’est la première fois que vous allez venir en Polynésie ?
C’est la première fois et je ne sais pas comment parler de mon excitation tellement je suis heureux. Il y a des mots comme ça, quand vous n’allez pas bien, quand vous n’avez pas d’énergie, on vous dit Polynésie et là vous avez de l’énergie, vous retrouvez le sourire.

C’est marrant justement cette volonté que vous avez eu on l’a vu dans vos vidéos, d’apprendre un peu de vocabulaire en tahitien. Vous êtes presque immergé ?
Alors je suis en train de faire plein de recherches pour adapter le spectacle un maximum. Parce qu’en plus, mon spectacle est pensé avec beaucoup d’interaction avec le public donc je veux absolument maîtriser les spécialités, les accents, les petits mots, les expressions rigolotes : j’ai vraiment envie de rencontrer les gens et je n’ai pas envie de passer à côté de ce rendez-vous.

On vous sait très amis avec l’animateur et producteur, Arthur, et sa femme Mareva Galanter. Est-ce qu’ils vous ont donné des conseils pour des endroits à visiter quand vous serai ici en Polynésie ?
Exactement, j’ai discuté l’autre jour avec Mareva et Arthur et ils m’ont donné plein d’endroits. A la fois des endroits touristiques qu’il faut voir et visiter. Et puis elle a aussi des endroits plus typiques, elle m’a même proposé les services de son frère qui vit encore sur l’île pour m’accompagner. Donc j’ai hâte.

Il n’est pas spécialement prévu qu’ils vous accompagnent quand vous serez là ?
Alors peut-être, qu’il y aura une surprise…

Vous en parliez tout à l’heure, votre spectacle s’adapte beaucoup à votre public, comment est-ce que vous décririez votre humour ?
Je dirais que j’ai un humour assez corrosif et surtout j’aime bien rire de tout sans choquer, sans me moquer des gens. Moi je pense que l’on est fait pour vivre ensemble et s’amuser ensemble. Je pense que j’ai un humour plutôt pour faire rire l’ensemble. C’est compliqué… Je dirais que j’ai un humour de pote comme si on était en soirée et que je vous faire rire quoi.

Et qu’est-ce qui vous a poussé justement à en faire votre métier, à faire de la scène à partir de cet humour-là ?
Ben en fait moi à la base je voulais vraiment être tragédien, j’avais pas du tout envie d’être humoriste. Et à chaque fois que je m’essayais à l’exercice de faire pleurer la salle, les gens étaient morts de rire. Donc on m’a très gentiment fait comprendre que j’avais plutôt une nature humoristique. Et la première fois que j’ai écrit un sketch c’était énorme parce que les gens ont rigolé et là je me suis que c’est exactement ça que je veux faire, c’est l’endroit où je veux être.

Est-ce que vous pensez parfois à revenir vers le drame ou vers d’autres registres ?
Ben j’aimerais bien (rires) mais il y a un petit passage dans mon spectacle où j’essaye d’être dans l’émotion et souvent les gens rigolent aussi alors je me dis que peut-être qu’il faut que j’exploite totalement, jusqu’au bout, le rire et après on verra si j’ai envie d’émouvoir.

On vous voit très souvent sur les plateaux télé, vous avez aussi fait de la présentation : est-ce que la télévision fait partie intégrante de votre carrière ?
Complètement ! Pour moi la télé c’est vraiment un moyen de m’exprimer et d’aller encore plus rapidement dans le salon des gens pour communiquer avec eux et rentrer en contact. Et ça va le devenir de plus en plus parce que je vais bientôt avoir ma propre émission sur TF1. Donc c’est vrai que c'est quelque chose auquel je porte une grande attention.

Votre spectacle Atypique, met en scène une recherche d’emploi. Est-ce que vous avez vraiment essayé tous ces métiers ?
J’ai vraiment essayé tous ces métiers parce que je ne voulais pas être dans la caricature. J’avais vraiment envie de savoir si j’étais capable de tout jouer et de tout faire. Du coup pour moi ça a été une super expérience. Quand j’ai testé le métier de boucher, de maître-nageur, de policier, ça m’a permis de comprendre un peu la passion des gens et puis de découvrir plein de choses de moi.

Et comment on s’entraine avec le GIGN ?
Eh bien on appelle le responsable de la police de Paris pour une immersion pendant trois jours : on lui explique que l’on est humoriste et que l’on a envie d’écrire un sketch sur le GIGN sans être dans la caricature. Et ça a été des super-rencontres. Ils ont beaucoup rigolé hein : on ne va pas se mentir (rires).

Et les gens étaient assez ouverts à cette démarche-là ou y en a-t-il qui vous ont fermé des portes ?
Eh bien honnêtement j’ai eu très peu de portes fermées. Les gens étaient plutôt contents que l’on s’intéresse à eux. Et de toute façon je leur avais dit "si dans l’écriture du sketch, il y a quelque chose qui vous gêne je le retire. Je ne veux pas vous vexer. Je ne veux surtout pas vous manquer de respect parce que c’est avec beaucoup de respect que je viens découvrir ces métiers-là".

Et est-ce que toutes ses expériences vous ont appris des choses sur vous-même ou vous ont donné une leçon peut-être plus générale ?
Ça m’a appris à déconstruire les caricatures. C'est-à-dire que quand j’ai testé le métier de boucher je ne m’attendais pas à rencontrer des gens aussi passionnés, qui ont envie de trouver le bon morceau de viande pour satisfaire la clientèle. J’ai appris plein de chose, j’ai appris que l’habit ne fait pas le moine. Dans les endroits où je pensais être à l’aise j’ai souvent été en échec. Et dans les endroits où je pensais être en échec, j’ai souvent trouvé la force de réussir. Donc c’est ça : ça m’a surpris. C’est ce que je dis dans mon spectacle : on s’en fou en fait du résultat ce qui est important c’est le chemin.

Du coup c’est un peu le message que vous faites passer par votre spectacle ?
Complètement, et c’est pour cela que lors de ma venue à Tahiti j’ai envie de prendre des cours de danse ; j’ai envie de parler avec les pêcheurs ; j’ai envie d’aller à la rencontre de choses que je connais pas parce que ce métier n’a de sens pour moi que si il y a une rencontre, s'il y a un échange entre nous. Et pour moi ça c’est vraiment important.

Et c’est quelque chose que vous faites à chaque fois, pour chaque région où vous allez avant chaque spectacle ?
Complètement, quand je vais jouer dans le Nord de la France je vais m’intéresser à l’accent, à la gastronomie ; je vais m’intéresser aux expressions. Et là par exemple, ce soir j’ai joué à Troyes et c’était rigolo parce que j’ai appris encore plein de choses sur cette région.

Votre spectacle tourne depuis 2013 et il fait encore salle comble. Qu’est-ce-qui plait selon vous ? Qu’est-ce qui fait que sa marche et que les gens sont réceptifs à tous ce que vous leur dites ?
Je pense que c’est un spectacle d’humour dont on n’a pas l’habitude. Je veux dire : ce n’est pas une suite de sketchs. C’est une histoire de 1 heure 40 où il y a environ 30 minutes d’improvisation chaque soir. Le public est très important dans la construction de l’histoire puisqu’il participe énormément. Je suis à la fois sur scène mais aussi dans la salle. Il y a de la danse. Il y a du chant. Il y a du stand up. Il y a du sketch. Il y a du personnage. Il y a vraiment plein de choses et en plus je crois que c’est un spectacle tout public que l’on peut vivre en famille.

Est-ce que vous avez un mot pour le public polynésien ?
Ce que j’aimerais lui dire c’est que pour moi c’est une vraie fierté de venir pour jouer mon spectacle. J’ai envie de partager avec lui quelque chose et écrire un morceau d’histoire pour que ce soit quelque chose d’exceptionnel parce que la Polynésie c’est loin et on en parle depuis que l’on est tout petit. On se dit "un jour j’irais" et là je viens et j’ai vraiment envie d’être à la hauteur de la rencontre. Et puis j’ai envie de dire surtout aux polynésiens, venez rire parce que plus que jamais on en a besoin et c’est un spectacle où l’on se rencontre vraiment.

Rédigé par Propos recueillis par A.S. (Radio 1) le Mercredi 21 Mars 2018 à 10:42 | Lu 1326 fois