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L'association des familles catholiques contre la PMA pour tous


Tahiti, le 7 juillet 2021 – Pour l'association des familles catholiques, la loi de bioéthique adoptée en métropole permettant aux couples de femmes d'avoir recours à la procréation médicalement assistée créé juridiquement des orphelins de père. Aussi, l'association considère la "banalisation" de la contraception d'urgence pour les mineures sans obligation du consentement parental comme nuisible à la cohésion familiale, incitant une irresponsabilité généralisée. 
 
Deux lois ont interpellé l'association familiale catholique (AFC), qui considère qu'elles portent atteinte à l'intégrité de la famille. La première a été adoptée en métropole, le 29 juin dernier. Dans un premier temps rejeté par le Sénat, elle a finalement été validée par l'Assemblée nationale. Il s'agit de la loi bioéthique visant à étendre la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes seules, "privant l'enfant de toute filiation parentale", selon l'AFC.
 
Le droit de l'enfant avant le droit à l'enfant
 
Concernant la loi bioéthique, l'association familiale catholique souhaite alerter les pouvoirs publics polynésiens des dangers que représentent l'accès à la PMA pour tous. "Est-ce un droit de priver délibérément des enfants d'avoir un père ?", s'interroge l'association. Pour l'AFC, ce projet de loi représente un abus de pouvoir de l'adulte sur les enfants. "Nous nous disons que si l'amour n'est pas le respect du plus petit, alors c'est un mensonge. Si l'amour n'est pas le respect des droits de l'enfant, alors c'est de la tyrannie. Pour nous, le droit à l'enfant ne passera jamais avant les droits de l'enfant". Pour les membres de l'AFC, la compassion n'existe pas dans le fait de "produire par la loi des orphelins de père".
 
"Pour nous, un enfant doit avoir un père et une mère", déclare Georges Daviles-Estines, vice-président de l'AFC. Ce dernier explique que les enfants naissant par PMA cherchent systématiquement à savoir qui est leur père une fois qu'ils prennent conscience qu'ils en ont un, à l'adolescence. "Il y a une quête de la filiation paternelle, un vide existentiel". "Évidemment, un enfant née par PMA peut être tout à fait heureux et nous en sommes nous aussi heureux, mais ce n'est pas la question", avance Georges Daviles-Estines. La question serait plutôt : "Est-ce qu'on peut créer des orphelins par la loi ? On s'oppose à ce que la loi soit modifiée au détriment de l'enfant".
 
La filiation d'intention
 
Après les filiations biologiques et d'adoption, la loi permet donc la filiation d'intention. "Il suffit de désirer un enfant pour avoir accès à un enfant", se désole les membres de l'AFC. "Tout le monde veut un enfant. Nous ne jugeons pas les couples de femmes qui en désirent un". L'association souhaite défendre les enfants. "Nous affirmons que l'enfant possède lui aussi un droit fondamental, celui d'avoir un père et une mère".
 
L'association souhaite également prévenir des conséquences que cette loi pourrait créer, notamment vis-à-vis de la légalisation de la gestation pour autrui (GPA), "c'est la location d'un ventre et aller encore plus loin dans la marchandisation des corps. On se dirige tout droit vers la question de savoir comment deux hommes vont s'y prendre pour avoir un enfant. Ça sera forcément en faisant appel à une mère porteuse".
 
Le statut polynésien
 
En octobre 2019, l'AFC avait proposé un amendement afin de retirer la Polynésie française de l'application de la loi bioéthique par ordonnances en s'appuyant sur différents articles. "En Europe, peut-être qu'ils veulent cette loi, mais est-ce que c'est le cas en Polynésie française ? Du fait de notre statut en tant que territoire, nous avons le droit de décider localement de l'application ou non de cette loi", affirme Marc Frémy, membre de l'AFC.
 
L'association s'appuie sur la constitution de la Ve République, plus précisément sur l'article 94 fixé par la loi organique du 27 février 2004, qui inscrit la Polynésie française comme étant une collectivité territoriale d'outre-mer régie par un statut particulier. Le titre III, chapitre 1er, article 14 de cette loi organique définit "les matières" relevant de la compétence de l'État, dans lesquelles ne figure pas le domaine de la santé, qui de ce fait, relève de la compétence de la Polynésie. "Or, le projet de loi bioéthique vise des modifications du Code de santé publique français métropolitain qui ne sont pas applicables en Polynésie française. Donc l'État ne peut pas nous imposer la loi", expose Marc Frémy. "Il ne peut le faire que d'une manière détournée, en sautant par-dessus le statut, et nous l'imposer par ordonnance. L'APF aura un avis a donné concernant ce point et c'est là que l'on voudrait que les élus, le gouvernement et le Cesec interrogent la population, car nous avons les articles de statut qui nous permettent d'accepter ou de refuser la PMA".

Une loi "anti-famille"

Adoptée par l'APF le 24 juin dernier, la loi concernant l'autorisation du recours à l'intervention volontaire de grossesse (IVG) et à la contraception d'urgence pour les mineures, sans obligation du consentement parental ne plait pas à l'AFC. "Cette loi est anti-famille, car elle envoie deux messages qui nuisent à la cohésion familiale et qui incitent à l'irresponsabilité généralisée".

Pour l'association, le premier message serait perçu par les parents. "Puisque l'obligation du consentement parental ne sera pas nécessaire, leur rôle d'éducateur s'en trouvera affaibli, voire annulé. Il ne faut pas s'étonner si à cause de ce genre de loi, les incivilités augmentent dans la rue et à l'école". Selon l'AFC, le deuxième message serait accueilli par les jeunes eux-mêmes qui, sachant qu'ils sont couverts par l'IVG assimilée à la contraception, vont s'adonner au "vagabondage sexuel" sans craintes. "Il est faux de penser que la contraception d'urgence diminue les grossesses non désirées. Les comportements à risques ne peuvent qu'augmenter les grosses surprises et ainsi les avortements. En pilotant de telles lois, les élus pensent appuyer sur le frein, alors qu'ils appuient sur l'accélérateur."

Rédigé par Etienne Dorin le Mercredi 7 Juillet 2021 à 19:25 | Lu 2655 fois