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L'armée honore ses blessés


PAPEETE, le 24 juin 2018 - A l’occasion de la journée nationale en hommage aux soldats blessés qui a eu lieu ce vendredi, les militaires du Rimap et du RSMA se sont réunis à la pointe Vénus. Ils ont effectué plusieurs démonstrations en présence des parents d’Albéric Riveta qui ont tenu à témoigner du soutien que leur a apporté l’armée depuis le décès tragique de leur fils au Mali le 17 juin 2017.

Pour honorer ses blessés, l’armée de terre a tenu à organiser une journée ponctuée par différents discours et démonstrations ce vendredi à la Pointe Vénus. Les effectifs du Rimap et du RSMA ont organisé un relais de vaa’a durant toute la matinée. Plus tard dans la journée, le public a pu assister à des simulations mettant en scène la prise en charge d’un soldat blessé durant un combat.

Parents Inconsolables

En ce jour d’hommage, les parents d’Albéric Riveta ont tenu à être présents et à témoigner du précieux soutien qui leur a été apporté par l’armée et notamment par le contre-amiral Denis Bertrand. La mère du jeune militaire décédé au mali le 17 juin 2017 reste inconsolable : « c’est encore très dur, ça fait toujours mal mais Denis (Denis Bertrand - commandant des Forces armées en Polynésie française) ne nous a jamais lâchés. Notre fils nous manque beaucoup mais je n’en veux à personne car c’était son choix. Je lui disais de faire attention, il me répondait de ne pas m’inquiéter car c’était ce qu’il appelait « les risques du métier. » Le père d’Albéric Riveta explique quant à lui qu’il leur faut continuer de vivre : « un an après, on a l’impression de revivre sa disparition une deuxième fois. Mais l’on a nos enfants et nos petits-enfants. Je m’accroche à ma famille car je sais que cela aurait été le souhait de mon fils. »

Frédéric Sol, directeur de cabinet du RSMA : « l’armée de terre est une grande famille. »

Quel est le but de cette journée ?

« Le chef de l’état-major de l’armée de terre a voulu instituer cette journée pour montrer aux militaires, à leurs familles mais également à l’ensemble de la population que l’armée de terre était une grande famille et que l’on ne laissait jamais tomber personne. »

Lorsqu’un militaire est blessé, comment l’accompagnez-vous ?

« Il y a tout d’abord l’accompagnement étatique : une personne blessée est prise en compte par l’institution et hospitalisée. Une fois que sa blessure est stabilisée, il se peut que la vie de ce militaire connaisse de grands changements. Ces derniers sont toujours présents et souvent énormes. Pendant parfois des semaines d’hospitalisation, les familles se retrouvent démunies. Il y a toutes les choses du quotidien à prendre en charge seul pour le ou la conjointe du blessé, il y a l’affection qui manque. Nous avons heureusement deux associations, l’ADO (Association pour le développement des œuvres d’entraide dans l’armée) et Terre Fraternité, qui font le lien entre la partie étatique et le reste pour aider les familles afin qu’elles soient la force réelle du blessé. Si l’on veut que ce dernier se rétablisse, il faut impérativement que l’on donne un coup de pouce aux familles, qu’il soit matériel, financier ou moral. »

Syndrome post-traumatique : « des années après, le goût du sang dans la bouche »

Le 18 août 2018, dans l’embuscade d’Uzbin en Afghanistan, huit soldats français sont tués par les talibans. Depuis l’attentat du Drakkar à Beyrouth en 1983, l’armée française n’avait pas connu de bilan aussi lourd en une seule fois. Dix ans après cette embuscade meurtrière, Gaetan, qui était alors engagé dans les rangs de l’armée de terre en Afghanistan, reste profondément traumatisé : « on ne peut pas oublier. Après les faits, il déjà difficile de soi-même se rendre compte que l’on est atteint du syndrome post-traumatique. Ça agit sur la famille, sur le travail, sur toute notre vie. Avec les militaires de ma section, nous avons perdu nos repères. Dix ans après, on a encore le goût du sang dans la bouche, on entend encore les tirs. Il y a des jours où ça va et d’autres où c’est plus douloureux. »





Rédigé par Garance Colbert le Dimanche 24 Juin 2018 à 08:35 | Lu 2298 fois