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L'armée cherche des fournisseurs locaux


L'amphi de la CCISM était rempli d'entrepreneurs intéressés par les procédures d'achat de l'armée, qui dépense 10 milliards de francs par an en Polynésie.
L'amphi de la CCISM était rempli d'entrepreneurs intéressés par les procédures d'achat de l'armée, qui dépense 10 milliards de francs par an en Polynésie.
PAPEETE, le 8 mars 2016 - Lors d'une rencontre entre les services d'approvisionnement de l'armée française et les entreprises polynésiennes, les patrons locaux ont pu découvrir les nouvelles procédures à suivre et la philosophie qui guide les 10 milliards de francs d'achats annuels de la Défense en Polynésie.

Les dépenses de la Défense en Polynésie française sont conséquentes. Autour de 10 milliards de francs, dont la plus grosse partie ira alimenter le chiffre d'affaires. Ces achats couvrent tous les domaines, du matériel, des équipements, du service, des prestations intellectuelles, des logiciels… Rien qu'en alimentaire, les dépenses tournent autour de 150 millions de francs par an. Mais l'armée passe aussi des achats pour des pièces à quelques milliers de francs, auprès de tous petits fournisseurs.

C'est pour cela qu'elle organisait en février une conférence dans le grand amphithéâtre de la CCISM, où tous ses fournisseurs habituels ou potentiels, trouvés parmi les membres de la Chambre de commerce, étaient invités. Elle s'intitulait "L'Armée achète en 2016", et était l'occasion pour les entreprises de découvrir les nouveaux fonctionnaires à la tête de la direction des achats de la défense en Polynésie, mais également les nouvelles procédures.

UN SITE INTERNET POUR TOUS LES ACHATS PUBLICS

Une grosse innovation dans le petit monde de l'achat public a particulièrement intéressé : le site PLACE, accessible sur www.marches-publics.gouv.fr. Il regroupe les marchés publics de toutes les administrations, à travers toute la France. Pour l'instant, un seul appel d'offre est disponible pour la Polynésie. Mais il devrait rapidement monter en puissance au fur et à mesure que l'outil se répand à travers les administrations.

Les petites entreprises présentes, qui écoutaient avec approbation les assurances de transparence et d'ouverture aux TPE et PME faites par les officiers présents, avaient également beaucoup de questions. Beaucoup tournaient autour des mesures prises pour assurer l'équité des marchés : lutte contre le dumping ou l'abus de position dominante, s'il était possible de déposer des échantillons pour démontrer sa qualité supérieure… Mais aussi des questions très pratiques, par exemple savoir quand l'armée acceptera de payer par internet, ou les détails de la procédure d'inscription à PLACE avec un numéro TAHITI au lieu d'un numéro SIREN.

Au final les chefs d'entreprises étaient ravis, et ont pu rencontrer les nouveaux acheteurs de l'armée lors d'un cocktail plus informel en fin de conférence… L'occasion de poser leurs questions à l'abri des oreilles de leurs concurrents directs. Et pour ceux qui l'ont ratée, la CCISM a toujours les slides de la présentation, ou alors il suffit de prendre contact avec la direction des achats de la Défense à l'adresse [email protected].


Commissaire en chef Jean-Jacques Perry

Que s'est-il passé ce soir ?
"Ce soir nous avons organisé une réunion à destination de l'ensemble des prestataires de service et de des entreprises, grandes, moyennes ou petites, pour informer sur les différents achats de la Défense, que ce soit pout yout ce qui est prestation de service, matériel, ésquipement, et également cette année la nouveauté a été d'intégrer la direction d'Infrastructure, pour présenter à la fois les achats sur le Fenua, les principes de la commande publique, présenter les grands achats qui vont avoir lieu en 2016, et surtout créer un échange pour pouvoir répondre à leurs différentes questions, que ce soient les achats, les procédures, tout y est passé ce soir."

Est-ce que c'est compliqué de travailler pour l'armée ?
"Forcément je vous dirai que non ! Mais effectivement, les exigences de la commande publique font qu'il est nécessaire de répondre à différentes exigences en termes de production de documents… Mais c'est vraiment ouvert à toutes les entreprises de Polynésie, petite comme grandes. Toutes ont leur place, même si au vu de la pratique une majorité des entreprises sont des PME locales. On ne travaille beaucoup avec de grandes entreprises venues de l'étranger, à la fois pour des questions de réactivité, de connaissance du terrain, et même de coûts."

Vous avez répété lors de la présentation que vous voulez vraiment favoriser les entreprises locales.
"Oui effectivement. On sait que l'Etat avec la Défense est un acteur important de l'économie du Fenua pour la soutenir et participer à son développement. C'est pourquoi nous avons l'intention de contracter avec des PME du Fenua, mais ça se fait naturellement. Nous sommes spoumis aux règles du marché public, à savoir assurer la liberté et l'égalité de l'accès à la commande publique, et ça ça passe par des procédures qui sont certes assez précises, voire un peu lourdes pour de toutes petites entreprises, mais qui sont nécessaires. Ca vaut le coup au final parce que ça assure l'égalité. Et l'armée est un très bon payeur !"



Jean-Marc Picard, de la société Anthea Electricité
"Nous sommes sur le Territoire depuis 17 ans, et 15 ans que l'on travaille avec l'armée. J'étais surtout là pour voir les nouvelles têtes. Du coup je n'ai pas appris grand-chose… Si, à part une très bonne chose, la mise en place du site internet pour les marchés publics. Pour les appels d'offre certains ne paraissent qu'une fois le samedi. Là on pourra s'inscrire et on ne ratera aucune offre."



Benoit Gumez, Fenua Service Import
"Nous sommes une entreprise toute neuve sur la Polynésie, qui importe des pièces détachées automobiles. Pour l'instant c'est une entreprise individuelle… Et j'en discutais avec l'un des officiers présents, le capitaine de Frégate Luc Belleau, pour l'entretien des véhicules de la DID. Eux ils fonctionnent avec des contrats d'entretiens signés lors de la vente, dans le cadre de la garantie des véhicules. Mais en dehors de ce cadre, ils ont toute une palette de prestataires, dont je serais heureux de faire partie. Pour comprendre toute les procédures, il fallait vraiment être là aujourd'hui. Maintenant je pense que les appels d'offre ce ne sera pas vraiment pour moi, mais il peut tout de même y avoir une place pour moi. Ce fut une soirée productive !"


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mardi 8 Mars 2016 à 18:29 | Lu 3500 fois