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L’angoisse couve chez Sabena Technics


Tahiti, le 21 avril 2021 - Avec la perte du marché de maintenance aéronautique des Gardian de la Marine nationale et l’incertitude concernant la poursuite du marché de l’entretien des Casa de l’armée de l’Air, les 96 employés de Sabena Technics vivent sous la menace d’une perte d’emploi fin juin.
 
Comme au niveau national, l’antenne polynésienne de Sabena Technics misait quelques espoirs dans l’issue du recours engagé par la maison mère de la société pour contester l’attribution de la maintenance aéronautique des Gardian de la Marine nationale au Suisse Jet Aviation. La décision est tombée le 16 avril. Le recours est rejeté. Dans cette filiale du groupe TAT, en charge de cet important marché de maintenance aéronautique depuis le milieu des années 1990 à Tahiti, 96 d’emplois sont aujourd’hui sur la sellette : 35 sont directement menacés de licenciement ; les autres gardent l’espoir d’être repris. Et l’essentiel de ces postes sont des recrutements locaux. Seuls neuf sont occupés par des expatriés. “Rien n’est clair en ce moment”, commente un des représentants syndicaux de l’entreprise. “Tout le monde est susceptible d’être licencié”.
 
L’antenne locale de Sabena Technics s’occupe de la maintenance des cinq Falcon Gardian de la Marine nationale positionnés dans la zone Pacifique, pour intervenir en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie.
Selon nos informations, Jet Aviation prévoit de centraliser la gestion administrative de son activité dans le Pacifique depuis l’Hexagone. Cela concerne le service des finances, celui des ressources humaines, l’informatique, l’assistance juridique, l’approvisionnement. Ces services administratifs sont actuellement gérés par la filiale locale de Sabena Technics. Avec leur externalisation, près de 20 emplois sont directement menacés à Tahiti.
Alors que Sabena Technics emploie une trentaine de techniciens pour les opérations de maintenance des Gardian de la Marine nationale, Jet Aviation a déjà prévu de ne créer que 25 postes, sans garantie de réembauche pour les actuels techniciens. Idem pour la Nouvelle-Calédonie : pour les 15 postes de technicien employés par Sabena Technics sur la plateforme de Tontouta, le nouveau prestataire ne prévoit que six emplois.
 
De l’espoir avec les Casa
 
L’espoir pour les employés actuels encore en sursis réside donc dans une réembauche par Jet Aviation. Mais rien ne l’assure et dans le personnel l’inquiétude couve alors qu’aucune information ne filtre dans l’entreprise. “Les salariés sont inquiets. Ils ne savent pas trop qui sera licencié, s’il y aura des propositions de transfert et pour qui”, déplore cet autre délégué syndical. “On ne sait rien. La direction nous dit que c’est trop tôt. Ils manquent d’éléments.”
On approche de fin juin et on ne sait toujours pas à quelle sauce on va être mangé ”, nous explique un de ses collègues. “On attend que la direction nous propose un projet de plan social”. Trois réunions ont déjà été provoquées par les délégués du personnel pour obtenir des réponses depuis début avril. “On nous a juste expliqué que ce plan respecterait le code du travail et la convention collective de l’aéronautique. On a l’impression que l’on nous prend pour des bourriques.”

Ils sont nombreux dans l’entreprise à miser sur la poursuite du marché de l’entretien des Casa de l’armée de l’Air. Sabena Technics s’occupe en effet des quatre aéronefs positionnés dans la zone Pacifique, entre Tahiti et le la Nouvelle-Calédonie. Un marché géré en sous-traitance pour EADS qui prend également fin le 30 juin. Il fait l’objet d’un autre appel d’offres. Dans l’entreprise, on se raccroche à l’espoir qu’il soit reconduit avec Sabena Technics. 40 emplois pourraient être préservés. La réponse sera connue mi-juin.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 21 Avril 2021 à 19:27 | Lu 5296 fois