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L'Union européenne annonce une aide d'un milliard d'euros pour l'économie du Liban


Crédit ANWAR AMRO / AFP
Crédit ANWAR AMRO / AFP
Beyrouth, Liban | AFP | jeudi 02/05/2024 - La présidente de la Commission européenne a annoncé jeudi à Beyrouth une aide d'un milliard d'euros pour soutenir la "stabilité socio-économique" du Liban, tout en appelant ce pays en crise à coopérer dans la lutte contre l'immigration clandestine.

L'Union européenne (UE), qui fait face à une hausse des demandes d'asile, a récemment passé des accords avec la Tunisie, la Mauritanie et l'Egypte, pour tenter de réduire le nombre d'arrivées à ses frontières.

Les fonds européens seront "disponibles à partir de cette année jusqu'en 2027. Nous voulons contribuer à la stabilité socio-économique du Liban", a déclaré Ursula von der Leyen à Beyrouth.

Accompagnée par le président chypriote, Nikos Christodoulides, elle a dit "compter sur une bonne coopération" de Beyrouth dans la lutte contre l'immigration clandestine vers l'Europe depuis les côtes libanaises.

Elle a indiqué que l'UE soutiendrait l'armée et les forces de sécurité libanaises, principalement avec des "équipements et la formation au contrôle des frontières". 

L'aide au Liban, sous forme de subventions, sera répartie à hauteur de 736 millions d'euros pour l'aider à faire face à la crise syrienne et ses conséquences, selon Peter Stano, porte-parole de l'UE pour les Affaires étrangères. Les 264 millions restants seront alloués à la coopération bilatérale pour l'aide aux forces de sécurité principalement.

Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 et qui dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens, soit le plus important ratio par habitant au monde, n'a de cesse d'exhorter la communauté internationale à les rapatrier, les armes s'étant tues dans plusieurs régions syriennes.

De nombreux migrants entrent au Liban depuis la Syrie, souvent dans l'espoir d'émigrer vers l'Europe.

"La réalité actuelle de cette question est devenue plus grande que la capacité du Liban à la traiter", a déclaré le Premier ministre, Najib Mikati, lors d'une conférence de presse en présence de Mme von der Leyen et de M. Christodoulides. 

"Nous renouvelons notre demande à l'UE (...) d'aider les personnes déplacées dans leur pays d'origine, pour les encourager à rentrer volontairement", a-t-il poursuivi, en mettant en garde "contre le fait que le Liban se transforme en pays de transit de la Syrie vers l'Europe".

Les migrants, demandeurs d'asile et réfugiés qui quittent le Liban par bateau se dirigent souvent vers Chypre, le pays de l'UE le plus proche des côtes du Moyen-Orient.

"Les problèmes à la frontière chypriote ne sont qu'un exemple de ce qui pourrait arriver si cette question n'était pas résolue de manière radicale", a averti M. Mikati.

"Problème de longue date"

Chypre, qui fait état d'une augmentation des arrivées de ressortissants syriens, estime que la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, qui a déclenché des violences à la frontière israélo-libanaise, a affaibli les efforts de Beyrouth pour empêcher les départs.

De janvier à avril 2024, plus de 40 bateaux transportant environ 2.500 personnes ont accosté à Chypre, a indiqué à l'AFP le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

"Je suis conscient que nous ne pouvons pas continuer comme si de rien n'était, que ce problème de longue date doit être abordé de manière efficace et décisive", a déclaré M. Christodoulides. "La situation actuelle n'est pas viable pour le Liban, pour Chypre, pour l'UE".

Il s'est dit convaincu que l'aide annoncée jeudi "renforcera la capacité des autorités libanaises" à contrôler les frontières terrestres et maritimes.

Depuis que l'armée syrienne a repris le contrôle de la plus grande partie du pays, certains pays d'accueil, dont le Liban, exercent des pressions pour renvoyer les réfugiés.

Mais les défenseurs des droits humains mettent en avant le risque de possibles arrestations arbitraires et actes de torture à leur retour.

Dans un communiqué, huit ONG, dont Amnesty et Human Rights Watch (HRW), ont mis en garde jeudi contre le retour forcé des réfugiés en Syrie "tant que les conditions d'un retour sûr, volontaire et digne ne seront pas réunies".

"L'aide de l'UE visant à permettre ou à encourager les retours vers la Syrie risque d'entraîner des retours forcés de réfugiés, rendant le Liban et l'UE complices de violations du principe de non-refoulement", indique le communiqué.

Depuis des années, les réfugiés syriens au Liban sont soumis à diverses pressions, les autorités considérant que leur présence a accéléré l'effondrement économique du pays.

le Jeudi 2 Mai 2024 à 07:09 | Lu 312 fois