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L'OPT en 2019 : 1 milliard de perte et 750 millions de litige


Tahiti, le 16 janvier 2022 - Les comptes 2019 du groupe OPT ont été approuvés par la commission permanente de l’assemblée de la Polynésie française (APF). Ils font état d’un déficit consolidé de près de 950 millions de Fcfp. Le rapport soumis aux représentants de l’APF évoque le litige depuis 2004, toujours non résolu, avec la société Sofrecom, qui a déjà coûté près de 750 millions de Fcfp à l’OPT.

Les comptes consolidés du groupe OPT pour l’année 2019, qui présentent un déficit de 936,7 millions de Fcfp, ont été approuvés par la commission permanente de l’APF. Le document soumis à l’approbation des élus rappelle que le litige avec la société Sofrecom, qui a donné lieu à des condamnations pénales, n’est toujours pas résolu.
 
Perte de près d’un milliard
 
Les comptes du groupe OPT de 2019 consolident le résultat de l’activité de l’établissement public et de ses filiales, notamment les SAS Fare Rata, Onati, Vini Distribution et Tahiti Nui Telecom et les autres entreprises dans lesquels l’établissement a des participations. Une “image globale” du groupe qui permet d’apprécier sa santé d’autant qu’il s’est réorganisé le 1er janvier 2019 pour développer des synergies. Une réorganisation pas encore digérée. Bénéficiaire en 2018 à hauteur de 221 millions de Fcfp, le groupe affiche l’année suivante un déficit de 936,7 millions de Fcfp avec notamment des charges d’exploitation en hausse de 3%. Concurrence oblige, le chiffre d’affaires du groupe OPT a légèrement flanché dans les domaines où la compétition fait rage. Ainsi, le chiffre d'affaires net dégagé par le groupe sur les services et produits de communication, qui s’établissait à 16,1 milliards de Fcfp en 2019, a baissé de 240 millions de Fcfp par rapport à 2018. Idem pour les services et produits audiovisuels où le chiffre d'affaires est en recul de près de 140 millions de Fcfp, passant de 1,377 à 1,240 milliards. Le développement des plateformes de streaming comme Netflix ou Primevideo a probablement réduit l’intérêt de souscrire aux offres de TNS.
 
Sofrecom si de rien n’était
 
En décembre 2004, l’OPT sélectionnait la Sofrecom pour le remplacement du système d’information (SI) commercial et de facturation. Un marché qui était passé à la moulinette de la Chambre territoriale des comptes qui relevait un choix fait “en contradiction avec l’avis de la commission de dépouillement des offres, qui soulignait l’inadéquation de cette offre par rapport au cahier des charges”. Une offre qui s’établissait par ailleurs à 627 millions de Fcfp, soit 30% plus chère que les concurrents. Or, le rapport sur les comptes 2019 précise que “la mise en exploitation complète du SI n’ayant jamais été réalisée, différentes actions et solutions ont été menées jusqu'en 2014 qui ont notamment porté sur un éventuel règlement amiable”. Sur la période, l’Office a dû supporter 119 millions de Fcfp d’investissements informatiques pour pallier le manque. Après avoir tenté un accord amiable pendant une décennie pour récupérer les sommes versées, l’OPT a lancé une procédure contentieuse en 2014 au tribunal mixte du commerce de Paris. Sans vraiment plus de succès. Une première audience devait se tenir en mars 2020, repoussée en novembre pour cause de crise sanitaire. Une procédure retardée pendant laquelle “les conseils de Sofrecom se sont rapprochés des conseils de l'OPT afin d'envisager une transaction”, conduisant à un report de l’audience au tribunal. “Les négociations en vue d'une transaction sont toujours en cours”. Quasiment deux décennies plus tard, l’OPT ne semble pas très empressée de récupérer ses sommes.
 

Rédigé par Sébastien Petit le Dimanche 16 Janvier 2022 à 18:37 | Lu 3941 fois