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L’Australie et la Nouvelle-Zélande dévoilent leur nouvelle alliance militaire stratégique


L’Australie et la Nouvelle-Zélande dévoilent leur nouvelle alliance militaire stratégique
CANBERRA, jeudi 26 avril 2012 (Flash d’Océanie) – Stephen Smith, ministre australien de la défense, et son homologue néo-zélandais Jonathan Coleman ont profité du Jour de l’ANZAC commémorant le corps expéditionnaire australo-néo-zélandais sur de nombreux théâtres de guerre, depuis la première guerre mondiale, pour dévoiler ce qui devrait servir de livre blanc aux relations militaires entre ces deux pays, alliés de longue date.

Au cours d’une rencontre mardi 24 avril 2012, MM. Smith et Coleman ont réaffirmé leur engagement en faveur d’une alliance forte entre els deux puissances régionales et riveraines du Pacifique.
Ce livret, qui constitue une version amendée du manuel guidant les relations de défense entre Canberra et Wellington, est sous-tendu par les principes de collaboration étroite et d’interopérabilité entre les forces de ces deux pays, sur des terrains régionaux d’entraînement et de manœuvres, mais aussi sur des théâtres régionaux de maintien de la paix et de stabilisation comme par exemple aux îles Salomon dans le cadre de la Mission Régionale d’Assistance (RAMSI, sous mandat du Forum des Îles du Pacifique) ou encore au Timor oriental (sous mandat de l’ONU).
Le rapport est accessible en anglais à l’adresse suivante :
http://www.defence.gov.au/review/ausnzrelationship/index.htm

Depuis l’an dernier, les ministres australien et néo-zélandais de la défense, ainsi que leurs premiers ministres respectifs, multiplient les déclarations en faveur d’une renaissance de l’esprit ANZAC, matérialisée par plusieurs projets concrets et régionaux.
L’n de ces projets concerne, depuis fin décembre 2011, la mise en place d’un dispositif australien de veille et de préparation dans l’éventualité d’une catastrophe naturelle touchant des pays voisins du Pacifique, en collaboration avec une liste d’organisations non-gouvernementales partenaires.
Dans le cadre de cet accord de « partenariat humanitaire », Canberra a ainsi versé 10,5 de millions de ses dollars en direction de plusieurs ONG, qui interviennent régulièrement dans la région, comme Care, Caritas, Oxfam, Plan International, Save the Children et World Vision, précise le gouvernement dans un communiqué qui rappelle aussi qu’en la matière, les mots d’ordre sont « rapidité » et « réponse coordonnée » face à des situations d’urgence.
« Ces ONG partenaires ont été préqualifiées et elles ont une expérience prouvée dans la fourniture d’aide humanitaire internationale », précisait alors le gouvernement australien.
Les sommes débloquées en leur faveur par le gouvernement australien devraient permettre à ces ONG de restocker et de prépositionner des stocks de matériel d’urgence, en prévision d’une éventuelle intervention urgente dans le Pacifique.
Dans ce genre de situation, par ailleurs, les armées australienne, néo-zéandaise et française (via les collectivités du Pacifique et en particulier la Nouvelle-Calédonie) sont signataires depuis fin 1992 d’un accord dit « FRANZ » qui prévoit aussi une aide coordonnée aux populations insulaires océaniennes touchées par des catastrophes naturelles, que ce soient des cyclones, des séismes, des tsunamis, des inondations ou des sécheresses.
Au cours des deux dernières années, dans le cadre d’une politique de réengagement de Washington dans le Pacifique, une autre composante, américaine, surtout via sa présence dans ses territoires océaniens (Samoa américaines, Guam, Marianne du Nord et l’État d’Hawaii, où sont basés les garde-côte et le commandement de la flotte pour le Pacifique), est aussi venue s’ajouter à ce tripode FRANZ.


Le HMAS Choules : un nouveau navire prêt à intervenir dans la région

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Par ailleurs, le dispositif australien de projection dans sa proche région a été augmenté, fin 2011, de la barge HMAS Choules (de fabrication britannique et qui a été baptisée en l’honneur du dernier vétéran de la première guerre mondiale, Claude Choules, décédé en avril 2011 l’âge de 110 ans).
Ce nouveau bâtiment a rejoint sa base navale de Sydney, après avoir officiellement été ajouté à la flotte de la marine australienne, le 13 décembre 2011, a annoncé le ministère australien de la défense.
« L’acquisition de ce navire nous aidera à faire en sorte que la Marine royale australienne possède la capacité amphibie dont elle a besoin pour des opérations de type soutien humanitaire dans notre région, en attendant l’arrivée des navires porte-hélicoptères prévue en 2014 et 2015 », a précisé le Vice-amiral Steve Gilmore, commandant de la marine australienne.
Cette barge de 176 mètres de long, possède elle aussi des capacités d’appontage d’hélicoptères de type Sea Hawk et Black Hawk, dont est encore équipée l’armée australienne.
Elle peut accueillir à son bord quelque 158 officiers et marins, deux hélicoptères, 150 camions légers et 350 soldats.
Elle est aussi équipée de deux petits radeaux permettant un transfert rapide de matériel, en mode navette, entre le navire et la terre.
Sous les couleurs britanniques, elle a été déployée dans le cadre des secours après le séisme d’Haïti, en janvier 2010.
Pendant la période cyclonique actuelle, l’armée australienne estime désormais avoir la capacité optimale amphibie « dont elle a besoin pour fournir une aide humanitaire en cas de catastrophe naturelle ».
Ces moyens, outre le HMAS Choules, sont aussi son navire HMAS Tobruk, le Windermere (loué à la compagnie de croisières P&0 jusqu’à fin janvier, voire fin février 2012) et, pour la Nouvelle-Zélande (en vertu des accords ANZAC et d’une « force de réponse rapide » bipolaire créée récemment), le HMNZS Canterbury (qui a participé à de nombreuses opérations humanitaires civilo-militaires dans la région Pacifique, parmi lesquelles les secours post-tsunami à Tonga et à Samoa et de nombreux exercices en mode simulatoire de scenarii post-catastrophes.


La force ANZAC « de réponse rapide » dans le Pacifique Sud

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Ces derniers mois, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont formalisé la création de ce que ces deux pays appellent une « Force de Réponse Rapide » (Ready Response Force, RRF), essentiellement dédiée au Pacifique, et qui aurait pour vocation première d’intervenir au pied levé sur des théâtres océaniens.
Fin juin 2011, les deux commandants en chef des armées australienne et néo-zélandaise, le général de division aérienne Angus Houston et le Général de corps d’armée Rhys Jones, ont signé vendredi 24 juin 2011 un accord en ce sens.
Cette signature ouvre notamment la voie aux préparatifs de tels déploiements et en premier lieu à des manœuvres (avant fin 2011), sous formes d’exercices conjoints « pour des réponses d’urgence dans la région ».
Cette RRF avait été évoquée à plusieurs reprises, sous forme de projet, ces derniers mois, depuis la première annonce en septembre 2009.
Les dernières annonces, plus précises, remontaient au 10 février 2011, lors d’une rencontre à Wellington des ministres de la défense des deux pays, MM. Wayne Mapp (Nouvelle-Zélande) et Stephen Smith (Australie).
« Des catastrophes naturelles telles que le tsunami du Pacifique en 2009 et la récente série de séismes à travers la région soulignent le besoin existant pour une aide humanitaire et des opérations de secours bien planifiées et exécutées », a déclaré vendredi le Général Houston après avoir signé avec son homologue néo-zélandais.
Cette nouvelle force régionale étiquetée « ANZAC » devrait s’appuyer en premier lieu sur un quartier général (mis en place dès mars 2011) censé coordonner les forces conjointes, depuis Brisbane.


Une force basée à Brisbane

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« Les quartiers généraux opérationnels des deux pays coordonneront les aspects opérationnels de la RRF-ANZAC. Le commandant et la structure des forces seront déterminés mutuellement pour chaque mission », a-t-il précisé.
Le projet devrait aussi se matérialiser par un détachement, en mode pré-positionnement, d’un petit contingent de soldats néo-zélandais sur une base militaire australienne, à Brisbane, au plus près de l’Océanie insulaire, qui a été choisie pour quartier général de cette nouvelle force.
Les domaines d’intervention de cette nouvelle unité comprendraient avant tout des secours humanitaires en cas de catastrophes naturelles dans des pays de la zone, mais n’excluraient pas non plus des interventions en réponse à des troubles civils nécessitant l’exfiltration de ressortissants expatriés dans ces pays.
L’Australie, pour sa part, a annoncé la mise à disposition de plus de moyens, dont des engins amphibies, lors d’opérations de secours post-catastrophe dans la région.
Dans le domaine de la surveillance des énormes zones maritimes de cette région, outre les missions déjà assurées par des navires des marines de ces deux pays, la Nouvelle-Zélande a annoncé le détachement d’un conseiller aux îles Salomon.
Dans un cadre régional et trilatéral, par ailleurs, les deux armées australienne et néo-zélandaise sont signataires depuis fin 1992 d’un accord dit « FRANZ » qui concerne aussi l’armée française, toujours à des fins de coordination et de mutualisation des moyens en situation d’aide à des populations insulaires frappées par des catastrophes naturelles de type cyclone, séisme, tsunami ou inondations.
Lors de leur rencontre bilatérale en février 2011, orientée sur le mode « ANZAC » (acronyme historique existant depuis la création du corps expéditionnaire australo-néo-zélandais, notamment pendant la première guerre mondiale), les deux ministres Mapp et Smith n’ont pas fait mention de cet accord tripartite.
En revanche, les deux ministres ont souligné « l’importance de nos relations étroites et durables » en matière de défense, « basées sur une histoire commune, une perspective stratégique partagée et la volonté de se serrer les coudes en périodes difficiles » et, en définitive, leur communauté d’esprit sur les questions de « priorités en matière de sécurité régionale ».
Ils ont notamment abordé la question de leurs opérations conjointes, sur des théâtres d’opérations tels que les îles Salomon, où les armées australienne et néo-zélandaise figurent parmi les composantes essentielles de la « Mission Régionale d’Assistance aux îles Salomon (RAMSI) », force déployée dans cet archipel depuis juillet 2003 avec pour but initial de rétablir l’ordre après cinq années de guerre civile.
Les armées de ces deux pays sont aussi les plus représentées dans le cadre des opérations de stabilisation et de maintien de l’ordre au Timor oriental, sous mandat de l’ONU.
Objectif commun pour toutes ces opérations : « promouvoir la sécurité et la stabilité dans la région Asie-Pacifique », ont conjointement estimé les deux ministres, qui rappellent aussi une large convergence dans les objectifs généraux de leurs Livres Blancs de la Défense, tous deux récemment mis à jour dans de nouvelles versions et qui portent aussi un accent tout particulier sur la mutualisation des moyens, l’interopérabilité, avec en toile de fonds une rationalisation des coûts.
Pour aller plus en avant dans ce processus, les deux ministres ont annoncé qu’ils avaient donné pour instruction à leurs structures militaires respectives de rendre un rapport avant fin juillet 2001, détaillant toutes les propositions de nature à « améliorer les structures d’engagement bilatéral et renforcer les échanges stratégiques bilatéraux ».
Lors d’une visite, début 2011, en Nouvelle-Zélande, de la Première ministre australienne Julia Gillard, l’armée néo-zélandaise (New Zealand Defence Force), dans un communiqué, soulignait par ailleurs que l’Australie est « notre partenaire stratégique le plus proche » et que des soldats des deux armées servent actuellement sur des théâtres aussi variés que les îles Salomon, le Timor oriental ou encore l’Afghanistan.
« Chaque année, nous menons aussi des exercices conjoints et nous partageons notre savoir-faire et nos compétences », ajoutait alors l’armée néo-zélandaise.

pad

Rédigé par PAD le Vendredi 27 Avril 2012 à 04:53 | Lu 1095 fois