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L'Australie enquête sur une opération chinoise pour infiltrer un député-espion


Sydney, Australie | AFP | lundi 25/11/2019 - L'Australie a jugé lundi "inquiétantes" des accusations, rejetées par Pékin et sur lesquelles enquête son agence de contre-espionnage, à propos d'une opération chinoise présumée pour faire élire un homme d'affaires au Parlement fédéral afin qu'il devienne un agent infiltré comme député.

Le Premier ministre conservateur Scott Morrison a jugé "profondément inquiétantes et troublantes" ces accusations concernant Bo Zhao, un membre de son parti libéral qui avait été retrouvé mort en mars dans la chambre d'un motel.
"L'Australie n'est pas naïve face aux menaces auxquelles elle est confrontée", a déclaré à la presse M. Morrison.
Selon des révélations dimanche de l'émission télévisée "60 Minutes" sur la chaîne Nine, l'homme d'affaires, Bo "Nick" Zhao, avec la double nationalité chinoise et australienne, s'est vu offrir par des agents chinois un million de dollars australiens (616.000 euros) pour être candidat à Melbourne aux élections fédérales.
Selon l'émission, ce concessionnaire automobile de 32 ans, spécialisé dans les voitures de luxe, a indiqué avant sa mort à l'agence australienne de contre-espionnage, l'Australian Security Intelligence Organisation (ASIO) avoir été approché afin d'espionner.
Dans un communiqué inhabituel dimanche soir, le président de l'ASIO, Mike Burgess, a affirmé que l'agence était "au courant de l'affaire" et "enquête activement".
M. Burgess n'a pas souhaité faire d'autre commentaire sur le décès de M. Zhao, en raison de l'enquête. 
 

- "Surréaliste" -

 
La police n'a pas été en mesure de déterminer les circonstances de la mort de M. Zhao.
Le responsable de la commission parlementaire chargée du renseignement, Andrew Hastie, a qualifié ce nouvel épisode d'espionnage présumé de "surréaliste" et de digne "d'un roman d'espionnage". 
"Il ne s'agit pas seulement d'argent, de faveurs, mais aussi d'une tentative soutenue par un Etat afin d'infiltrer notre Parlement en utilisant un citoyen australien comme un agent d'influence étrangère dans notre système démocratique", a-t-il déclaré à 60 Minutes.
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, a rejeté ces allégations, accusant "certains politiciens, organisations et médias en Australie" de "concocter des soi-disant affaires d'espions chinois".
Certains en Australie "ont atteint un point tel qu'ils paniquent au moindre mouvement et voient des menaces partout", a poursuivi devant la presse le porte-parole chinois, mais "les mensonges sont finalement juste des mensonges".
Ces nouvelles révélations interviennent quelques jours après des déclarations à la presse australienne d'un ex-espion chinois présumé sur les méthodes d'infiltration supposées de la Chine à Hong Kong, Taïwan ou en Australie.
Ce transfuge, identifié sous le nom de Wang Liqiang et qui se trouve actuellement à Sydney avec sa femme et son enfant, a fourni au contre-espionnage australien l'identité d'officiers supérieurs du renseignement militaire chinois basés à Hong Kong, et des détails sur la façon dont ils opèrent, selon des médias australiens.
Lundi, la police chinoise, a affirmé qu'il était en fait un fraudeur en fuite.
En Australie, des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent pour accéder à sa demande d'asile politique.
L'ex-chef du contre-espionnage australien, Duncan Lewis, qui a démissionné en septembre, a accusé la semaine dernière Pékin de vouloir "prendre le contrôle" des milieux politiques via "l'espionnage et l'ingérence".
La Chine est également soupçonnée d'être derrière des intrusions d'envergure dans les systèmes informatiques du Parlement australien et d'une université liée au gouvernement et aux services de sécurité. Pékin a par le passé vigoureusement rejeté les accusations d'ingérence clandestine dans les affaires australiennes.

le Lundi 25 Novembre 2019 à 04:50 | Lu 568 fois