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Justice : Des riverains contre des promoteurs à Moorea


Tahiti, le 2 août 2021 – Deux groupes de riverains de Moorea étaient assignés devant le tribunal de première instance de Papeete hier matin par deux promoteurs qui les accusent de diffamation sur le réseau social Facebook.
 
Le tribunal de première instance de Papeete avait à traiter hier de deux dossiers assez proches. A chaque fois, il s'agissait de promoteurs immobiliers attaquant des propos tenus sur Facebook par des groupes de riverains de Moorea opposés à leurs projets.
 
L’affaire du groupe Facebook “Paruru ia Moorea”, qui avait déjà fait parler d'elle, revenait à l'audience avec cette fois-ci un avocat pour défendre le groupe de riverains. Dans ce dossier, un des membres du groupe, Patrick Roller, était assigné pour des propos tenus à l’égard du promoteur Franck Zermati. La modératrice, Tahnee Tchen, était également mise en cause. “Elle aurait dû, en tant que modératrice, supprimer ces propos au lieu de les relayer”, a estimé l’avocat du promoteur Me Dominique Bourion, qui a demandé un million de Fcfp de dommages et intérêts pour son client. “Je considère que ce groupe Facebook répand n’importe quoi, dit n’importe quoi, n’informe pas mais salit les gens. Ce que je demande, c’est que ça s’arrête. On ne peut pas utiliser les réseaux sociaux pour cela”, a déclaré à la sortie de l’audience Me Dominique Bourion, l’avocat du promoteur. “Dès que quelqu’un confirme un projet à Moorea, on se déchaîne contre lui. Mon client fait vivre l’île, a une relation correcte avec les gens. On dit que c’est un investisseur malsain alors qu’il est transparent.”
 
Des propos qui ont depuis été supprimés du réseau social. Ce qui, pour Me Bourion, est bien “la preuve qu’ils étaient injurieux et diffamatoires”. Mais du côté de la défense, l'avocat de la modératrice du groupe Facebook, Me Adrien Huguet, a plutôt estimé que le retrait de ces propos n’était dû qu’à “l’application du principe de précaution, par égard à M. Zermati, et non pas parce que c’était une obligation quelconque qui pesait sur les membres du groupe ou les administrateurs”. Au contraire, pour l’avocat : “ce n’est en aucun cas un aveu de culpabilité et, juridiquement, on ne peut tirer aucune conséquence de cette suppression, si ce n’est que cela excuse encore un peu plus Madame Tchen et les membres du groupe Paruru ia Moorea”. Pour Me Huguet, sa cliente Tahnee Tchen, en tant qu'administratrice ou modératrice du groupe Facebook, n’avait pas à “vérifier la véracité” de ce qui était posté sur son groupe. Sur la somme importante demandée par le promoteur, Me Huguet a estimé que la somme demandée était bien supérieure aux dommages et intérêts demandés dans des affaires similaires. Le délibéré a été renvoyé au lundi 9 août prochain.
 
Route barrée et accusation de diffamation
 
Mais Me Bourion représentait également hier matin Yoann Moutaramin, un autre entrepreneur de l’île sœur avec un projet de construction d’une maison familiale à Teavaro. Un entrepreneur qui poursuivait trois habitants de Moorea pour blocage de la route d’accès à son terrain et diffamation sur les réseaux sociaux. “On a affaire à une famille avec trois enfants, qui a un permis de terrassement. On leur barre la route et on met des propos sur Facebook à connotation raciste. Ce couple, qui vit là normalement, qui a acheté ce terrain chez un notaire, a ses autorisations de terrassement.” Les riverains se plaignent des horaires des travaux, qui se finiraient tardivement et se produiraient également le samedi. “Je n’ai jamais vu d’entreprise de terrassement ici qui termine après 15 heures. Et les barrages se font à n’importe quel moment, à midi, à 15 heures, à 14 heures. […] Ces gens-là veulent empêcher la construction, mais c’est illégal”, répond l’avocat. Sur ce second dossier, l'audience a été renvoyée également à lundi prochain.

 

Rédigé par VUP & VG le Lundi 2 Août 2021 à 19:36 | Lu 2850 fois