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Jeux des archipels – Edouard Fritch « Nous allons progresser ensemble »

Les Jeux des Tuamotu Est (23-28 juillet) viennent de s’achever, ceux des Australes (5-11 août) vont bientôt commencer. Ils seront suivis en fin d’année par les Jeux des Tuamotu, à Makemo, du 10 au 15 décembre 2017. Nous avons questionné le Président du Pays Mr Edouard Fritch sur la thématique du désenclavement des îles de Polynésie française. Les Jeux des archipels n’avaient pas eu lieu depuis 2006.


Le Président du Pays, Mr Edouard Fritch
Le Président du Pays, Mr Edouard Fritch
Parole à Mr Edouard Fritch, Président du Pays :
 
Ces Jeux des Archipels sont importants pour vous ?
 
« Oui, bien sûr. La jeunesse des îles a besoin de s’exprimer. Les îles participantes sont parfois extrêmement isolées. L’essentiel, pour ces populations qui ne se voient jamais, c’est de se connaître. Autant les élus, à travers le syndicat intercommunal, ont l’occasion de se voir de temps en temps, autant les jeunes se voient très peu. On a lancé un concours au niveau culturel à Fakarava, il y a eu un engouement terrible, les jeunes n’attendent que cela, se rencontrer pour des échanges. »
 
Cela s’est décidé suite au succès du Festival des Marquises en décembre 2016 ?
 
« Aux Marquises, ils ont leur festival tous les quatre ans, plus un mini Festival qui s’intercale tous les deux ans, qui va se tenir à Tahuata bientôt. Les Marquisiens sont beaucoup plus dynamiques au niveau de ce type d’organisations, de rencontres. C’est le domaine culturel qui les rassemble. Il est exact que le succès du Festival des Marquises nous a poussés à faire quelque chose pour les autres archipels, en particulier pour les Tuamotu et les Australes qui sont les plus démunies. Les îles sous le vent sont mieux desservies, ils ont plus d’occasions de se voir. »
 
C’est une manière de ne pas se résigner par rapport à l’isolement ?
 
« Les deux tiers de la subvention des Jeux de Tatakoto sont utilisés pour le transport. Nous avons dû louer des ATR pour faire la navette entre les îles. C’est un coût mais on persiste, pour que la continuité territoriale intérieure devienne plus une réalité pour les archipels. Air Tahiti fait des efforts énormes dans les négociations mais ce désenclavement, qui n’arrive pas comme on l’aurait souhaité, cet isolement, coûte cher. »

Lors de l'inauguration des Jeux des Tuamotu Est
Lors de l'inauguration des Jeux des Tuamotu Est
Les maires ont un rôle essentiel ?
 
« Le maire de Tatakoto Ernest Teagai, par exemple, est un homme dynamique et opiniâtre. Quand il a besoin de quelque chose, il ne lâche pas. L’île, malgré son fort isolement, s’est bien développée. Il est aux avant-postes en terme d’énergies renouvelables, cela fait 6 ou 7 ans qu’il a son usine hybride. Aujourd’hui, il est préoccupé par les problèmes de traitement des ordures ménagères, il a une salle omnisports digne de ce nom. Il a le mérite d’être dynamique et de bien gérer ses affaires. »
 
Tahiti a parfois tendance à oublier les îles ?
 
« C’est grâce à la solidarité des gens de Tahiti que ces Jeux peuvent s’organiser. Ce qui est dépensé vient aussi des impôts, de la fiscalité de nos populations de Tahiti. On est tous soucieux du développement de ces îles pour qu’elles puissent grandir toutes seules, avoir leur fiscalité, mais c’est compliqué. Il faut beaucoup investir, il faut beaucoup de patience, il faut les écouter. Ils ont des idées et envie de faire des choses même si dans les îles tout coûte cher, surtout par rapport au nombre d’habitants qui y résident, mais il faut y croire. »
 
Le récent prolongement du câble va dans le sens de ce désenclavement ?
 
« La liaison par câble d’îles comme Hao, Makemo, Fakarava et Rangiroa va libérer de l’occupation satellite pour les autres îles éloignées. Cela va leur offrir des capacités plus importantes, c’est indispensable. L’OPT va investir ces 6,5 milliards dans l’année à venir. On ne peut pas parler de développement s’il n’y a pas ces moyens de communication. Il faut que les populations soient conscientes que ce développement à un coût. J’ai voulu lancer ce signal aux archipels, oui, nous sommes à vos côtés, nous allons progresser ensemble. »
 
Investir dans les îles pourrait endiguer l’exode vers Tahiti ?
 
« Quand on parle de pauvreté, de délinquance…On voit bien que la qualité de vie n’est pas la même dans les îles. On a pas le même niveau de vie, ni les mêmes besoins financiers. Le jeune qui se débrouille peut vivre par ses propres moyens avec le coprah, la pêche ou l’artisanat. Il faut développer les fare MTR dans les îles pour favoriser l’installation mais il faut les convaincre d’abord de revenir chez eux. Je pense que dans les îles on peut vivre aussi bien que partout ailleurs dans le monde, sinon mieux. » Propos recueillis par SB

Rédigé par SB le Jeudi 3 Août 2017 à 16:36 | Lu 1359 fois