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Jacques Raynal : "Il y a un décalage entre les résultats des test et la situation réelle du jour"


Tahiti, le 17 août 2020 - Un mois et quelques 150 cas depuis la réouverture des frontières au tourisme, le ministre de la Santé Jacques Raynal, plutôt discret jusqu’alors, a repris le rythme des points sanitaires. Il a appelé la population à « garder son calme » tout en ajoutant que le gouvernement « ne cache rien du tout » alors que le virus « circule activement ».
 
Le rituel a repris. La faute à l’explosion des cas de covid-19 détectés au travers des auto-tests pour les nouveaux arrivants mais également des recherches au niveau de la transmission locale. Les points sanitaires avaient rythmé la première période d’infection, devenant un rendez-vous quasi quotidien notamment pendant le confinement. Ils vont de nouveau, au rythme de trois par semaine, permettre aux journalistes et aux citoyens d’en savoir plus sur l’avancement de l’épidémie et sur les mesures mises en place par les pouvoirs publics pour lutter contre la contamination mais également contre les craintes de la population. « Le virus circule activement » n’a pas caché Raynal lors d’une intervention où les statistiques ont tenté de venir appuyer un discours de raison.
 
Peu de touristes et de personnes à risque
 
Tout d’abord les chiffres. Sur les 149 cas détectés entre le 15 juillet et le 17 août, seuls 10 seraient des visiteurs. Six cas concerneraient des personnes non-résidentes mais rendant visite à de la famille sur le fenua, les quatre cas restants seraient des touristes. « Tous les autres cas sont liés à des événements festifs » qui se sont déroulés localement. Anniversaires, barbecues, soirées en bars ou encore baby-shower, les occasions ont été multiples pour le Covid-19 de trouver un terreau fertile à sa propagation, surtout dans l’agglomération de Papeete et très peu dans les îles. Si deux hospitalisations sont recensées, aucune de ces personnes n’a été placée en réanimation. Une situation sanitaire dépourvue donc de cas graves notamment parce que l’épidémie a très majoritairement touché des jeunes en bonne santé et peu de personnes à risques, qu’elles soient âgées ou avec une pathologie. Loin des discours accusateurs de la semaine dernière de la part du président du Pays et du haut-commissaire, il n’était donc pas question ici de stigmatiser des coupables mais plutôt d’évoquer les procédures mises en place et les délais à respecter pour « casser la chaine de transmission ». Ainsi, seul le bureau de veille sanitaire est habilité à définir le degré de contact entre les cas et à informer les personnes de résultats positifs sous quatre jours. Inutile donc d’appeler ou se déplacer pour connaitre son résultat.
 
« Il faut garder son calme »
 
Un discours qui a oscillé entre réalisme et appel à la raison. « On peut considérer que nous sommes en situation de crise sanitaire » a ainsi sobrement indiqué le ministre tout en appelant la population, dont une forme d’exaspération est perceptible sur les réseaux sociaux, « à garder son calme ». « Nous ne sommes pas dans un péril extrême ». Un appel au calme qui n’aura pas particulièrement dissipé certains doutes. La Polynésie est actuellement en phase 1 au niveau du risque sanitaire, la surveillance des cas et le traçage étant de rigueur. Quand risque-t-on de passer en phase 2 ? Après plusieurs secondes de silence, Raynal évoquera le chiffre de 160 à 170 comme seuil de déclenchement. Probablement donc demain, assurément avant la fin de la semaine. Sur la capacité de réaction des pouvoirs publics par rapport à la propagation, « il y a un décalage entre les résultats des test et la situation réelle du jour ». Les cas annoncés aujourd’hui ou demain sont les conséquences de comportements de la semaine dernière et les services sanitaires peinent à remonter rapidement la chaine de transmission. Les moyens dont dispose la Polynésie sont-ils suffisants ? Pour Raynal, « on a ce qu’il faut » en nombre de tests sans évoquer de chiffres. Au niveau des laboratoires, ceux de l’ILM et du CHPf fonctionnent déjà à pleine charge et les laboratoires privés ne peuvent techniquement pas venir à leur secours. Les demandes spontanées de test à l’ILM seront ainsi rejetées. Enfin, la plateforme téléphonique de la veille sanitaire est « submergée »
Une évolution sanitaire avec les moyens du bord face à laquelle le ministre s’est montré confiant, « nous pensons que nous pourrons maitriser la situation ». L’hypothèse d’un reconfinement total ou partiel n’est pas écarté pour autant, « tout dépendra de l’allure de la courbe ». Une courbe qu’il appartient finalement à chacun de nous d’infléchir.
 

Rédigé par Sébastien Petit le Lundi 17 Août 2020 à 20:33 | Lu 6161 fois