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Innovation : Le fenua "peut être leader"


Vaimiti Dubousquet, chargée de l'innovation scientifique et technologique à la délégation de la recherche.
Vaimiti Dubousquet, chargée de l'innovation scientifique et technologique à la délégation de la recherche.
Tahiti, le 21 décembre 2021 - La deuxième phase de la co-construction de la stratégie de l'innovation du Pays a été un succès. Plus de 800 propositions ont été faites. Elles seront maintenant affinées et une feuille de route, qui inclue les acteurs de l'innovation, sera proposée. Elle leur permettra d'ouvrir l'accès à des financements européens et de bénéficier d'un cadre plus propice à l'innovation polynésienne.

La délégation à la recherche joue la carte de l'adaptation. En effet, après une première session en distanciel visant à poser les fondations de la stratégie de l'innovation du Pays et réaliser un état des lieux, la deuxième session, qui s'est déroulée les 13 et 16 décembre derniers, permettaient aux acteurs institutionnels publics, académiques, privés et associatifs de "co-construire" la stratégie d'innovation du Pays.
 
Durant ces deux matinées, les 150 acteurs issus d'horizons différents ont travaillé de concert et formulé plus de 800 propositions d'actions concrètes et innovantes qui touchent aux six domaines d'activité stratégiques retenus par les acteurs de l'innovation lors de la première session : faire de la Polynésie le "poumon de l'économie bleue", "une référence de la résilience", "la vitrine d'un tourisme éco-culturel", "une terre-mère de la bio-économie", "un modèle de productions d'excellence" et "une source de valorisation bio-technologique".
 
Selon la chargée de l'innovation scientifique et technologique à la délégation, Vaimiti Dubousquet, "l'idée était de créer un lien entre la recherche et l'entreprise". En effet, la stratégie de l'innovation est transversale et nécessite que "tous les acteurs soient concertés et impliqués". C'est pour cela que les acteurs issus de différents domaines ont été réunis pour la co-construire.

"Un travail inclusif"

Vaimiti Dubousquet explique que ces matinées d'échanges ont été "très fructueuses" et qu'il a eu "une vraie prise de conscience de l'importance de la recherche et de l'innovation". Même si les intitulés des domaines d'activités stratégiques pouvaient sembler opaques, les acteurs se sont montrés très inspirés. Mais victime du succès de cette session en présentiel, la délégation a dû revoir les modalités de sa troisième phase.
 
Et ce n'est pas pour leur déplaire, puisque la délégation a rapidement rebondi. "Le travail que nous avons mené est un travail inclusif. On les a réunis et on a créé une demande de ce type de travail et les acteurs veulent des retours sur les productions". D'ailleurs, elle se dit consciente que la dynamique observée lors de la deuxième phase "ne sera sûrement la même si nous faisions une troisième phase en distanciel, comme c'était prévu au début".

Vers un affinage des propositions

Finalement, une étape intermédiaire sera prévue pour le mois de février. "Nous allons faire des ateliers créatifs pour finir d'élaborer le plan d'action", indique Vaimiti Dubousquet. Ainsi, ils pourront cibler les propositions formulées dans les différents domaines d'activité stratégiques et les prioriser, tout cela "toujours en concertation avec les acteurs".
 
Ce n'est qu'à partir de ce travail que la troisième phase aura réellement lieu, en mars prochain. "Nous allons encore organiser deux matinées de travail en petits groupes de quatre à six personnes, qui se feront sous la forme d'ateliers d'experts". Ainsi, pour la première matinée, les groupes travailleront sur un domaine de leur spécialité et pour la deuxième, ils travailleront sur un objectif opérationnel de leur spécialité. "Cela permettra d'avoir une vision globale donnée par des experts de chaque spécialité".
 
Enfin, il reviendra au comité opérationnel, constitué de 13 représentants des acteurs institutionnels, académiques et sociétaux de faire la synthèse des résultats et de rédiger le document final qui sera présenter d'abord en conseil des ministres, puis à l'assemblée.
 
Concrètement, cette feuille de route permettra aux acteurs de la recherche d'axer leur programme de recherches en s'appuyant sur les domaines d'activité stratégiques et aux acteurs économiques de se structurer pour aller chercher des financements. Cette mutualisation des outils et savoirs est centrale pour Vaimiti Dubousquet : "La recherche permet de développer des produits innovants ou sensiblement améliorés qui vont être transférés au secteur économique. Par ailleurs, cela garantit que si un porteur de projet a une idée innovante et a besoin d'un appui scientifique, il pourra avoir accès au laboratoire de recherche et avoir un soutien scientifique pour valider son produit ou son procédé." Elle l'assure, "on peut faire de la Polynésie un pionnier et un leader dans l'innovation".

Le rôle de la Polynésie dans l'innovation

La stratégie d'innovation du Pays vise à répondre aux grands enjeux des transitions écologique, énergétique, climatique et économique avec l'ensemble des acteurs, pour que ces innovations bénéficient à la population dans tous les archipels.
 
En effet, la Polynésie "est en première ligne du changement climatique et cela nous pousse à chercher des solutions pour en réduire les impacts", explique Vaimiti. Ainsi, cette démarche de spécialisation intelligente vise à renforcer la compétitivité du territoire, à mettre en avant ses domaines de spécialité qui vont le différencier des autres territoires de la région, mais aussi des autres territoires à l'échelle nationale et internationale. Cependant, cela ne se fera pas au détriment de l'identité et des ressources de la Polynésie, puisque l'accent sera mis sur la "valorisation des savoirs et des savoir-faire traditionnels".

Créer un cadre propice à l'innovation

Deux objectifs motivent la création de la stratégie d'innovation du Pays. Le premier est d'assurer l'accès aux financements européens pour tous les porteurs de projets, qu'ils soient d'origine académique ou économique et les projets collaboratifs d'innovation qui font le lien entre chercheurs et entrepreneur. Ce document serait en quelque sorte garant d'une dynamique construite par le Pays, en concertation avec les acteurs, et légitimerait les demandes de financement. Le deuxième objectif est de structurer l'éco-système d'innovation pour soutenir les porteurs de projet. Cela passe par exemple par la création d'un cadre social, fiscal et administratif qui incite les porteurs de projet, pour stimuler l'innovation polynésienne.

Adapter la formation des générations futures

L'une des préoccupations de la délégation à la recherche, selon Vaimiti Dubousquet, est de pouvoir s'inscrire dans une dynamique durable. Pour ce faire, "il faut que l'on puisse former les jeunes à cette thématique pour les faire rentrer dans les métiers d'aujourd'hui, mais aussi de demain", indique la chargée de l'innovation scientifique et technologique. Cela permettra de cibler les efforts en termes de recherche, mais aussi de formation, "pour proposer des formations plus professionnalisantes".
 
Pour suivre cette dynamique de développement de l'entrepreneuriat, la délégation souhaiterait impulser une formation à l'entrepreneuriat "dès que les élèves commencent à réfléchir à leur avenir". "Il faut qu'ils puissent disposer de cette sensibilisation de plus en plus tôt". Un projet ambitieux, donc. Mais qui a le mérite de mobiliser les différentes strates des acteurs de l'innovation et de les réunir pour co-construire le cap que le Pays pourra prendre dans les années à venir.

Rédigé par Ariitaimai Peckett le Mardi 21 Décembre 2021 à 20:46 | Lu 1737 fois