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Indonésie: Joko Widodo débute un second mandat sous haute sécurité


Jakarta, Indonésie | AFP | dimanche 20/10/2019 - Le président indonésien Joko Widodo a été investi dimanche pour un second mandat lors d'une cérémonie placée sous haute sécurité quelques jours après une tentative d'assassinat du ministre de la Sécurité par des jihadistes présumés.

Le leader indonésien arrivé au pouvoir dans l'enthousiasme en 2014, fait face à présent à un contexte politique bien plus difficile avec une vague de manifestations d'étudiants en septembre, une résurgence des troubles en Papouasie et des incendies géants que l'Indonésie peine à maîtriser.
Joko Widodo, 58 ans, et son nouveau vice-président Maruf Amin, 76 ans, ont prêté serment sur le Coran dans le Parlement où étaient réunis les députés et des chefs d'Etat étrangers invités, inaugurant leur mandat de cinq ans à la tête du plus grand pays musulman au monde. 
De nombreux drapeaux du pays, rouges et blancs, ont été déployés autour du Parlement mais les célébrations étaient limitées à Jakarta où les manifestations étaient interdites.
Plus de 30.000 policiers et militaires, ainsi que des hélicoptères et des véhicules blindés, ont été déployés afin de garantir la sécurité dans la capitale.
Autour du monument national (Monas) situé au centre de Jakarta, plusieurs milliers de partisans du président surnommé Jokowi, vu comme un musulman modéré, ont regardé la cérémonie sur un écran géant en portant des t-shirts à son effigie. 
"J'étais inquiet que des islamistes (radicaux) prennent le pouvoir dans le pays s'il avait perdu les élections", a souligné Suprihatini, un Indonésien qui ne porte qu'un nom, à l'AFP. "Je suis musulman mais je ne veux pas de ce genre de mouvement ici", explique-t-il.
Le leader indonésien, qui a lancé de vastes investissements dans les infrastructures au cours de son premier mandat, a déclaré qu'il donnerait la priorité au développement économique du pays. D'ici 2045 "l'Indonésie doit devenir l'une des cinq grandes économies mondiales et le taux de pauvreté être réduit à zéro", a-t-il déclaré devant les parlementaires.
Jokowi, un ancien entrepreneur et le premier président élu à ne pas être issu de l'élite politique et militaire indonésienne, a été comparé à Barack Obama après son élection en 2014. 

- Les difficultés s'accumulent -

 
Jokowi a été réélu avec 55,5% des voix, contre 44,50% pour son adversaire, l'ancien général Prabowo Subianto. Mais son bilan sur les droits de l'homme a déçu et il fait face à des critiques croissantes. "Il s'agit du moment le plus faible de la présidence de Jokowi", estime Arya Fernandes, du centre de recherche CSIS.
Son choix du prédicateur Ma'ruf Amin pour être son candidat à la vice-présidence a permis de donner des gages à l'électorat musulman conservateur, mais inquiète les plus progressistes.
Et les difficultés se sont accumulées ces derniers mois.
La vague de manifestations, menée par les étudiants, qui a secoué l'archipel de 260 millions d'habitants en septembre était l'une des plus importantes depuis le soulèvement qui a abouti à la chute du dictateur Suharto en 1998.
Le gouvernement n'avait pas prévu ce mouvement contre une réforme qui risque d'affaiblir l'agence de lutte contre la corruption, et une révision du code pénal vue comme liberticide avec notamment des peines de prison pour les relations sexuelles hors mariage ou entre personnes du même sexe. 
Trois étudiants ont été tués dans des émeutes qui ont aussi fait des centaines de blessés.
La politique de développement économique de la Papouasie par la construction d'infrastructures a rencontré ses limites avec une vague de manifestations et d'émeutes contre le racisme dans la province la plus à l'est de l'archipel, qui ont fait plusieurs dizaines de morts.
D'importants incendies ont aussi ravagé les îles de Bornéo et de Sumatra en Indonésie, polluant l'air d'une vaste région d'Asie du Sud-Est et déclenchant des tensions en septembre avec Singapour et la Malaisie.
La cérémonie d'investiture intervient dans un contexte sécuritaire particulièrement tendu après que deux attaquants liés au groupe Etat islamique (EI) ont infligé le 11 octobre de graves blessures au ministre à la Sécurité Wiranto, 72 ans, toujours hospitalisé.
Cette attaque a mis en lumière les lacunes du dispositif sécuritaire du gouvernement alors que l'Indonésie fait face à la menace de groupes islamistes radicalisés.

le Lundi 21 Octobre 2019 à 01:40 | Lu 200 fois