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Il renie sa fille, elle se venge en volant sa carte bleue


PAPEETE, le 26 avril 2018 - La prévenue et son compagnon étaient poursuivis pour avoir retiré plus d’1,7 million de Francs avec la carte du vieil homme handicapé. La jeune femme a expliqué qu’elle souhaitait se venger car son père, apprenant qu’elle n’était pas sa fille biologique, l’avait reniée.

Un lourd et douloureux conflit familial s’est invité au tribunal correctionnel ce jeudi. Une jeune mère de 22 ans comparaissait pour avoir volé la carte bleue de son père et avoir retiré pour un peu plus d’un million de Francs. Son compagnon était, quant à lui, poursuivi pour lui avoir porté assistance après avoir tenté de refuser à plusieurs reprises. Les sommes soutirées avaient permis d’acheter un scooter, deux casques et de la nourriture. Entendue sur les faits, la prévenue avait déclaré qu’elle avait agi « par revanche » car son père l’a reniée : « il y a deux ans, il a appris qu’il n’était pas mon père biologique et a voulu que je change de nom. »

« Ce n’est plus ma fille »

Face aux magistrats, la jeune femme, qui vit chez la mère de son compagnon depuis l’âge de 13 ans, est restée quasiment muette. A la barre, son père adoptif a eu des mots très douloureux à son encontre. Alors que le président du tribunal questionnait le vieil homme sur l’historique de la famille, il a pointé son doigt vers la prévenue : « Je vais vous raconter l’histoire de cette enfant-là. Je m’en suis occupé pendant son enfance. Il y a deux ans, j’ai appris que je n’étais pas son père biologique. J’ai alors décidé de faire les démarches pour qu’elle change de nom et porte celui de son vrai père.» Le magistrat a alors interrompu l’individu pour lui rappeler que la jeune femme n’était « absolument pas responsable » de la situation. Ce à quoi l’homme a sèchement répondu : « pour moi, ce n’est pas ma fille, ce n’est plus ma fille. »

Le procureur de la République, tenant compte du contexte, a évoqué une « situation humaine douloureuse dans laquelle réside un immense sentiment d’abandon. Il y a des choses lourdes, compliquées et anciennes qu’il faudra démêler en dehors du cadre judiciaire. On ne peut ignorer que ce cas est extrêmement triste. » Le représentant du ministère public a requis 4 mois avec sursis contre la prévenue et 2 mois avec sursis à l’encontre de son compagnon.

Le conseil des prévenus a également insisté sur le sentiment d’abandon ressenti par la jeune femme : « elle vit chez sa belle-mère depuis qu’elle a 13 ans et personne n’est jamais venu la chercher. Elle s’est retrouvée amputée de son père qui l’a répudiée. Renier un enfant que l’on a vu grandir, que l’on a pris dans ses bras et câliné, c’est d’une extrême violence ! »

La jeune femme a été condamné à un mois de prison avec sursis, son compagnon a écopé d’une amende de 30 000 Francs. Le tribunal a précisé qu’il avait tenu compte du « caractère particulier de cette affaire et notamment de l’aspect portant sur les relations entre la prévenue et la victime. »

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 26 Avril 2018 à 16:39 | Lu 6136 fois