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'Ia maita'i tō 'oe tere māmā Irène


Bon voyage mamie Irène !
Bon voyage mamie Irène !
PAPARA, le 30 avril 2018 - Irène Atu était connue dans le monde horticole où elle a occupé plusieurs fonctions importantes. Elle a notamment présidé l'association Tiare Rau de Papara. Depuis 2 mois, mamie Irène, comme on la surnommait, s'est retirée de la vie associative pour lutter, comme elle pouvait, contre la maladie. Elle est décédée cette nuit.

On ne verra plus le visage de celle qui avait de l'énergie à revendre sur Papara. Mamie Irène, comme on l'a surnommait, nous a quitté cette nuit, à l'âge de 77 ans. La maladie l'a emportée après plusieurs mois de combat.

Mamie Irène laisse derrière elle, ses enfants et petits-enfants, mais également sa grande famille d'horticulteurs, d'artisans et d'agriculteurs.

Depuis des années, cette grande dame au caractère bien trempé, a donné beaucoup de son temps au secteur primaire. Elle a d'ailleurs, occupé plusieurs fonctions dans le monde associatif. Mais mamie Irène, c'était aussi un livre vivant qui recueillait les savoirs ancestraux. "Elle connaissait plusieurs histoires ou légendes du fenua", explique Yvette Temauri, présidente de la Chambre de l'agriculture et de la pêche lagonaire (CAPL). "Elle allait également à la rencontre des enfants pour partager avec eux son savoir. Ça m'attriste vraiment parce qu'il y a de plus en plus de metua avec autant de savoirs qui s'en vont, et on ne sait pas si des personnes comme elles pourront un jour, les remplacer", poursuit-elle.

"Je me rappelle quand j'étais ministre de l'agriculture, elle animait les foires agricoles ou les expositions. Elle était une dame très dynamique, elle aimait tout le monde, elle ne faisait pas de différence", décrit Thomas Moutame, tāvana de Taputapuātea.

Aujourd'hui, le monde horticole est en deuil. "Ses enfants m'ont appelée à 2 heures ce matin. Elle était malade depuis un bon moment. Mais, on sait tous comment elle était, elle se consacrait toujours à ce qu'elle faisait. Elle faisait passer sa maladie en second plan", raconte Yvette Temauri.

Mais depuis deux mois, "elle était alitée. La semaine dernière, je suis allée lui rendre visite avec des māmā de la fédération horticole, et on voyait qu'elle n'allait pas bien. Elle avait perdu sa bonne humeur. Elle entendait ce qu'on lui disait, mais elle ne répondait pas", décrit la présidente de la CAPL.

Deux veillées seront données ce lundi soir et demain dans la salle des jeunes protestants de Papara. La levée du corps se fera mercredi matin, "on attend l'arrivée de ses enfants et petits-enfants qui viendront des Tuamotu".

La rédaction de Tahiti Infos adresse ses condoléances aux familles touchées par ce drame. Nā te Atua Hau 'outou 'e tauturu mai ! Fa'aitoito.


Patricia Hoata
Présidente de la fédération horticole Heitini Rau


"C'était un peu notre maman"

Comment avez-vous démarré dans l'horticulture ?
"J'ai commencé en 1997 et pendant la foire agricole, il y a des concours, et elle avait besoin d'un jury et elle m'a donc nommée jury. Je lui avais dit que je ne connaissais rien aux plantes. Elle m'a répondu que ce n'était pas un problème et que j'allais vite apprendre. J'ai fait des formations, par la suite, au SDR. Aujourd'hui, voilà le résultat, je suis devenue la présidente de la fédération des horticulteurs. C'est grâce à ces deux grandes dames : mamie Irène Atu et Yvette Temauri."

Parlez-nous de mamie Irène ?
"C'était une femme qui a un cœur gros et qui a donné de son temps ainsi que son savoir-faire aux associations. Quand elle avait des choses à dire, elle le disait. C'était une dame très sage, qui a toujours su ramener les horticulteurs à la raison. Ce n'est pas facile et en tant que présidente de la fédération aujourd'hui, j'ai bien de la chance de l'avoir connue. Elle est partie sans nous prévenir. Je suis très émue, c'était un peu notre maman. Nos enfants ont grandi aussi avec elle dans ce monde horticole."

Quand l'avez-vous vue pour la dernière fois ?
"Je l'ai vue vendredi soir. Elle ne nous voyait presque pas, mais elle arrivait à reconnaitre le son de la voix. Quand elle m'a entendue, elle avait les larmes qui coulaient."

Avait-elle souffert ces dernier temps ?
"Elle a beaucoup souffert, d'après les enfants. Aujourd'hui, je souffre peut-être beaucoup, mais je suis soulagée qu'elle soit partie, comme ça, je ne la verrai plus souffrir. On gardera un bon souvenir d'elle, avec sa joie de vivre, elle aimait danser. Elle aimait nous dire : "on pique-nique aujourd'hui". Nous allons continuer à pique-niquer même si elle n'est plus parmi nous, mais elle restera dans nos cœurs."



le Lundi 30 Avril 2018 à 11:18 | Lu 4254 fois