Cayenne, France | AFP | mercredi 20/04/2022 - Cinq ans après la signature des "accords de Guyane" sur fond de forte mobilisation, les attentes restent fortes dans le territoire sur le front social, notamment en matière de sécurité, de désenclavement et d'éducation.
A la veille de l'élection présidentielle de 2017, une mobilisation sociale d'ampleur avait secoué la Guyane pendant un mois. Patrons, employés, étudiants, avocats, et mères de famille en grève générale avaient occupé les ronds-points ou la base spatiale de Kourou, pour "exiger" du gouvernement Cazeneuve un "plan d'urgence" à 3,1 milliards d'euros pour combler le "retard structurel" qu'accuse ce territoire ultramarin par rapport à l'hexagone.
Les Guyanais demandaient le renforcement des moyens de lutte contre l'insécurité, le désenclavement des communes de l'intérieur, une reconnaissance de leur identité, l'amélioration des services de santé défaillants et du système scolaire inadapté à une démographie galopante.
Signés le 21 avril 2017 par des élus locaux et le gouvernement d'alors, les "Accords de Guyane" prévoyaient un "plan d'urgence" d'un peu plus d'un milliard d'euros.
Cinq ans plus tard, l'enseignant Georges Pindard, figure de la mobilisation, se dit "déçu" car malgré "ce qu'on avait obtenu de fort et d'historique, les engagements de l'État n'ont pas été formalisés". Pour le militant, si Emmanuel Macron n'a obtenu en Guyane que 14,22% des suffrages au premier tour de la présidentielle, c'est parce que les "accords" ont été bafoués.
"Les services publics sont en souffrance au lieu d'être au service de la population", estime Patricia Simonard de l'union des travailleurs guyanais (UTG), qui fut l'un des moteurs du mouvement.
Parmi les réalisations des termes de l'accord: le versement du RSA a été recentralisé pour alléger les finances de la collectivité territoriale de Guyane (CTG) alors qu'une seconde prison de 500 places et une cité judiciaire à Cayenne sont annoncées pour 2025.
En matière de santé, le gouvernement Castex a finalement accordé en fin de mandat la création d'un centre hospitalier universitaire (CHU) pour 2025 et de petits "hôpitaux" dans trois centre-bourg très isolés et désertés médicalement.
"Rien n'avance"
Affairé à ranger ses étals de fruits et légumes à Cayenne, Jean-Dominique Vang, 50 ans, trouve pour sa part que "rien n'avance" face au chômage (20%), mais également face à l'offre sanitaire, éducative et d'insertion mal répartie et à la peine et face aux forts taux de délinquance et de criminalité.
Sur le front de l'enseignement, et alors que l'académie est intégralement classée en zone d'éducation prioritaire renforcée (Rep+), "il n'y a rien de concret" regrette Pascal Briquet, secrétaire régional de l'Unsa syndicat majoritaire. "Les établissements qui devaient sortir de terre ne sont toujours pas construits. Les élèves qui étaient +à la rue+ (sans place dans un établissement, NDLR) le sont toujours et il manque toujours des personnels de vie scolaire" ce qui "contribue à dégrader le climat scolaire", assure-t-il.
"Certaines mesures étaient d'application immédiate comme l'installation d'un nouvel escadron de gendarmes mobiles mais d'autres prennent plus de temps à se concrétiser, c'est le temps normal de l'instruction des dossiers", rétorque le sénateur guyanais (LREM) Georges Patient, référent local de la campagne d'Emmanuel Macron.
La préfecture de Guyane, interrogée par l'AFP sur les promesses de l'État de verser plus de 300 millions d'euros avant 2023 aux collectivités locales pour les programmes de construction scolaire, n'a pas souhaité faire de commentaire.
La question de l'accès aux terres n'a pas trouvé d'issue. Les promesses de céder des terrains du domaine de l'État aux villages autochtones et aux collectivités locales n'ont pas été concrétisées. "La complexité technique et juridique de cette opération a été mal évaluée" pointait un rapport de la Cour des comptes en 2019.
En avril 2017, un "plan additionnel" d'investissement et de fonctionnement (2,1 milliards d'euros) avait été envisagé par le gouvernement Cazeneuve. Il n'a pas fait l'objet de communication sous le quinquennat Macron. Mais pour le sénateur Georges Patient, le gouvernement est allé "bien au-delà" du plan d'urgence, avec notamment le "rattrapage des dotations versées aux communes" (18 millions d'euros par an) et un engagement de "300 millions d'euros d'investissement supplémentaire" pour les projets territoriaux.
A la veille de l'élection présidentielle de 2017, une mobilisation sociale d'ampleur avait secoué la Guyane pendant un mois. Patrons, employés, étudiants, avocats, et mères de famille en grève générale avaient occupé les ronds-points ou la base spatiale de Kourou, pour "exiger" du gouvernement Cazeneuve un "plan d'urgence" à 3,1 milliards d'euros pour combler le "retard structurel" qu'accuse ce territoire ultramarin par rapport à l'hexagone.
Les Guyanais demandaient le renforcement des moyens de lutte contre l'insécurité, le désenclavement des communes de l'intérieur, une reconnaissance de leur identité, l'amélioration des services de santé défaillants et du système scolaire inadapté à une démographie galopante.
Signés le 21 avril 2017 par des élus locaux et le gouvernement d'alors, les "Accords de Guyane" prévoyaient un "plan d'urgence" d'un peu plus d'un milliard d'euros.
Cinq ans plus tard, l'enseignant Georges Pindard, figure de la mobilisation, se dit "déçu" car malgré "ce qu'on avait obtenu de fort et d'historique, les engagements de l'État n'ont pas été formalisés". Pour le militant, si Emmanuel Macron n'a obtenu en Guyane que 14,22% des suffrages au premier tour de la présidentielle, c'est parce que les "accords" ont été bafoués.
"Les services publics sont en souffrance au lieu d'être au service de la population", estime Patricia Simonard de l'union des travailleurs guyanais (UTG), qui fut l'un des moteurs du mouvement.
Parmi les réalisations des termes de l'accord: le versement du RSA a été recentralisé pour alléger les finances de la collectivité territoriale de Guyane (CTG) alors qu'une seconde prison de 500 places et une cité judiciaire à Cayenne sont annoncées pour 2025.
En matière de santé, le gouvernement Castex a finalement accordé en fin de mandat la création d'un centre hospitalier universitaire (CHU) pour 2025 et de petits "hôpitaux" dans trois centre-bourg très isolés et désertés médicalement.
"Rien n'avance"
Affairé à ranger ses étals de fruits et légumes à Cayenne, Jean-Dominique Vang, 50 ans, trouve pour sa part que "rien n'avance" face au chômage (20%), mais également face à l'offre sanitaire, éducative et d'insertion mal répartie et à la peine et face aux forts taux de délinquance et de criminalité.
Sur le front de l'enseignement, et alors que l'académie est intégralement classée en zone d'éducation prioritaire renforcée (Rep+), "il n'y a rien de concret" regrette Pascal Briquet, secrétaire régional de l'Unsa syndicat majoritaire. "Les établissements qui devaient sortir de terre ne sont toujours pas construits. Les élèves qui étaient +à la rue+ (sans place dans un établissement, NDLR) le sont toujours et il manque toujours des personnels de vie scolaire" ce qui "contribue à dégrader le climat scolaire", assure-t-il.
"Certaines mesures étaient d'application immédiate comme l'installation d'un nouvel escadron de gendarmes mobiles mais d'autres prennent plus de temps à se concrétiser, c'est le temps normal de l'instruction des dossiers", rétorque le sénateur guyanais (LREM) Georges Patient, référent local de la campagne d'Emmanuel Macron.
La préfecture de Guyane, interrogée par l'AFP sur les promesses de l'État de verser plus de 300 millions d'euros avant 2023 aux collectivités locales pour les programmes de construction scolaire, n'a pas souhaité faire de commentaire.
La question de l'accès aux terres n'a pas trouvé d'issue. Les promesses de céder des terrains du domaine de l'État aux villages autochtones et aux collectivités locales n'ont pas été concrétisées. "La complexité technique et juridique de cette opération a été mal évaluée" pointait un rapport de la Cour des comptes en 2019.
En avril 2017, un "plan additionnel" d'investissement et de fonctionnement (2,1 milliards d'euros) avait été envisagé par le gouvernement Cazeneuve. Il n'a pas fait l'objet de communication sous le quinquennat Macron. Mais pour le sénateur Georges Patient, le gouvernement est allé "bien au-delà" du plan d'urgence, avec notamment le "rattrapage des dotations versées aux communes" (18 millions d'euros par an) et un engagement de "300 millions d'euros d'investissement supplémentaire" pour les projets territoriaux.