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Grippe aviaire: les volailles françaises reconfinées


Paris, France | AFP | vendredi 05/11/2021 - Les volailles de plein air françaises vont à nouveau devoir passer un hiver confiné, le risque lié à la grippe aviaire imposant depuis vendredi leur "mise à l'abri" pour éviter tout contact avec les oiseaux migrateurs pouvant transmettre ce virus.

Le gouvernement espère éviter la répétition de l'épisode de l'hiver dernier. L'influenza aviaire, communément appelée grippe aviaire, s'était répandue comme une traînée de poudre dans les élevages du Sud-Ouest et n'avait pu être enrayée qu'au prix de l'abattage de plus de 3,5 millions de volailles, essentiellement des canards. 

L'enfermement de volailles habituées à évoluer dehors est souvent vécu comme un crève-coeur pour les éleveurs. Il intervient en outre à une période où ces élevages tournent à plein, avant les fêtes de fin d'année où sont consommés dindes, chapons et foie gras.

Le niveau de risque relatif au virus est passé vendredi à "élevé" en France métropolitaine, selon un arrêté publié au Journal officiel. 

En cause : la multiplication des cas autour des frontières françaises parmi les oiseaux migrateurs qui risquent d'introduire le virus dans les élevages. Trois basses-cours ont déjà été touchées dans l'est de la France. 

"Depuis le début du mois d'août, 130 cas ou foyers d'influenza aviaire ont été détectés dans la faune sauvage ou dans des élevages en Europe, notamment au bord de la mer du Nord et de la mer Baltique, dont trois foyers dans des élevages allemands", recense le ministère de l'Agriculture dans un communiqué.

"Dans le même temps, la claustration de tous les élevages professionnels a été décidée aux Pays-Bas à la suite de la détection d'un foyer dans un élevage de poules pondeuses. En Italie, six foyers ont été détectés dans des élevages de dindes de chair dans la région de Vérone depuis le 19 octobre", poursuit le ministère.

Jusqu'ici, la France conserve son statut "indemne" d'influenza qui conditionne des débouchés à l'export, aucun élevage commercial n'ayant encore été touché. 

- Opposition d'éleveurs -
"C'est un bouleversement. On ne le fait pas de gaité de cœur, mais on soutient cette mesure de prévention", réagit auprès de l'AFP le directrice de l'interprofession du foie gras, Marie-Pierre Pé. 

"Les producteurs de canard sont prêts à faire ce qu'il faut pour éviter une crise aviaire et éviter les abattages massifs qu'on a connus", ajoute-t-elle.

"Les éleveurs nous appellent effondrés, scotchés de cette situation", selon Sylvie Colas, éleveuse et porte-parole de la Confédération paysanne du Gers. 

"Enfermer des animaux, c'est les priver d'immunité. On les place dans un univers ultra confiné qui n'est pas naturel", peste Nicolas Petit, à la tête d'un petit élevage bio à L'Isle Jourdain (Gers). 

A l'heure actuelle, les autorités permettent de laisser les volailles de plus de dix semaines prendre l'air, dans un espace réduit. 

"C'est un préau de cour de récréation, c'est ridicule", poursuit Sylvie Colas, qui refuse d'enfermer ses poulets, pintades et chapons. 

"A un mois et demi des fêtes de Noël, ces volailles ne peuvent pas changer leurs habitudes" au risque de devenir agressives entre elles, plaide-t-elle. "Depuis ce matin, je suis hors la loi."

Lorsque le niveau de risque est "élevé", les élevages commerciaux doivent "mettre à l'abri" les volailles, mais aussi les particuliers, au moins en installant un filet au-dessus de leur basse-cour.

Les rassemblements de volailles, par exemple pour des concours, sont interdits, de même que les compétitions de pigeons voyageurs "au départ ou à l'arrivée de la France jusqu'au 31 mars", liste le ministère. Dans les zoos, les oiseaux ne pouvant être confinés ou placés sous filet doivent être vaccinés.

le Vendredi 5 Novembre 2021 à 03:12 | Lu 254 fois