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Grève à ATN : Les discussions s’étirent jusqu’à la présidence


Tahiti, le 10 juillet 2023 - En une semaine de conflit social, les délégués syndicaux d’ATN en grève n’ont pas réussi à trouver de compromis avec la direction de la compagnie. Après avoir refusé l’ultime offre de la direction dans le week-end, ils avaient rendez-vous ce lundi soir avec le président du Pays.
 
17h15. Le président Moethai Brotherson et les délégués syndicaux entrent en salle de réunion à la présidence. “On n’est pas là pour rigoler”, lâche le président du Pays en s’installant sur son siège. Magali Juventin, PNC et déléguée syndicale A ti’a i mua apparaît souriante bien que “prévenue à la dernière minute”. Après une semaine de conflit avec la direction, les syndicats grévistes espèrent trouver avec le président du Pays, collectivité actionnaire majoritaire d’ATN, une solution sur les questions de rémunération et de considération de leur profession.
 
Après presque deux heures de discussion, les portes de la salle de réunion s’ouvrent enfin. Mais, rien n’a été signé pour le moment. Les délégués syndicaux retournent à l’aéroport pour rejoindre le piquet de grève et communiquer les propositions du président à leurs collègues. À 22h30, ils sont conviés à revenir à la présidence pour valider ou non les propositions faites. “Ils ont envie de sortir de cette grève. C’est le vœu de tout le monde”, constate Moethai Brotherson. Mais pas à n’importe quel prix.
 
 
Depuis une semaine, les syndicats grévistes et la direction bloquent sur le premier point de leur revendication : la hausse du salaire de base de tout le personnel volant. S’ils demandaient 30% au début de la grève, les délégués syndicaux ont revu leurs ambitions à la baisse et se disent “prêts à négocier un compromis”. Toutefois, selon Cyril Le Gayic, négociateur pour la CSIP, “pas question d’inclure l’ICV et la restitution des 5%”, concédés par les salariés pour soulager la compagnie pendant la crise Covid.
 
“Sous le signe de l’apaisement”
 
Samedi, la direction avait envoyé une “ultime proposition” aux syndicats. “C’est une menace”, a commenté Magali Juventin en réaction à cet ultimatum. Selon la déléguée syndicale, “ce ne sont pas des négociations, ce sont des rapports de force”. Reflet du malaise social entre la direction et les PNC de la compagnie aérienne, l’ultime proposition de compromis n’a pas été accepté par les syndicats. Magali Juventin s’est dit prête à “aller jusqu’au bout”. Pourtant, Michel Monvoisin, P-dg de la compagnie au Tiare, a indiqué que les parties avaient faits “plus d’une quinzaine de réunions ces dernières semaines”.
 
Moethai Brotherson l’a compris. Pour trouver une solution, il y a besoin d’un médiateur pour sortir du dialogue de sourd qui plombe les négociations sans espoir de résolution. Ce lundi soir, la réunion a été placé “sous le signe de l’apaisement”, selon les termes du président du Pays. “Il faut que l’on ait une communication saine”, reconnaissait Magali Juventin, plus tôt dans la journée. Également ministre du Tourisme et ministre des Transports aériens internationaux, le président s’est emparé du dossier.
 
S’il s’est porté aux côtés des PNC dès le début du conflit, il sait que la compagnie ne peut pas tout accorder au personnel volant. “ATN est une compagnie dans un environnement hautement concurrentiel”, reconnaissait-il à la sortie de la réunion. À 20 heures lundi soir, la balle se trouvait de nouveau dans le camp des grévistes. Mais une issue au conflit social semblait plus que jamais à portée de main.

Rédigé par Jules Bourgat le Lundi 10 Juillet 2023 à 20:56 | Lu 4141 fois