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"Go fast", l'avocat général requiert quatre ans de prison ferme pour l'oncle


"Go fast", l'avocat général requiert quatre ans de prison ferme pour l'oncle
PAPEETE, le 22 mars 2018-Six prévenus comparaissaient jeudi devant la cour d'appel pour un vaste trafic familial de produits stupéfiants impliquant un oncle et son neveu, deux gros producteurs de cannabis originaires de la Presqu'île.

Les chiffres avancés par l'accusation ont de quoi donner le tournis : 14 000 pieds de pakalolo écoulés entre 2007 et 2012, pour un bénéfice estimé à 110 millions de francs pacifiques. Les deux principaux prévenus, un oncle et son neveu, avaient été condamnés à quatre ans de prison dont deux avec sursis par le tribunal correctionnel en mai 2017. Ils comparaissaient ce jeudi devant la cour d'appel de Papeete sur appel du parquet général qui jugeait que les peines arrêtées en première instance n'étaient pas assez élevée. Ils avaient été jugés coupables d'avoir mis en place une production quasi industrielle de cannabis, de l'élevage au conditionnement des plantes jusqu'au convoyage "sécurisé" des commandes passées par les clients, des grossistes et semi-grossistes de Papeete. Les quatre autres prévenus étaient deux femmes, la compagne et la belle-mère du neveu qui comparaissaient pour le convoyage des produits et deux semi-grossistes.

du "go slow" en Twingo

"Cette affaires de go fast porterait mieux le nom de go slow" s'amuse un des avocats de la défense. Sans parler de go fast comme on peut en voir en métropole, le transport s'effectuait en Twingo. Les deux producteurs confiaient à des complices, et parfois même à leurs compagnes, la mission de partir en éclaireur sur la route pour s'assurer qu'aucun gendarme ne viennent contrarier leurs plans en interceptant la marchandise filant vers la capitale.

Les pieds de pakalolo étaient vendus en pot, de 5 000 à 15 000 francs selon la vigueur des plants. Verts, ou séchés. Mais aussi conditionnés dans les traditionnelles boîtes d'allumettes ou dans les boîtes d'ice cream pour les commandes moyennes, et enfin en vrac dans des sacs-poubelles pour les grosses transactions dont certaines pouvaient atteindre les 500 000 francs l'unité.

De recoupements d'informations en filatures et autres écoutes téléphoniques, les gendarmes de la brigade de recherches avaient fait tomber toute l'organisation en juin 2012. Les perquisitions menées chez les deux producteurs, qui cultivaient chacun de leur côté, l'un à Vairao l'autre dans le delta d'une rivière reculée du Fenua Ai'here, avaient permis de découvrir plus de 3 000 plants d'un coup. On leur reproche trois à quatre cultures de cet ordre par an. Ces chiffres qui avaient été largement contestés en première instance, l'ont de nouveau été ce jeudi devant la cour d'appel de Papeete. "Ce sont les gendarmes qui avancent ces chiffres-là", s'agace l'oncle.

Alors que l'oncle plantait, il sous traitait à son neveu le convoyage de la marchandise. Le neveu, quant à lui, avait aussi des plants de Paka et chapeautait le transport de sacs plastiques de "200 litres" remplis.

Près de huit ans après les faits, les prévenus indiquaient de pas se souvenir de tout. "C'était il y a longtemps" se justifie le neveu. Alors que la belle mère avait été relaxée en première instance des faits d'association de malfaiteurs et de convoyage. Le parquet général a requis deux de prison avec sursis à son encontre. L'avocat général a tenu à démontrer que l'association de malfaiteurs était constituée pour l'ensemble des prévenus. Les six prévenus comparaissaient libres. L'avocat général a requis une peine alourdit pour l'oncle en requérant quatre ans de prison ferme au lieu des quatre ans ferme avec deux ans de sursis. Le parquet général a ensuite requis la confirmation de la peine de première instance pour le neveu soit quatre ans de prison dont deux ans avec sursis.

Rédigé par Marie Caroline Carrère le Jeudi 22 Mars 2018 à 17:49 | Lu 1876 fois