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Frottis, contraception, IVG... les sages-femmes ne s'occupent pas que des accouchements


"Ah bon, je peux consulter une sage-femme pour un frottis ou une pilule ?" Oui, du moment que vous êtes en bonne santé. Car la pratique de ces professionnelles ne se limite pas aux grossesses et aux accouchements, comme souhaite le rappeler le gouvernement.

La ministre de la Santé Marisol Touraine lancera mercredi une campagne nationale d’information sur "la diversité des compétences des sages-femmes", mal connues du grand public. Et pas toujours soutenues par les médecins.

Les sages-femmes peuvent notamment, depuis 2009, assurer le suivi gynécologique des femmes "tout au long de la vie" et prescrire des moyens de contraception: frottis, examen des seins, pose de stérilet s'ajoutent ainsi à la rééducation périnéale ou encore à la vaccination de la patiente et de son nourrisson. 

Un atout à faire valoir pour désengorger les cabinets des gynécologues et favoriser les dépistages des cancers du col de l'utérus, à l'heure où moins de la moitié des femmes réalise régulièrement des frottis, selon l'Institut national du cancer.

D'autant plus que la consultation "ne coûte que 23 euros", plaide Adrien Gantois, sage-femme libérale qui, comme les quelque 5.000 autres que compte la France (sur un total de près de 22.000), ne pratique pas de dépassement d'honoraires.  

Mais la pathologie relève des médecins, rappelle Sophie Guillaume, présidente du Collège national des sages-femmes de France. "Si les patientes ont de l'hypertension ou sont diabétiques, par exemple, elles sont redirigées vers un gynécologue", souligne-t-elle.

Les compétences des sages-femmes ont encore été élargies début juin, la loi Santé leur permettant de vacciner l'entourage du nourrisson et de pratiquer des interruptions volontaires de grossesse (IVG) médicamenteuses, là encore pour pallier des difficultés d'accès à l'IVG. 

Reste que même "les pharmaciens ou les généralistes sont parfois surpris quand ils découvrent ce qu'on fait", explique Adrien Gantois, constatant toutefois que les choses s'améliorent, "bouche-à-oreille" oblige.  

- Le 'choix' des femmes -

"On a gagné en visibilité grâce à notre mouvement de grève" lancé il y a un peu plus de deux ans, abonde Sophie Guillaume.

C'est à cette époque que le gouvernement s'est engagé à lancer la campagne qui avait manqué en 2009 pour accompagner leurs nouvelles missions, à défaut de leur avoir accordé le statut de praticien hospitalier qu'elles réclamaient dans le public.  

"Il s'agit de dire clairement que les femmes ont le choix entre plusieurs professionnels de santé", résume Caroline Raquin, de l'Organisation nationale syndicale des sages-femmes.  

Au risque de faire grincer quelques dents. Récemment, le syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof) a dénoncé dans un communiqué la possibilité, pour les sages-femmes pratiquant des IVG médicamenteuses, de prescrire des arrêts de travail.  

Or, ces derniers sont associés à une situation pathologique, et donc aux médecins, rappelle le syndicat, déplorant les "prémices d’une médecine pleinement exercée par une profession qui ne l’a jamais apprise, avec les risques que cela comporte pour les patientes". 

"Nous ne sommes pas contre le développement des sages-femmes, mais notre mot d'ordre, c'est chacun à sa place", assure à l'AFP son président, le docteur Bertrand de Rochambeau, tout en appelant à plus de dialogue entre les deux professions pour qu'elles "travaillent main dans la main".  

Chez les sages-femmes, on remarque le fossé générationnel entre "les syndicats et les séniors d'un côté", qui ont "peur de perdre leur patientèle", et les jeunes médecins de l'autre qui, sur le terrain, apprécient la collaboration.  

Une situation qu'illustre parfaitement Mélanie, sage-femme de 36 ans qui exerce à mi-temps à l'hôpital et a ouvert un cabinet à Versailles en association avec... une gynécologue. "On est très complémentaires", se réjouit la jeune femme. Souvent, les patientes qui appellent au cabinet pour le médecin sont surprises de se voir proposer un rendez-vous avec Mélanie. "Certaines refusent, d'autres sont très contentes", explique la jeune femme. 

De quoi laisser plus de temps à la gynécologue pour s'occuper "des kystes aux ovaires, des fibromes ou des procréations médicalement assistées".

avec AFP


Rédigé par RB le Lundi 20 Juin 2016 à 05:07 | Lu 407 fois