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Fritch veut "la vraie paix" avec Flosse


Tahiti, le 17 avril 2023 - En difficulté après les résultats du premier tour des élections territoriales et les 5 000 voix de retard sur le Tavini, le président du Tapura Édouard Fritch a proposé une alliance avec le Amuitahira’a de son ancien mentor Gaston Flosse. S’il se dit prêt à aller jusqu’à lâcher la tête de liste, les discussions doivent encore se mener toute la journée de mardi pour une fusion avant le dépôt des listes fixé à 18 heures au plus tard.
 
Comment expliquez-vous la perte d'électeurs ?

“C'est vrai que l'on a perdu une partie de nos électeurs. Il nous en manque une dizaine de milliers quand même. Par rapport au premier tour nous sommes en déficit de 5 000 électeurs. La première analyse que l'on peut faire c'est qu'avec les départs de Nicole Sanquer, de Nuihau Laurey, de Teva Rohfristch et de Nicole Bouteau il ne fallait pas s'attendre à ce que le nombre d'électeur du Tapura huiraatira augmente. C'est bien une érosion qui a eu lieu ; des personnes de chez nous qui ont migré vers ces deux nouveaux partis. Je dirais aussi que Teva Rohfritsch a fait un score honorable parce qu'ils n'ont pas eu autant de temps que les autres pour préparer cette élection. Et il a raison de dire que c'est pas mal.”
 
Une tentative de rapprochement avec le Ia Ora te Nuna'a ?

“Je ne fais pas du charme, j'essaye d'être réaliste. Ça peut être aussi de l'ironie mais ce n'est pas du tout cela. Je connais les machines politiques et je sais que ce n'est pas évident, même si on récupère des voix du parti mère.”
 
Des discussions avec Nuihau Laurey et Teva Rohfristch sont-elles possibles ?

Le premier réflexe est plutôt de s'adresser aux listes qui ne sont pas présentes au second tour. Nuihau Laurey est présent au second tour et c'est évidemment plus compliqué de discuter avec eux parce qu'ils vont se battre pour avoir un maximum de voix. Et comme j'ai pu le comprendre dans la presse A Here ia Porinetia a des prétentions très élevées. Donc oui : je me tourne vers Jacky Bryant, Teva Rohfristch, voire même s'il le faut le Amuitahira'a.”
 
Vous avez déjà pu contacter certains d'entre-eux ?

Ce lundi je n'ai pas pu avoir Teva Rohfritsch au téléphone. Ce mardi matin je dois m'entretenir au téléphone avec Jacky Bryant. Et pour le Amuitahira'a nous sommes en contact avec Gaston Flosse.”
 
Lors d'une séance à l'assemblée les débats ont été houleux entre vous et Teva Rohfritsch. Est-ce-que vous pensez que tout a été effacé ?

Je suis un homme comme les autres et je sais qu'il y a des choses qui sont difficiles à accepter. Cela dit, les joutes verbales à l'assemblée de la Polynésie française il y en a presque tout le temps. Et surtout lorsqu'on ne se respecte pas quand on a la parole. C'est ce qui s'est produit avec Teva qui insistait et qui coupait la parole au gouvernement. Je le dis toujours respectez-nous et nous vous respecterons. Après il y a eu ce dérapage et je me suis déjà expliqué et on le regrette toujours.”
 
Vous dîtes être en contact avec Gaston Flosse. On parle d'une fusion ou d'un soutien ?

Une fusion c'est très compliqué. Nous devons discuter des listes ce mardi. Retirer des personnes d'une liste ? Il faut la voir, discuter avec elle et y rajouter d'autres personnes qui ne sont pas du parti. C'est aussi compliqué parce qu'il faut convaincre les colistiers. Je ne suis pas opposé, mais peut-être pas en grande quantité. Je comprends cette demande du Amuitahira'a. Si on veut des électeurs il faut que l'on ait des représentants sur cette liste. On a vu quelques tensions et cette campagne n'a pas été de tout repos pour nous tous.”
 
Est-ce-que vous ne redoutez pas que l'on vous reproche une possible alliance avec Gaston Flosse ?

Peut-être que certains verront de la malice, mais ce qui est certain c'est que je n'ai jamais renié mes origines politiques dans mes discours publics et politiques. Je reconnais bien volontiers que j'ai été à bonne école. J'étais avec le maître de la politique de ce pays et il nous a appris beaucoup de choses. C'est à nous après de retenir ce qui est bon et de mettre de côté ce qui ne l'est pas.”
 
Sur la stratégie des maires, elle a moins bien marché qu'en 2018...
“À bien y regarder, je crois que c'est grâce à la candidature des maires sur nos listes que le Tavini huiraatira ne l'a pas emporté dès le premier tour. Je ne l'ai pas bien vu le soir de l'élection à Pirae, mais quand on analyse les résultats globaux c'est vrai qu'il y a une vraie poussée du Tavini huiraatira et je pense que la présence des maires nous a sauvé un la peau.”
 
Dimanche soir vous appeliez à l'alliance des autonomistes. Sauf que Gaston Flosse ne défend plus cette idéologie. Vous êtes prêt quand même à vous allier à lui ?

“Gaston Flosse a toujours un coup d'avance. Il est dans les dix années à venir. Flosse, comme il l'a toujours été, il voit une évolution statutaire tous les dix ans. Ce n'est pas un indépendantiste. Il ne faut pas faire la confusion qu'on a pu faire avec Pouvana'a a Oopa. Pouvana'a n'a jamais été indépendantiste, il était fortement autonomiste et je pense que Gaston Flosse n'est pas encore indépendantiste. Il y a certaine compétence qu'il souhaite obtenir. Je pense aux relations étrangères. Je pense à tout ce qui est richesse océanique parce que là aussi il veut que ce soit écrit noir sur blanc que nous sommes propriétaires de notre océan et de ce qu'il y a au fond. Ce sont des choses comme ça qu'il réclame. Mais indépendantiste ? Non il ne l'est pas !”
 
Sur les compétences que vous venez de citer vous être prêts à y aller ?

Sur les relations extérieures, je le demande encore aujourd'hui. Sur l'océan et tout ce qu'il y a au fond, je n'ai pas de penchant particulier sur la question mais ce sont des ressources qui peuvent nous rapporter beaucoup d'argent et surtout pour le financement des affaires du pays.”
 
Qui a tendu la main à l'autre ? 

“C'est moi qui lui ai tendu la main.”
 
Qu'est-ce-que vous seriez prêt à lâcher ? Des têtes de liste ?

“Cela ne dépend pas que de moi. Oui des têtes de section par exemple ou un certain nombre de personne sur la liste. Cela me demande des efforts mais je suis prêt à les faire. Il faut aussi que je convainque mes colistiers et mes têtes de section.”
 
Est-ce-que vos colistiers seront prêts à vous suivre ?

Je ne suis pas prêt à le dire maintenant.”
 
Votre rencontre avec Gaston Flosse est programmée pour quand ?

“Je ne le sais pas encore, mais j'espère que cette fois-ci ça sera pour du long terme. Si l'on se voit ça sera pour faire la paix. La vraie paix. On aurait pu le faire avant mais ce sont les circonstances de la vie qui font que les choses se passent comme ça. À un moment donné on a besoin d'être en paix avec soi-même et on a besoin même du soutien des autres. Il n'y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas.”
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun et Antoine Samoyeau le Lundi 17 Avril 2023 à 22:40 | Lu 7168 fois