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French bee vise 30% du marché polynésien


Jean-Paul Dubreuil, le président du conseil de surveillance du groupe Dubreuil. Ici, lors d'une conférence de presse donnée lundi matin à Punaauia.
Jean-Paul Dubreuil, le président du conseil de surveillance du groupe Dubreuil. Ici, lors d'une conférence de presse donnée lundi matin à Punaauia.
PUNAAUIA, 14 mai 2018 - Les dirigeants de French bee ont tenu une conférence de presse pour présenter en détail le fonctionnement de la première compagnie aérienne low cost long-courrier.


Les grandes dates de French bee

Le 10 septembre 2016, la compagnie inaugure son premier vol commercial, à destination de l’Amérique du sud, à Punta Cana. L’année suivante, le 16 juin 2017, French bee opère son premier vol entre l’aéroport parisien d’Orly et l’île de La Réunion. Deux mois plus tard, livraison de son premier A350 flambant neuf. Puis, en octobre dernier, les patrons de French bee, Jean-Paul Dubreuil et Marc Rochet rencontrent le gouvernement polynésien qui leur réserve "un accueil chaleureux". Enfin, vendredi 11 mai, French bee inaugure une nouvelle liaison entre Orly et Papeete avec escale à San Francisco.

Une entreprise "100% familiale"

S’ils répètent que leur modèle n’est pas "une concurrence destructrice" et qu’ils "respectent" leurs deux concurrents, Jean-Paul Dubreuil joue cartes sur table : "Nous ne sommes pas une association, nous sommes là pour gagner de l’argent." Mais ils arrivent avec "une démarche positive pour la Polynésie", en entretenant notamment un lien fort avec les pensions de famille. L’entreprise se définit comme une structure légère animée par un esprit de start up. L’équipe de direction est composée d’experts de l’aviation, du numérique et du low-cost. French bee est composée de 220 personnes issues de huit nationalités différentes.

Allier qualité et prix bas

Lors du cocktail donné en l’honneur de French bee, dimanche soir, Edouard Fritch a préféré le terme de Smart-cost plutôt que de low-cost. Marc Rochet pourrait y adhérer. Sa stratégie repose sur une offre simple et des options payantes à la carte : "Contrairement à une idée reçue, le low-cost ne doit pas se faire au détriment de la qualité". L’exemple choisi est éclairant : "On pourrait mettre des bancs dans un avion. Les passagers viendront une fois, mais pas deux."

Pour allier confort, qualité et prix bas, French bee est parti d’une "feuille de papier blanc". Il a fallu tout réinventer. Le modèle est basé sur des appareils les plus modernes pour consommer moins de carburant et avoir des avions plus fiables et avec une haute qualité de service. Marc Rochet résume en une formule l’état d’esprit du service qui doit être rendu aux passagers : "Non pas les transporter mais les faire voyager dans de bonnes conditions."

Le modèle de La Réunion

L’île de La Réunion dans l’océan indien est desservie par cinq compagnies aériennes. French bee est parti d’une intuition assez simple : "Si on baisse les prix de 20%, on augmente le marché de 20%", explique Jean-Paul Dubreuil. Le résultat est sans appel. Le trafic vers La Réunion a augmenté de 10% en 2017 et French bee a pris d’abord 15% de parts de marché puis près de 19% entre octobre et mars. Et globalement, le trafic entre Paris et Saint-Denis de La Réunion a augmenté de 24,9% en mars 2018 comparé à l’année précédente. Sur les onze premiers mois d’exploitation, Jean-Paul Dubreuil explique que la compagnie a obtenu un résultat d’exploitation "très positif". Conclusion : "Le marché a augmenté, les prix ont baissé et le tourisme s’est développé." Et avec ses prix bas, French bee a séduit de nouveaux clients qui n’avaient jamais pris l’avion et permis à d’autres de voyager plus souvent.

Objectif : 30% du marché polynésien

Il s’agit désormais de reproduire le même succès avec la destination Tahiti. Marc Rochet rappelle que "Tahiti, c’est un nom magique" qui est identifié "partout dans le monde". Un peu plus de 600 000 passagers voyagent à Tahiti chaque année. Il y voit "un potentiel de croissance de 10 à 15 %". Jean-Paul Dubreuil affiche l’objectif : conquérir 30% du marché de l’aérien polynésien "qui aura progressé de 20%". Il n’est pas convaincu par l’argument selon lequel les hôtels de Tahiti n’auraient pas la capacité d’accueillir plus de touristes. Mais French bee souhaite aussi faire voyager davantage les Polynésiens, qui, eux, ont déjà un logement. Marc Rochet le souligne : "On est là pour longtemps, pour durer."

L’escale à San Francisco

Cette première escale a semblé un peu chaotique pour certains passagers, avec de longues files d’attente pour s’enregistrer avant de monter dans le deuxième avion vers Papeete. Jean-Paul Dubreuil a entendu ces remarques. Il préfère voir "le verre à moitié plein" en rappelant que c’est une nouvelle destination directe qui s’ouvre pour les Polynésiens. D’autant que l’escale à Los Angeles, "c’est plutôt pire". Mais il assure vouloir "travailler avec les autorités américaines pour réduire les inconvénients du transit".

Plutôt San Francisco ou Papeete ?

Les voyageurs séduits par French bee sont-ils davantage attirés par les plages de Tahiti ou par la ville de San Francisco ? Sur les 40 000 premiers billets d’avion déjà vendus par French bee, 21 000 billets ont été achetés pour la liaison complète de Paris à Papeete. Le reste se partage à peu près à parts égales entre Paris-San Francisco et San Francisco-Papeete. Mais l’objectif est bien de privilégier la longue distance. Pour réussir son pari, French bee doit remplir au mieux tous ses avions : "Il faut vendre autant de billets sur les deux tronçons", estime Jean-Paul Dubreuil.

Rédigé par Serge Massau le Lundi 14 Mai 2018 à 14:32 | Lu 4554 fois