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French Bee : "Nous allons augmenter notre fréquence sur les mois creux"


Marc Rochet, président de la compagnie aérienne French Bee.
Marc Rochet, président de la compagnie aérienne French Bee.
PAPEETE, 29 avril 2019 - Le président de French Bee a annoncé lundi lors d'un entretien accordé à Tahiti Infos que la compagnie aérienne low-cost long courrier envisage d'ajouter une troisième fréquence hebdomadaire en basse saison, sur la route Paris-Tahiti. 

Il devrait s'agir d'un vol programmé en milieu de semaine, de mi-octobre à mi-décembre prochains. Dès 2020, Marc Rochet a également annoncé lundi que la compagnie French Bee planifie de pérenniser ce troisième vol hebdomadaire sur le tronçon Paris-Tahiti, via San Francisco, durant la basse saison. "Dix à douze" recrutements supplémentaires sont en outre programmés au plan local dès septembre prochain, pour porter à une trentaine l’effectif du personnel employé à Tahiti.

Le président de la compagnie low-cost long courrier française est actuellement au fenua pour célébrer le premier anniversaire de la ligne Paris-Tahiti opérée par French Bee. L'occasion de faire avec lui le point sur cet exercice et d'évoquer les projets de croissance de la compagnie aérienne sur la destination Polynésie française.

Votre compagnie exploite depuis bientôt un an la liaison aérienne Paris-Papeete, via San Francisco. Quel bilan faites-vous de cette activité ?
Un bilan de satisfaction. Et c’est d’ailleurs pour cela que nous sommes venus ici sur place, à Tahiti, cette semaine, rencontrer les principaux acteurs du secteur du tourisme, puisque c’est l’activité la plus porteuse et celle qui est générée par les échanges aériens. Nous avons aussi des personnels sur place, une vingtaine. Notre message clé est de dire merci aux Polynésiens, parce qu’ouvrir une ligne c’est quelque chose, utiliser les bons appareils c’en est une autre ; mais encore faut-il que les gens adhèrent au projet. Et vous ne pouvez jamais être sûr à 100 % que ce que vous avez conçu sera parfaitement adapté aux attentes de la clientèle.
De ce point de vue, les chiffres parlent d’eux même : nous avons transporté près de 140 000 passagers depuis bientôt un an ; notre coefficient de remplissage tourne autour de 80 %. Cela prouve que ce que l’on a proposé était ce que les gens attendaient.
Derrière tout cela, ce qui nous satisfait encore plus – nous et les autres, soyons collectifs – c’est que nous avons certainement apporté notre contribution à la croissance de l’activité touristique en Polynésie : les gens voyagent plus facilement et voyagent plus. Tant mieux pour tout le monde
.
 
L’activité de transporteur aérien est saisonnière. Arrivez-vous à tirer votre épingle du jeu en basse saison ?
Nous avons démarré avec un programme de vols qui tenait compte de cette saisonnalité. (…) Cela nous a permis de monter un programme avec deux fréquences dans les creux et trois en sur la période la plus chargée. Pour simplifier, sur l’année nous avons trois fréquences pendant sept mois et deux pendant cinq mois.
Compte tenu de nos résultats qui sont satisfaisants, nous allons passer à trois fréquences sur les mois creux de la fin d’année et globalement de détendre en passant à trois fréquences durant 9 mois. Petit à petit nous allons essayer de gommer cette saisonnalité. Il n’y a qu’une arme avec laquelle on gomme cela : c’est celle du prix. C’est-à-dire qu’en creux, nous allons baisser les prix pour stimuler l’activité de voyage et les inciter les clients qui sont en mesure de disposer de leur temps de profiter des offres de basse saison.
 

L’arrivée de French Bee à Tahiti a provoqué une baisse moyenne du prix des billets, toutes compagnies confondues, sur le tronçon Paris-Papeete. Diriez-vous à l’origine de ce phénomène ?
On est sans doute à l’origine de ce phénomène, ponctuellement. Mais je vais remettre cela dans un cadre plus large. C’est vrai que sur Tahiti, il y avait une certaine forme de situation de statu quo, avec Air France et Air Tahiti Nui. Chacun faisant sa part de la mission. Et, lorsque, quelques mois avant d’ouvrir la ligne, nous étions venus ici, avec Jean-Paul Dubreuil, pour prendre les premiers renseignements, rencontrer les autorités et les opérateurs, on nous avait dissuadé de venir, nous expliquant que les hôtels étaient pleins et que les possibilités de développement restaient limitées.
Nous avions un autre point de vue : partout où on a baissé les prix, on observe une croissance du trafic et de l’activité touristique. On voit les effets de saisonnalité se gommer. Et on observe aussi quelque chose de très important – et qui fonctionne très bien ici : d’autres possibilités d’hébergement se développent en marge de l’offre hôtelière. Les hôtels ont leur part. Elle est importante. Mais les maisons et pensions de famille, les logements chez l’habitant, les échanges familiaux se multiplient. Nous avons participé à ce mouvement. On en a été le déclencheur, mais il faut être très clair : si nous n’avions pas été là, quelqu’un d’autre l’aurait fait à notre place
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Le résultat opérationnel de votre compagnie sur le tronçon San Francisco-Papeete est déficitaire en 2018 (-0,7 %), sur la base d’un taux de remplissage de 79 %. Etes-vous confiant dans la capacité de croissance du trafic et dans la viabilité économique de votre activité sur cette ligne ?
Tout à fait. Et c’est d’ailleurs pour cela que nous allons augmenter la fréquence de vols sur les mois creux. Nous allons passer de deux à trois vols par semaine. Nous avons présent pour 2018 des résultats qui sont tout juste à l’équilibre. Mais il ne faut pas perdre de vue que l'on parle d'un tout jeune bébé. La compagnie est née il y a à peine deux ans. Nous avons beaucoup investi en achetant les plus gros avions. Nous sommes en phase de croissance : nous recevons un nouvel A350-900 au mois de juin ; un autre en juin 2020 et deux A350-1000 en 2021. Forcément, il faut investir et cela se reflète dans les comptes. Mais si on fait tous ces investissements, c’est parce que l’on y croit. Là, il n’y a pas de débat.
 
Prévoyez-vous de nouveaux recrutements basés en Polynésie ?
Nous avons recruté localement parce que nous sommes une compagnie récente. On s’aperçoit en effet qu’une façon efficace de bien comprendre le marché est de s’appuyer sur des personnels locaux. (…) Au mois de septembre prochain, nous procéderons à de nouveaux recrutements pour ajuster nos effectifs au plus près. En fonction du succès des candidats aux tests de sélection, nous comptons recruter 10 à 12 personnes.
 
Quelles sont les perspectives de French Bee sur le Paris-Papeete en 2019 ? 
Pour l’instant c’est de consolider le travail qui a été fait. Nous voulons améliorer notre desserte en basse saison. C’est pour cela que nous allons augmenter nos vols sur les mois creux. Nous voulons également améliorer notre fréquence sur l’activité de cargo : nous transportons du fret sur Tahiti ; on va essayer d’en exporter plus. Tout cela se lance, se rôde, se construit. Notre objectif est de conforter ce que nous avons fait. Nous sommes contents de nos résultats. Nous n’avons pas d’ambitions démesurées. Nous travaillons également avec French Bee sur d’autres destinations à l’horizon 2020. Et cela nous demande beaucoup d’énergie. Nous avons des moyens qui sont certes importants mais qui nous imposent de rester raisonnables.

Rédigé par Propos recueillis par Jean-Pierre Viatge le Lundi 29 Avril 2019 à 16:28 | Lu 6248 fois