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François Morel ressuscite Raymond Devos


Paris, France | AFP | mardi 18/12/2018 - "Raymond Devos n'est pas un comique de vannes. Son espace, c'est l'imaginaire": François Morel rend hommage au maître de l'humour absurde en reprenant ses plus grands textes sur la scène du théâtre du Rond-Point, à Paris, dans un hommage touchant.

"On a tort de penser que la spécialité de Devos, c'est le jeu de mots", dit à l'AFP le comédien révélé en 1988 par la série "Palace" de Jean-Michel Ribes dans le rôle du groom, et surtout par "Les Deschiens", la satire à succès de Macha Makeïeff et Jérôme Deschamps.
Touche-à-tout surdoué, à la fois comédien, chanteur, parolier, écrivain et chroniqueur sur France Inter depuis 2009, François Morel s'empare des textes de Raymond Devos disparu en 2006, en délivrant une interprétation toute personnelle, bien loin de l'imitation.
"Devos occupe une place irremplaçable pour qui l'a vu sur scène mais je le trouve aujourd'hui un peu oublié", regrette François Morel à l'affiche jusqu'au 6 janvier avant une tournée de mars à juin.
Accompagné d'un pianiste dans le rôle du faire-valoir, comme Devos en avait pris l'habitude, François Morel se délecte des poèmes, calembours et idées fixes de celui qui "repensait le monde avec son absurdité irrésistible".
"Devos ne ressemblait à personne. Personne, plus jamais, ne lui ressemblera avec son grain de folie capable d’enrayer la mécanique bien huilée de la logique et du quotidien", souligne le comédien.
François Morel s'autorise quelques entrées clownesques "qu'il avait besoin de faire à sa façon", notamment en inventant un savoureux dialogue entre Dieu et Devos au seuil du paradis, ponctué d'éclairs foudroyants.
Face à Devos, le Bon Dieu en serait resté coi. "Si vous êtes coi, répondit Devos selon François Morel, vous redevenez une interrogation pour nous les Hommes. Si vous êtes une interrogation, je pourrais me remettre à croire en vous".
"J'ai voulu respecter l'esprit des spectacles de Raymond Devos qui étaient à chaque fois de grands moments de music-hall", explique-t-il. Bien entendu, les mini-concertos à la scie égoïne et à l'orgue à bouche reprennent du service. 
Parmi les textes ressuscités de Devos, "Mon chien, c'est quelqu'un", "Sens dessus dessous", "Parler pour ne rien dire" avec parfois de singulières résonances avec l'actualité: "Est-ce en remettant toujours au lendemain la catastrophe que nous pourrions faire le jour même, que nous l'éviterons ? Si le gouvernement actuel n'est pas capable d'assurer la catastrophe, il est possible que l'opposition s'en empare!".

le Mardi 18 Décembre 2018 à 05:47 | Lu 485 fois