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Forum, politique locale et transfert de compétences: le point de Gaston Tong Sang


Forum, politique locale et transfert de compétences: le point de Gaston Tong Sang
Gaston Tong Sang s'est longuement exprimé hier lors d'une conférence de presse sur les sujets qui ont marqué l'actualité locale ces derniers temps: le Forum du Pacifique/ ONU, et la question des transferts de compétences Etat/pays dans l'éducation. Il est également revenu sur la situation institutionnelle et politique du Pays:

Communiqué du To Taou Ai'a:

"I. Forum du Pacifique / ONU
Notre groupe se félicite, bien évidemment, de la décision prise par les membres du Forum des îles du Pacifique, qui nous paraît relever du bon sens.
Les différentes délégations ne sont pas tombées dans le jeu d’Oscar TEMARU qui n’a pas hésité à travestir la réalité de notre pays pour mieux servir ses intérêts idéologiques.
Nous prenons acte de cette décision responsable du Forum et n’en attendons pas moins de l’Organisation des Nations Unies qui a toutes les informations nécessaires pour apprécier objectivement la situation réelle de notre pays.
Il est donc évident que le président du Tavini a échoué dans ses démarches. Nous aurions espéré que cela lui fasse prendre conscience de la nécessité de se recentrer sur les problèmes réels de notre pays : soutien à l’économie dans cette période de crise, réforme fiscale, réforme de l’administration, gestion du déficit de la CPS, et bien d’autres ! Malheureusement, il semble que le revers qu’il a pris au Forum ne lui ait pas servi de leçons puisqu’il continue à ignorer ses responsabilités de président de la Polynésie française et préfère poursuivre sa mascarade en tant que président de Maohi Nui.
Nous ne nous attarderons pas sur cette volonté unilatérale de changer de nom à notre pays, sans jamais consulter notre population, comme il en a désormais l’habitude. Une nouvelle preuve, s’il en est, de son manque total de sens démocratique !
Il ne nous appartient plus, à présent, de tergiverser à nouveau sur cet échec dont les militants du Tavini, qui se sont fait berner à attendre l’indépendance depuis longtemps, ont clairement conscience.
En revanche, nous souhaitons insister sur l’attitude irrespectueuse du Sénateur Tuheiava qui a outrepassé ses fonctions pendant tout son déplacement dans le Pacifique. Celui-ci s’est en effet permis, sous couvert de son mandat de Sénateur de la République française :
- D’apporter un soutien officiel et formel au régime dictatorial en place à Fidji. Ceci alors même que tous les pays démocratiques du monde dénoncent quotidiennement les violations des droits et libertés du gouvernement putchiste actuel ;
- De déclarer officiellement que le régime fidjien ne devait pas être regardé au travers du « prisme occidental de la démocratie et des droits de l’homme », sous-entendant une volonté de mettre fin à la démocratie à l’occidentale dans sa Polynésie indépendante ;
- De remettre en cause l’image de la France en l’accusant publiquement de « déni de démocratie ».
Ces déclarations et cette attitude nous apparaissent indignes d’un Sénateur de la République française. Nous en avons d’ailleurs informé M. Gérard LARCHER, Président du Sénat, par courrier.
Et si M. TUHEIAVA na pas vu ses billets d’avion et ses séjours à l’étranger payés par le pays, il n’en demeure pas moins que c’est au travers de ses émoluments de Sénateur de la France qu’il parcourt le Pacifique pour dénigrer cette Nation qui lui a permis d’obtenir un mandat aussi prestigieux !
Nous l’invitons donc à aligner sa situation matérielle à ses convictions idéologiques et à couper tout lien et toute fonction qui l’associerait à cette Nation qu’il critique ouvertement sur la scène internationale.
Par ailleurs, nous attendons la décision du Tribunal quant à la légalité de la résolution qui a permis, à M. DROLLET et à ses comparses, de voyager au frais de l’assemblée pour prôner leur idéologie politique. Nous avons sollicité du président de l’assemblée plus d’informations quant à la légitimité de ce déplacement qui s’est organisé au frais de l’assemblée mais au seul bénéfice du groupe UPLD. Il nous importe de faire la lumière sur les dépenses engagées.

Traduction des conclusions du Forum du Pacifique

II. Situation institutionnelle et politique locale
En ce qui nous concerne, nous souhaitons, au plus tôt, que ce soit mis un terme à cette polémique stérile qui ne fait qu’envenimer nos relations avec l’Etat.
Pour nous, notre autonomie a démarré dès 1880, lorsque, par Traité, le roi Pomare a souhaité l’unification de la Polynésie à la France. Cette date a marqué la refondation de la société polynésienne dans un ensemble national plus vaste, dans un partage de valeurs entre nos deux cultures.
Si Pomare n’avait pas signé ce traité, nous aurions alors été anglais… et indépendants depuis bien des décennies, dans une situation économique et sociale difficile, à l’image de nos voisins de la région qui ne vivent que des subsides de leur diaspora exilée en Australie et en Nouvelle-Zélande, et qui sont incapables d’offrir de vraies perspectives d’avenir à leur jeunesse.
Mais peut-être est-ce là ce qu’aurait préféré le président du Tavini ?
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Lors des débats en commission des institutions sur la résolution demandant la réinscription, M. Jean-Marc REGNAULT, lorsqu’il présentait la situation calédonienne, annonçait une troisième voix institutionnelle possible : cette 3ème voix c’est l’autonomie à la polynésienne !
Notre statut, notre autonomie, ne sont pas des situations transitoires. Si la Calédonie doit impérativement sortir, à terme, du cadre des accords de Nouméa et de Matignon, notre pays est dans un cadre institutionnel stable et permanent. Il ne nous est pas imposé d’évolution supplémentaire.
Il nous appartient d’apprendre à vivre et à assumer pleinement notre autonomie. Cela se fera en prenant à bras le corps nos responsabilités ainsi qu’établies dans le statut.
Mais cela se fera également en respectant l’ensemble des textes qui nous gouvernent, et notamment le Traité de 1880. C’est dans cette optique, dans cette logique de fonctionnement, que la Nouvelle-Zélande a pu apaiser les tensions et arriver à un équilibre institutionnel durable : en reprenant et en respectant les termes du Traité de WAITANGI, dont certaines dispositions n’avaient jamais été respectées.
Pour revenir à une certaine stabilité institutionnelle, il convient de respecter les termes de ce Traité et notamment en ce qui concerne le foncier.
C’est pourquoi nous avons sollicité de l’Etat et de Nicolas SARKOZY, d’assurer, dans les meilleurs délais, la mise en place du Tribunal foncier. Alors que l’Etat accroît utilement le nombre de magistrats dans notre pays, et nous nous en félicitons, il faut que cela se fasse dans l’optique de mettre en place le Tribunal foncier et de garantir la mise en place de règles respectant notre histoire et notre culture.
Cette reconnaissance des termes du Traité, et leur mise en application, seront le meilleur moyen pour l’Etat de confirmer son engagement quotidien auprès des polynésiens.
Pour apaiser les débats identitaires, dans la continuité de la reconnaissance du « fait nucléaire », nous appelons également à une réhabilitation de Pouvanaa A Oopa. Pouvanaa a toujours été respectueux de la France et de l’Etat, il était autonomiste de cœur.
Sachons réhabiliter son histoire et sachons rénover son héritage pour garantir le maintien de relations paisibles et loyales avec la France.

III. Question du transfert de l’éducation de l’Etat au pays
Et il ne sera, dès lors, plus utile d’envisager un quelconque référendum sur le transfert des compétences.
Ce transfert n’a jamais fait l’objet d’un tel référendum car l’évolution de l’autonomie s’est faite naturellement pour en arriver à ce qu’elle est aujourd’hui.
Il convient de ne pas envisager d’évolution car nous devons avant tout assumer nos compétences actuelles.
L’essentiel reste pour nous de préserver l’autonomie, de rétablir le dialogue avec l’Etat et de travailler enfin à préparer un projet de société pour l’avenir de notre pays au sein de la République.
C’est notre optique à To Tatou Ai’a : d’ici à 2013, il conviendra de bâtir un programme pour les années à venir, affirmer notre engagement autonomistes et nous munir de tous les leviers qui sont à notre disposition, au travers de nos institutions mais également de nos représentants au niveau national, pour assurer des perspectives à notre jeunesse.
D’ici là, nous jouerons notre rôle d’opposition en censurant toutes les actions du gouvernement qui n’iront pas dans le sens de l’intérêt de notre population. Ce sera notre combat jusqu’en 2013 et, d’ici là, nous ne manquerons pas de toute faire pour rétablir le projet autonomiste auprès de nos concitoyens.

Rédigé par Communqiué TTAA le Jeudi 15 Septembre 2011 à 09:26 | Lu 982 fois