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Forte houle : plus de peur que de dégâts


A Mataiea, la mer va grignoter la route, par dessous.
A Mataiea, la mer va grignoter la route, par dessous.
COTE OUEST, le 23 juillet 2015. Avec jusqu'à 4,5 mètres de haut sur certains points de la côte Ouest de Tahiti, la houle de mercredi était importante. Mais le phénomène est naturel et régulier durant cette saison. Il est néanmoins amplifié par l'urbanisation.

Pas de panique, la forte houle de ces derniers jours, avec des paquets de mer qui entrent dans les jardins ou dans les marinas, n'est pas encore une conséquence des vastes changements climatiques mondiaux. Il ne s'agit pas encore de la montée des eaux inexorable qui menace d'ici quelques décennies les îles basses du Pacifique. A cette période de l'année, durant l'hiver austral, ce phénomène est même tout à fait normal.

A Météo France, Michel Le Goff, prévisionniste explique : " Durant cette saison nous avons des systèmes dépressionnaires qui arrivent des hautes latitudes et restent parfois bloqués chez nous, en état stationnaire entre la Nouvelle-Zélande et le sud de la Polynésie. Il provoque une houle plus importante qu'à l'accoutumée. Celle de ce mercredi était très marquée. Avec une hauteur de houle de 4,5 mètres sur les Îles de la Société, c'est un phénomène qui se produit environ tous les cinq ans ".

La marina Taina de Punaauia s'est retrouvée les pieds dans l'eau.
La marina Taina de Punaauia s'est retrouvée les pieds dans l'eau.
LA MARINA TAINA SUBMERGEE

Normal ou pas, cette montée des eaux en a surpris plus d'un et a occasionné quelques dégâts. A la marina Taina de Punaauia, personne ne se souvient d'avoir eu de l'eau jusque sur le parking depuis, au moins 15 ans. Il faudra donc réparer quelques parties de quais flottants et remettre en état certains équipements, mais l'estimation des travaux ne dépasse pas le million de francs. " Habituellement nous avons surtout des dégâts avec une forte houle accompagnée de vent, cette fois il ne s'agit vraiment que d'une montée des eaux et c'est la première fois que je vois l'eau monter aussi haut dans les terres. Les dégâts restent cependant limités parce que finalement le niveau de l'eau est monté progressivement, je m'attendais à pire " témoigne un responsable de la division technique du port.


A Paea, la mer est rentrée dans quelques jardins
A Paea, la mer est rentrée dans quelques jardins
PAEA, LE LAGON S'INVITE DANS LES JARDINS

Dans les jardins des habitations situées face à la mer de la côte ouest, les résidents ont vu la mer se rapprocher dangereusement de leurs maisons. Suivant leur exposition et leur orientation les entrées d'eau de mer ou de paquets de sable sont plus ou moins marquées. Au PK 22 de Paea, le lagon s'est invité dans nombre de jardins; mais un kilomètre plus haut à peine, le phénomène est nettement moins marqué. " Le portail donnant accès à la mer a été atteint, l'eau est montée bien sûr, mais sans jamais menacer la maison. Dans le passé, j'ai déjà vu ici la mer au niveau de ma terrasse, ce n'était le cas cette fois-ci " témoigne cet habitant.



Au PK 45 à Mataiea, la mer a grignoté la route par en-dessous. Dans la nuit de mercredi à jeudi, des travaux ont été faits en urgence.
Au PK 45 à Mataiea, la mer a grignoté la route par en-dessous. Dans la nuit de mercredi à jeudi, des travaux ont été faits en urgence.
A MATAIEA, LA ROUTE GRIGNOTEE

En direction de la Presqu'île, c'est à Mataiea que la situation s'est corsée dans la nuit de mercredi à jeudi. En début de soirée, un trou d’environ un mètre de diamètre s'était formé dans la courbe du ‘’patu’’ au PK 45. Et mauvaise surprise, le trou creusé par la mer n'a cessé de s'élargir. " En fin de soirée, ce trou mesurait environ quatre mètres diamètre et deux mètres de profondeur sur toute une moitié de la route " témoigne la mairie de Teva i Uta sur sa page Facebook. Second problème de taille, dans cette tranchée, rognée par la houle, des lignes à haute tension. Autour de deux élus municipaux Tamatoa Doom, 2e adjoint et Clément Verghnes, conseiller municipal, une cellule de crise était rapidement organisée : la circulation automobile bloquée sur une seule voie et l'électricité coupée par EDT. Les travaux se sont déroulés en pleine nuit pour fortifier le muret de protection, le long de la mer et recouvrir le trou de sable, puis de bitume. La route retrouvait une allure normale seulement à 2h du matin. Le gouvernement pourrait demander de procéder à un constat de calamité naturelle. Par ailleurs, le ministre de l'Equipement a décidé d'engager une étude globale pour rectifier ce virage du PK 45 très accidentogène. Les travaux devraient permettre d'aménager le rivage pour sécuriser l'accès à ce site de baignade.

La houle, comment ça marche?
Les explications de Gilles Le Goff (Météo France)

Pour générer une houle forte il nous faut un système dépressionnaire puissant qui stationne entre la Nouvelle-Zélande et le sud de la Polynésie française. Cette dépression génère un vent fort qui fait lever la mer. Dans les Australes, ils sont beaucoup plus habitués qu'à Tahiti à subir ce genre de phénomène.

Mais nous n'avons pas eu de vent, pourtant ?

Le vent n'arrivait pas jusqu'à nous, mais à 2 000 ou 3 000 km plus loin dans le sud, là où se situe la dépression, le vent était fort ! Ensuite la houle est une vague qui se propage sur l'océan.

A Tahiti, seule la côte Ouest a été touchée, pourquoi ?

Parce que c'est le côté qui était le plus exposé. Ensuite, les plus gros impacts de la houle sont sensibles là où l'urbanisation est forte, là où on a gagné de l'espace sur la mer, là où on a construit très près du bord. A Papara, on peut noter que les habitants ont l'habitude : le plus souvent ils ne construisent que derrière de hauts talus pour ne pas avoir à subir ces phénomènes.


Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 23 Juillet 2015 à 14:11 | Lu 1392 fois