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Former les soignants: la recommandation d'un rapport sur les médicaments en maison de retraite


PARIS, 12 décembre 2013 (AFP) - Former, former et encore former médecins et personnels des maisons de retraite : c'est ce que préconise un rapport publié jeudi afin d'éviter la sur-consommation de médicaments par les personnes âgées.

Dans sa lettre de mission à l'attention de Philippe Verger, directeur adjoint du CHU de Limoges et auteur du rapport "La politique du médicament en Ehpad", le ministère des Affaires sociales et de la Santé, rappelait sa volonté de "réduire la consommation médicamenteuse souvent délétère chez les personnes âgées" et de mieux "encadrer et gérer la dépense induite".

Le constat est le suivant : les personnes résidant en Ehpad (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) souffrent en général de multiples pathologies (hypertension artérielle, troubles du comportement, syndromes abdominaux...) et ingèrent en moyenne sept molécules médicamenteuses différentes par jour.

Or plus les personnes âgées prennent de médicaments, plus elles sont exposées aux interactions médicamenteuses et aux effets indésirables. Ces effets indésirables sont contrés par la prescription de nouvelles molécules et ainsi de suite...

"En Ehpad, on constate surtout des sur-prescriptions (...) ou des prescriptions inappropriées chez le sujet âgé (au regard de la molécule, du dosage et de l'interaction possible avec les autres médicaments prescrits)", note le rapport.

Les médecins "appréhendent avec difficulté la complexité des situations gériatriques et les subtilités des bonnes pratiques de prescription chez les sujets très âgés", est-il ajouté.

Il est donc recommandé de renforcer la formation en gériatrie des futurs médecins et de favoriser leur accès à des stages en maison de retraite. Les diplômés devraient pouvoir améliorer leur pratique de prescription gériatrique grâce à la formation continue.

Il est également proposé de mettre en place un numéro d'appel unique pour permettre aux médecins généralistes de demander conseil à un gériatre.

Le rapport conseille encore de former les professionnels des maisons de retraite aux outils et techniques alternatives aux médicaments, en particulier pour les malades d'Alzheimer (musicothérapie, luminothérapie, etc.). Ces alternatives peuvent "se substituer aux psychotropes qui n'ont qu'une efficacité limitée et peuvent entraîner des effets délétères sur la santé du malade".

Ce document n'aborde que le cas des médicaments consommés en maison de retraite, où "la qualité de la dispensation est en général importante car réalisée par le personnel soignant". Mais 85% des personnes de plus de 80 ans vivent à domicile.

Selon la Haute autorité de santé, 20% des hospitalisations des personnes âgées sont liés aux médicaments en France, essentiellement les médicaments cardiovasculaires et les psychotropes.

"La politique du médicament à destination des personnes âgées constitue donc un enjeu crucial en matière de santé et de qualité de vie pour les personnes âgées, mais également en matière de gestion du risque par l'assurance maladie", ont réagi les ministres Marisol Touraine et Michèle Delaunay dans un communiqué.

Elles annoncent le lancement prochain d'"un plan d'action pour une politique du médicament adaptée aux besoins des personnes âgées qui s'appuiera sur les analyses et propositions de ce rapport ainsi que sur d'autres travaux récents".

"L'ambition de ce plan d'action s'inscrira dans le projet de loi d'orientation et de programmation pour l'adaptation de la société au vieillissement", est-il précisé.

myl/jg/phc

Rédigé par () le Jeudi 12 Décembre 2013 à 06:03 | Lu 270 fois