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Forêts littorales, des remparts à reconstruire


TAHITI, le 24 janvier 2023 - En Polynésie, les forêts littorales sont endommagées et menacées. Un projet de restauration, porté par la Fédération des associations de protection de l’environnement, est en cours. Il intègre un aspect scientifique et éducatif en faisant intervenir des classes de Tahiti.

C’est une classe de 4e du collège La Mennais qui participait mardi matin au projet de restauration de la forêt littorale à Paea. Ils étaient une petite trentaine et ils ont découvert tout l’intérêt de cet écosystème particulier, les menaces qui pèsent sur lui et les espèces végétales et animales qui le composent. Après une partie théorique, ils sont passés à la pratique et ont planté eux-mêmes des végétaux sur une partie dédiée. Celle-ci se trouve au pk 26,5, non loin du bâtiment de l’Institut Louis Malardé, côté mer.

Paloma Chong, professeure de Sciences de la vie et de la terre, était déjà venue avec une autre classe et avait pris la mesure de la portée de cette sortie. Elle était avec Uuinan Dreneure, la documentaliste. “En voyant l’environnement et en discutant avec des interlocuteurs scientifiques, les élèves sont touchés. La restauration littorale n’est pas quelque chose de médiatisé comme le sont les coraux et leur protection, c’est une bonne chose de s’y intéresser de cette manière.” Cela permettra, espèrent la professeure et la documentaliste, de changer les comportements dans le temps. Au total, trois classes de La Mennais ont participé au programme. Les élèves vont, dans les semaines à venir, mettre en commun le contenu récolté.

Seconde vie

Le projet de restauration écologique du littoral est une expérimentation fondée sur la nature et sur la science. Il a, de plus, un aspect pédagogique. Il est porté par la Fédération des associations de protection de l’environnement (Fape) qui a répondu à un appel d’offres et obtenu des financements auprès, notamment, de Best 2.0. L’objectif ? “Revaloriser et donner une seconde vie aux littoraux qui sont dégradés et menacés”, répond Lisa Di Salvia, chargée de projet à la Fape. Le financement couvre 19 mois de fonctionnement, le projet est prévu sur l’archipel de la Société. Il a démarré à Paea.

Pourquoi restaurer ?

Les menaces qui pèsent sur le littoral sont l’urbanisation, les enrochements qui ne sont que des solutions à court terme pour protéger les espaces et, dorénavant, la montée des eaux. Or, les écosystèmes littoraux, et notamment les forêts, ont bien des intérêts : “Ils protègent contre la houle, fixent le sable, ils sont constitués de plantes utiles pour se nourrir, se soigner…”, indique Jean-Yves Meyer, de la délégation à la recherche. Il est botaniste. Ces écosystèmes sont également fréquentés par une faune spécifique et permettent donc de maintenir la biodiversité.

Pour mener à bien le projet, les partenaires ont étudié la nature pour savoir quelles étaient les espèces existantes et comment celles-ci étaient organisées. “On a pris exemple sur la forêt de Tetiaroa ou du Te Pari qui comptent parmi les dernières forêts littorales existantes au fenua”, précise Jean-Yves Meyer. Des scientifiques ont mis à profit leurs savoirs comme Philippe Marmey, ingénieur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). “J’ai mis en place un protocole de germination adapté à chaque espèce.” Des plantules ont été obtenues en laboratoire puis mises à grandir dans une pépinière spécialement conçue pour le projet. L'éco-musée Te Fare Natura de Moorea et la Tetiaroa Society ont fourni quelques graines et plantules. La partie éducation et sensibilisation, se traduit par la venue de classes sur la zone expérimentale. Une dizaine de sorties scolaires a été organisée depuis novembre avec des collégiens, lycéens, étudiants ainsi qu’avec la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).

Une phase de suivi à long terme est désormais indispensable pour savoir si ce projet portera ses fruits. Mais déjà, il peut servir d’exemple aux communes, associations, privés qui veulent replanter des zones littorales en Polynésie.



La parole à ….

Layana, 12 ans (à gauche), Haru, 13 ans (à droite) et Hoarai, 13 ans (au centre).

Ils sont en classe de 4e au collège La Mennais en ville. Ils ont passé la matinée à Paea pour découvrir le projet de restauration de la forêt littorale et planter des arbres. Pour Haru, cette matinée pratique est d’une grande aide. “Je n’y connaissais rien en végétaux sur cet espace”, reconnaît-elle. Les élèves ont découvert tout l’intérêt de l’écosystème, mais également quelles espèces replanter et où les replanter. “Cela nous permettra peut-être de sauvegarder notre île, on va pouvoir en parler autour de nous, on prend la mesure des conséquences de la détérioration et de ce que l’on peut faire”, s’enthousiasme Hoarai. Une sortie est toujours plus instructive qu’un cours en classe où “on est moins concentré”, précise Layana.

Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 24 Janvier 2023 à 17:43 | Lu 1623 fois