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Foot et homophobie: le temps des discussions


Paris, France | AFP | mercredi 11/09/2019 - Après la surenchère dans les tribunes, et le nouveau clash entre monde politique et monde sportif dans les médias, le football français tentait mercredi de recentrer le débat sur l'homophobie dans les stades, en commençant par mettre autour d'une table les acteurs concernés.  

Ces derniers jours, plusieurs d'entre eux - supporters, associations de lutte contre l'homophobie, dirigeants sportifs - ont continué à travailler dans l'ombre et sont restés optimistes sur une avancée des discussions, bien loin de la tension affichée entre le patron du foot français Noël Le Graët et la ministre des Sports Roxana Maracineanu.
Mardi, l'incompréhension est montée d'un cran entre les deux responsables lorsque Le Graët a différencié lutte contre racisme et homophobie dans les stades, et demandé aux arbitres de ne plus arrêter les matches en cas de manifestations homophobes en tribune. Une position "erronée", a ensuite jugé la ministre.
Deux positions tranchées affichées aux yeux de tous au Stade de France, en soirée, lors de France-Andorre: la fermeté des visages des deux personnalités a bien résumé leur dialogue de sourds.
Sur le terrain, c'est le pragmatisme, au contraire, qui l'emporte.
Ce mercredi à Paris, dans les locaux de la Ligue de football professionnel (LFP) où l'instance tient un séminaire sur un certain nombre de sujets, des discussions étaient espérées entre supporters et associations anti-discrimination.
 

- Point chaud: l'arrêt des matches -

 
Tout n'est pas simple pour autant.
Mardi après-midi, l'Association nationale des supporters (ANS), qui réunit des clubs de toute la France, a fait monter les enchères en conditionnant sa participation au dialogue à un "moratoire" sur les sanctions collectives prises par la LFP (huis clos, fermetures de tribune). "Soit on discute de tout, soit on ne discute de rien", a résumé l'ANS.
Selon un porte-parole de l'ANS, ainsi qu'une source proche de la Ligue, l'association sera bien présente mercredi à la réunion qui débute à 15h00.
Au contraire de l'absence de dialogue qui semble figer les relations FFF/ministère au plus haut niveau, les acteurs de terrain eux, jouent donc le jeu.
Les joueurs aussi, et non des moindres.
Antoine Griezmann, l'attaquant de l'équipe de France qui s'était distingué en mai en donnant une longue interview au magazine Têtu contre l'homophobie dans le sport, s'est montré favorable aux interruptions de rencontres, à contrecourant donc de la position de Le Graët.
"Pour moi, c'est très bien d'arrêter les matches (...) c'est absolument pareil (racisme et homophobie)... si on arrête les matches, les gens seront moins contents, et ils arrêteront de le faire", a-t-il argumenté sur RTL.
L'arrêt des matches, précisément le point de crispation ultime entre Le Graët et Maracineanu...
"J'appelle les arbitres à continuer courageusement" d'arrêter les matches, a également lancé jeudi sur France Info Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah).
Mme Maracineanu n'a pas manqué de rappeler mardi que des sanctions étaient possibles sportivement, selon le règlement de la Fédération internationale de football (Fifa).
Sur le terrain judiciaire classique, la loi française considère les injures homophobes comme un délit puni "d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende", la même peine étant prévue pour des injures racistes.
La prochaine journée de L1 qui s'annonce, de vendredi à dimanche, va permettre de mesurer le chemin qui reste à parcourir.

le Mercredi 11 Septembre 2019 à 05:40 | Lu 206 fois