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Fifo : 9 films en compétition


TAHITI, le 7 février 2021 - Le festival international du film documentaire océanien a démarré samedi dernier avec le Off. La 18e édition de l'événement est numérique et ouverte à tout le Pacifique et à la métropole. L'accès aux documentaires en compétition en hors compétition sera possible à partir de demain. Découvrez la sélection des neuf films en compétition.

"Le Fifo, comme tous les festivals du monde, est indispensable, vital", écrit Luc Jacquet, le président du jury de cette 18e édition. "Alors, même sans les applaudissements, l'odeur des fleurs et la chaleur des salles, il faut tenir !" Le jury, composé de sept membres avec le président, a une semaine pour dévoiler son palmarès. Il a à visionner les neuf films présentés ci-dessous.

Eden Tribal : "On va où comme ça" ?

Ce documentaire réalisé par Martin Jayet et Mathilde Lefort se situe en Nouvelle-Calédonie en 2018, à la veille du référendum sur l'indépendance du pays. Il présente les enjeux de cet événement historique par le biais d'une tribu kanak.

La caméra est posée au cœur d'une famille, celle de Maggy, la cheffe de tribu, qui se bat pour préserver culture, coutume, lien à la terre. "Tout va toujours plus vite, on va où comme ça, alors que nous sommes en train de perdre notre culture ?", s'interroge-t-on dans la tribu.

Répondre à la question du référendum ouvre les portes d'une réflexion sur l'évolution du monde mais aussi sur l'attachement aux racines, à la coutume. "Le colonialisme, ce n'est pas l'homme blanc, mais la façon de penser, l'état d'esprit, c'est imposer à l'autre ta façon de parler", pensent certains jeunes à propos de l'histoire de leur île mais également de leurs racines.

Loimata, the sweetest tears : "L'homme a plus de racines qu'un arbre"

Emma Sipe est un roc, un repère, un pilier. Elle est le guide d'une famille samoane émigrée en Nouvelle-Zélande. Elle est grande et forte, malgré la maladie qui la ronge. Elle est en phase terminale de cancer. Mais elle est aussi pleine de blessures pansées. Des blessures révélées au fil de ce documentaire co-réalisé par Anna Marbrook.

Les parents d'Emma ont quitté les Samoa pour la Nouvelle-Zélande où ils ont fondé leur famille. Anna Marbrook suit Emma, ses parents, frères et sœurs qui font le trajet inverse pour revenir à leurs origines. Le documentaire est une aventure sur l'humanité, sur la communauté, la relation homme-femme, sur la connexion. "L'homme a plus de racines qu'un arbre", dit un proverbe samoan.

"Ce n'est pas un film sur la maladie, je ne le souhaitais pas et Emma non plus", insiste la co-réalisatrice. "Ce n'est pas un film sur la mort, c'est un film sur l'éveil, le réveil, la vie qui continue. Nous avons voulu montrer l'espoir et les possibilités. Ce film est un voyage vers la lumière."

Shot Bro : "La clé, c'est l'amour ?"

Rob Makaraka, un acteur connu, raconte son histoire sous l'œil de la réalisatrice Jess Feast. Il sillonne la Nouvelle-Zélande avec un one man show.

Ce spectacle est inspiré de sa propre histoire, de son propre suicide qu'il met en scène, de ses luttes, des origines de son mal-être, de ce mal qui guette. "Désolé, mauvais esprit, tu n'as pas eu ton homme ! Je suis toujours en vie", raconte Rob Makaraka qui apparaît tantôt sur scène, tantôt en condition d'interview.

Son public réagit : "La clé, c'est l'amour ? C'est s'aimer les uns les autres, mais commencer par s'aimer ? C'est dur !". Et Rob Makaraka, exténué par ses déplacements, de résumer : "Les gens me donnent une leçon d'humilité permanente". Les gens lui rendent, au centuple, ce qu'il donne, et le maintiennent en vie.

Ka Huaka'i : The journey to Merrie Monarch : "Le hula, c'est la vie"

Ce documentaire de Gerald Elmore emmène les spectateurs à Hawaii pour suivre trois troupes de danses inscrites au festival de danse Merrie Monarch. Ce festival, considéré comme les Jeux Olympiques de la danse hawaïenne, permet aux jeunes générations de vivre et de montrer leurs danses et chants hérités des anciens.

"Le hula, c'est la vie !" Mais encore : "On raconte une histoire avec les mouvements du corps, les mains, avec les expressions faciales, les voix". Pour l'un des professeurs, s'adressant à ses élèves : "La récompense est dans votre cœur, si vous avez un prix, ce n'est qu'une cerise sur le gâteau."

Les élèves, engagés, suivent les enseignements avec tout leur cœur et tout leur corps. "Tant que tu prendras soin du hula, le hula prendra soin de toi."

Freeman : "J'avais l'impression de voler"

Cathy Freeman dit être née dans une famille "aimante" mais "là où j'ai démarré, les gens ne sont pas de grands rêveurs".

Elle l'était, rêveuse, battante, persévérante. Cathy Freeman est une athlète australienne qui a emporté la finale du 400 mètres des Jeux Olympiques de l'an 2000, à Sydney. Marie-José Perec, qui devait participer à cet événement historique, a finalement abandonné car "ce n'était pas une course contre Cathy Freeman, mais une course contre une nation qui avait des problèmes à régler, moi, j'étais préparée pour le 400 mètres."

Le documentaire raconte l'histoire de l'athlète et, en filigrane, de l'Australie. Il montre, dans une forte tension et une grande esthétique, ce moment de grâce, ce moment d'unité de la nation australienne. Il montre la force et la beauté de l'instant.

Makatea, la terre convoitée : David contre Goliath

La réalisatrice, Claire Perdrix, s'est rendue à Makatea en 2019, dans le cadre d'une série de documentaires sur les Gens de la terre.

Elle a suivi ses habitants dans leur quotidien alors que l'île doit faire un choix cornélien : revenir à l'extraction du minerai qui, au début du XXe siècle, a permis de créer de l'emploi, de construire cinéma, théâtre, des bars, des magasins, de faire vivre 4000 personnes mais qui a laissé l'île exsangue ou bien imaginer un développement durable, travailler la terre extrêmement riche et fertile grâce au phosphate, imaginer un tourisme modéré pour protéger les ressources.

"Ce n'est ni une enquête, ni un film militant ou historique, ce n'est pas un film à charge contre quiconque, c'est un film qui montre ceux qui vivent de la terre. Ce qui n'est pas un choix archaïque, bien au contraire", assure la réalisatrice.

Roch Pidjot, le souffle de la dignité : 2 couleurs, 1 pays

Jean-Michel Rodrigo et Marina Paugam font le portrait de Rock Pidjot, qui a dédié sa vie, malgré certaines désillusions, à l'engagement politique.

Il a été le premier député français d'origine kanak. Les réalisateurs interrogent ceux qui l'ont connu, ses descendants, une archiviste. Il était, selon ses proches, le "respect", le chef en retrait. Il incarnait "la tranquillité, la paix, la dignité, la justice". "C'était un guide."

Après le décès de sa femme Scholastique, il a fini par se retirer de la scène politique, passant le relai à Jean-Marie Tjibaou. "Je dis au revoir, pour moi, c'est terminé !" Mais l'assassinat du militant hanta les derniers jours de Rock Pidjot. "J'aurais dû être à sa place, il était trop jeune pour mourir."


The skin of others : Une vie étonnante

Douglas Grant était un acteur aborigène connu. Tom Murray en fait son portrait dans ce docu-fiction. Douglas Grant (vers 1885-1951) fut adopté très jeune par un couple d'immigrants écossais.

Soldat, journaliste, intellectuel, il jouait de la cornemuse, s'exprimait en anglais avec un accent écossais. Charismatique, il a défendu les droits humains. Il a aussi passé une partie de sa vie interné dans un hôpital militaire. Ce portrait ouvre des fenêtres sur l'histoire de l'Australie.

Mauri o te kauri : Des trésors menacés

Les kauri sont parmi les plus grands et les plus vieux organismes vivant sur terre. Ce sont des trésors. Mais ils sont menacés par une maladie et risquent de disparaître. Ils s'éteignent, les uns après les autres. Le réalisateur, James Muir, a souhaité faire toute la lumière sur la situation.

Cinéaste originaire de Nouvelle-Zélande, il a suivi un parcours scientifique, a étudié l'écologie au Venezuela, en Tasmanie, en Nouvelle-Zélande et plaide pour la protection de l'environnement.

"En forêt, tout te parle, et c'est ce que je voulais montrer dans ce documentaire." Le film, esthétique, enchanteur, décrit l'écologie de l'arbre, son rôle dans les écosystèmes, il donne la parole aux Māori qui partagent leurs visions et aux scientifiques Pakeha. Les kauri pourront-ils s'en sortir ?


Vous aussi vous pouvez voter !

"Le prix du public est très attendu par les réalisateurs", insistent Miriama Bono, présidente de l'Afifo et Mareva Leu, organisatrice du festival. "Car c'est le prix du cœur !"

Pour voter, il suffira de liker les documentaires qui vous auront plu.

Pratique

Jusqu'au 14 février en ligne (cliquer sur FIFO NUMERIQUE).

Les neuf films en compétition et les 11 films hors-compétition seront en accès payant. Tarif : 250 Fcfp à l'unité pour 24h, 150 Fcfp avec la carte (500 Fcfp) Fifo lover. Le pass Fifo Addict pour un accès à tous les films est à 3 500 Fcfp.

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Rédigé par Delphine Barrais le Dimanche 7 Février 2021 à 15:20 | Lu 1234 fois