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Fête du sport - Une fondation " Maitai-Sport-Santé " en Polynésie

La première édition de la Fête du Sport s'est déroulée au Mahana Park ce week-end à l'initiative d'Anne-Caroline Graffe en présence des représentants de l'Etat et du Pays. A cette occasion, le projet de fondation " Maitai-Sport-Santé " a été officiellement lancé. Cette fondation a pour objet de faire interagir plusieurs ministères en associant la problématique de la nutrition à celle du sport.


Anne-Caroline Graffe est la marraine du projet Maitai Sport Santé qui vient d'être initié
Anne-Caroline Graffe est la marraine du projet Maitai Sport Santé qui vient d'être initié
Les Polynésiens aiment le sport. Presque une quarantaine de fédérations sportives regroupant de nombreux clubs existent. Cela n’empêche pas la Polynésie de vivre un drame sanitaire avec des chiffres qui font peur. Le constat d’Anne-Caroline Graffe est sans appel : « 70% des adultes polynésiens et 35% des 7-9 ans en surpoids, 16% d’obèses… ». Riche de son expérience de 10 années au pôle d’excellence sportive en métropole (Insep), elle sait que sport et alimentation sont intimement liés.
 
Cela peut paraître évident mais dans les faits, et ce malgré la multiplication des moyens de s’informer, les mauvaises habitudes alimentaires perdurent, même chez les sportifs. Trop de sucre, trop de sel, trop de gras, trop de viande et pas assez de fruits et légumes, céréales complètes, tubercules et noix diverses…Son idée ? Associer et promouvoir sport et nutrition. Elle a pu impliquer diverses entités gouvernementales et associatives pour lancer la première édition de la Fête du sport à Tahiti sur cette thématique en créant un « Village Sport-Santé ».
 
Son initiative a été saluée par les divers représentants de l’Etat et du Pays. Le lancement du projet de fondation Maitai-Sport-Santé a été annoncé par notre ministre de la santé Jacques Raynal. Etait également présent le champion Olympique de handball Daouda Karaboué qui est lui aussi actif dans ce domaine en Afrique. La fondation qui impliquera ministères, communes, associations etc…devrait voir le jour « en fin d’année 2018 ou au début de l’année 2019 », selon Jacques Raynal. SB

Jacques Raynal, ministre de la santé
Jacques Raynal, ministre de la santé
Parole à Jacques Raynal, ministre de la santé :
 
Quel est votre champ d’action actuel pour tenter d’enrayer le drame sanitaire qui sévit en Polynésie ?
 
« C’est une question de mode de vie…Nous avons remplacé l’établissement pour la prévention par un plan et un fonds prévention qui va être alimenté par les taxes comportementales sur les produits sucrés ou gras etc... Cela va donner des moyens aux différents acteurs de la promotion des actions de bien-être pour la santé : faire du sport, avoir une alimentation qui soit raisonnable. »
 
« Ces activités seront régulées par un nouveau réseau « Maitai Sport Santé ». Il y a eu une opération pilote qui a duré un an avec des actions dans le domaine, il faut maintenant la concrétiser, on finalise les questions administratives. Ce réseau Maitai Sport Santé va voir le jour à la fin de l’année ou au début de l’année prochaine. On va probablement créer une fondation qui va réguler le réseau et tous les acteurs concernés. »
 
Est-ce que comme ailleurs des lobbies tentent de vous dissuader de modifier les lois ?
 
« Non, pas vraiment. Bien sûr, des lobbies il y en a partout, je ne sais pas si on peut appeler ça des lobbies. Ici, il y a un certain nombre d’entreprises qui agissent, dans le domaine de l’alimentation notamment, qui sont inquiètes des mesures que nous sommes susceptibles de prendre mais à l’usage je pense que tout le monde verra que permettre aux gens d’avoir une meilleure santé, ça évitera l’augmentation des frais nécessaires à la prise en charge des maladies et donc tout le monde s’y retrouvera à un moment donné. »
 
« D’ailleurs, vous voyez apparaître une limonade xxxx sans sucre, il n’y pas que celle-là, il y en a d’autres. Il ne s’agit pas de stigmatiser untel ou untel ou ce qu’il produit. Après tout, il produit quelque chose que les gens consomment. On n’oblige pas les gens à le consommer. Ce qu’il faut, c’est que la consommation soit raisonnable. Et c’est là-dessus qu’on va insister. »
 
Avec internet l’information circule, il s’agit également de responsabiliser les personnes ?
 
« Bien sûr. Il faut leur montrer qu’ils peuvent retrouver un meilleur niveau de santé - un niveau de santé acceptable dans le cas où ils soient déjà malades - simplement par des activités simples. Marcher, pas forcément courir, il faut avoir une activité de sport qui plaise, qui soit régulière et bien sûr un enseignement sur la façon dont on s’alimente parce que c’est là où on se laisse le plus aller. »
 
Cette problématique concerne plusieurs ministères ?
 
« A l’intérieur de cette fondation, il y aura bien sûr un représentant du ministère de l’éducation, de la jeunesse et des sports, le ministère de la santé, on introduit les communes, et, à travers diverses actions, le ministère de l’agriculture sera participant. Il s’agira d’indiquer aux acteurs dans le domaine quels sont les produits porteurs d’une meilleure santé, et l’intérêt qu’ils auront à produire ces produits-là, des produits locaux bien évidemment. Le ministère de l’économie nous intéresse aussi dans la mesure où ce qui concerne les taxes comportementales, c’est lui qui entre en ligne de compte. »
 
Il y a une nouvelle économie à inventer ?
 
« Oui, bien sûr, cela crée des domaines d’activité, de nouveaux métiers probablement et puis surtout une population qui sera dans un meilleur état de santé donc c’est tout bénéfice. » Propos recueillis par SB

Raymond Yeddou, administrateur des îles de la Société et représentant du Haut-Commissaire
Raymond Yeddou, administrateur des îles de la Société et représentant du Haut-Commissaire
Parole à Raymond Yeddou représentant de l’Etat :
 
Quelques mots sur votre présence aujourd’hui ?
 
« Je suis heureux que la Polynésie soit au rendez-vous de cette première édition de la fête du sport qui est une manifestation nationale portée par la ministre des sports. Comme la fête de la musique qui a démarré il y a plus de trente ans, il y aura désormais chaque année en métropole et en Outremer, une manifestation de ce type. (…) Le ministère a souhaité aider la Polynésie en finançant cette manifestation à hauteur de 23 000 euros (ndlr 2,7 millons xpf). Je suis très heureux, au nom du Haut-Commissaire, de pouvoir encourager ce type de manifestation. »
 
« Ce qui est intéressant ici, c’est d’avoir couplé deux enjeux, l’enjeu du sport qui est un vecteur de cohésion sociale, d’apaisement dans les quartiers, à la notion de santé, en raison des problèmes d’obésité que rencontre la Polynésie française. Et tous les messages de prévention, d’information et d’éducation que l’on pourra faire passer contribueront à améliorer la santé des Polynésiens. On se réjouit vraiment que les organisateurs aient su adosser sport et santé. »
 
Par rapport au drame sanitaire qui sévit en Polynésie, quelle est la solution, le changement des lois, la responsabilisation des personnes, y a-t-il du lobbying comme ailleurs ?
 
« Ce n’est pas un sujet qu’on traitera en dix minutes, il y a évidemment plusieurs leviers sur lesquels agir. Il y a le levier de l’éducation, de la prévention, de la pédagogie, pour expliquer à quel point les phénomènes d’alimentation peuvent causer des dégâts sur la santé, et puis il y a sans doute d’autres dispositifs. Plus on fera du sport, meilleure sera la santé, la durée de vie s’allongera. C’est un ensemble de dispositions, le ministre de la santé ici est compétent sur ces sujets mais c’est vrai que la Polynésie ne peut pas rester…en tous cas elle est pleinement concernée par ce sujet, c’est pour ça qu’elle a engagé des mesures en ce sens. »
 
En ce qui concerne le changement éventuel de lois ?
 
« Le ministre de la santé est pleinement compétent dans ce domaine qui relève de la santé publique, une compétence du territoire. »
 
Une volonté de collaboration entre ministères semble émerger, c’est encourageant ?
 
« Ce qui est encourageant, et notre présence à tous le démontre, c’est que ce sont la logique de réseau, les partenariats, qui donneront de la force à ce type de manifestation. » Propos recueillis par SB

De nombreuses activités sportives étaient proposées
De nombreuses activités sportives étaient proposées

De la marche nordique était au programme
De la marche nordique était au programme

Des stands de produits locaux bio étaient présents
Des stands de produits locaux bio étaient présents

Anne-Caroline Graffe entourée de Daouda Karaboué et Christian Wang Sang copie
Anne-Caroline Graffe entourée de Daouda Karaboué et Christian Wang Sang copie

Rédigé par SB le Mardi 25 Septembre 2018 à 17:53 | Lu 20597 fois