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Festival Ono'u version grand bleu


La résidence OPH Liune passe tout entière –intérieur et extérieur– sous les bombes de peinture des artistes qui ont choisi de représenter les abysses, le lagon et la surface.
La résidence OPH Liune passe tout entière –intérieur et extérieur– sous les bombes de peinture des artistes qui ont choisi de représenter les abysses, le lagon et la surface.
Tahiti, le 11 mai 2022- C'est reva pour le festival Ono'u. Jusqu'au 5 juin, neuf artistes, dont trois internationaux, s'exprimeront sur le thème de la protection des océans et la biodiversité. Au fil du festival, qui les amènera jusqu'à Makatea, ils réaliseront pas moins de 3 000 m2 de fresque. 
 
Le top départ du festival Ono'u a été donné avec la réalisation d'une fresque au Foyer des jeunes travailleurs de Pirae terminé ce week-end. Et ce n'est qu'un début. Jusqu'au 5 juin, les artistes vont relever le challenge de peindre 3 000 m2 de fresques sur les thèmes de la protection des océans, la préservation de la biodiversité et les légendes polynésiennes. Ils sont neuf à s'atteler au défi artistique : six talents locaux (Rival, Ravage, Richard Barru, Sarah Viault, Pierre Motahi et Tearii Flohr) et trois invités internationaux (Case Maclaim d'Allemagne, Insane 51 de Grèce et Guido Van Helten d'Australie).
 
Le festival s'articulera autour de trois grands projets : le premier à la résidence OPH Luine à Papeete, un autre à Punaauia et enfin, une première… à Makatea. 3D, hyperréalisme, photoréalisme… cette édition promet de l'inédit.
 
Introduire l'art dans le logement social

Depuis lundi, les street artistes sont mobilisés à Papeete, dans la résidence OPH Luine où ils resteront jusqu'à la semaine prochaine, l'occasion d'introduire l'art dans une résidence de logement social. Ils y réalisent Te ao ninamu (le monde bleu), “le plus grand projet de street art réalisé sur un territoire insulaire en faveur des océans”, comme le présente Sarah Roopinia, fondatrice et organisatrice du festival.

Une thématique particulièrement d'actualité, à quelques jours de l'ouverture du Blue Ocean Summit. Comme nous l'explique l'artiste Sarah Viault, l'œuvre dans cette résidence OPH est particulière : "Ce qui a été très intéressant c'est de travailler aussi l'intérieur, quelque chose d'immersif. On a essayé de proposer plusieurs strates, par étage, pour aborder les différents aspects de la nature dans les océans : la bioluminescence en bas, ensuite on s'est intéressé au biomimétisme et au dernier étage la biodiversité. On le voit avec la murène qui passe à tous les étages et qui prend l'entièreté du bâtiment.”

Et le projet a nécessité l'adhésion préalable des habitants de l'immeuble. Parmi eux, des jeunes résidents participent directement au projet. C'est le cas d'André Tahi, qui n'a pas hésité quand on lui a proposé : “J'habite ici, on nous a demandé si on voulait participer à ce projet. Je me suis inscrit. C'est la première fois que je travaille avec des artistes, ça me plait beaucoup. Je découvre beaucoup de choses.”
 
Après Papeete, l'équipe Ono'u prendra la direction de Punaauia du 17 au 27 mai. À l'occasion des 50 ans de la commune, une fresque sera réalisée sur le bâtiment de l'ex-Géant Casino, elle représentera la légende de la conque sacrée. Et enfin, et c'est une première, le festival se déploiera jusqu'à Makatea. Là-bas, le quai de Temea'o se parera d'une œuvre sur l'histoire de l'île. Cette édition “spéciale océans” s'annonce riche et prometteuse. Comme à leur habitude, les street artistes laisseront derrière eux des œuvres monumentales qui permettront cette fois d'éveiller les consciences sur les enjeux écologiques.

Lire aussi : Ono'u : trois maîtres du photoréalisme au fenua 

Rival
“On s'est réparti cette œuvre à six artistes. On a dédié une surface par artiste, chacun travaille sur sa façade. On s'est réuni très souvent, pour cadrer tout ça avant de peindre. La thématique a été compliquée pour moi par rapport au choix des animaux à figurer. Moi, en général je reste dans le classique, là on essaie de me sortir du classique, c'était une difficulté pour moi.”

Sarah Viault
“Le thème de la protection des océans m'a bien inspirée. Mon travail s'axe principalement sur les animaux en voie d'extinction, je fais d'ailleurs des petites affiches pour sensibiliser à cette cause. C'était le sujet parfait pour moi ! Aussi, on a voulu représenter différents animaux qu'on voit moins souvent, en dehors des tortues et des baleines par exemple. Là, on aborde d'autres animaux, la murène, des poissons des abysses, des crevettes. Des choses qu'on n'a pas l'habitude de voir.”

Ravage
“Je suis amené à faire des motifs, j'en fait dans les couloirs, ces motifs sont significatifs à la mer. Techniquement, il y a eu des inconvénients, par exemple on doit repeindre un étage parce qu'il est trop foncé, un autre où il n'y a pas de lumière. On fait avec. Pour l'inspiration, au début, j'avais fait des sketches, mais je ne connaissais pas encore les difficultés de peindre dans les couloirs. Parce que je n'ai pas de recul, pour garder la proportionnalité, vu que je fais des longues lignes… et ça je n'ai pu le voir qu'une fois sur place.”

Les animaux choisis ne sont pas forcément ceux que l'on a l'habitude de voir : murène, poissons des abysses, crevettes, méduses …
Les animaux choisis ne sont pas forcément ceux que l'on a l'habitude de voir : murène, poissons des abysses, crevettes, méduses …



Rédigé par Julie Barnac le Jeudi 12 Mai 2022 à 17:22 | Lu 1858 fois