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Fermeture de Somac : les salariés étaient dans “l'ignorance” de la situation judicaire


Selon Otahi, les employés de Somac n'étaient pas au courant de la situation judiciaire dans laquelle était empêtrée l'entreprise. Crédit photo : Thibault Segalard.
Selon Otahi, les employés de Somac n'étaient pas au courant de la situation judiciaire dans laquelle était empêtrée l'entreprise. Crédit photo : Thibault Segalard.
Tahiti, le 15 avril 2024 - Après l'information révélée par Radio 1, jeudi dernier, qui annonçait la future expulsion et potentielle cessation d'activité de Somac Titioro, les représentants syndicaux étaient réunis ce lundi à la Direction du travail pour rencontrer un inspecteur et discuter des possibilités qui “s'imposent à une fermeture comme celle-là”. En effet, Lucie Tiffenat de Otahi a expliqué qu'aucun salarié n'aurait été au courant de la situation judiciaire de l'entreprise, prise dans un bras de fer depuis trois ans avec le propriétaire du terrain qu'elle louait depuis les années 80.
 
Les mines étaient grises, ce lundi, devant les locaux de la Direction du travail à Papeete. Les différents représentants syndicaux de Somac se sont réunis pour discuter, avec un inspecteur, des suites de l'annonce de la direction de l'un des plus gros distributeurs de matériaux de Polynésie, qui a appris jeudi dernier à ses près de 90 salariés la potentielle fermeture du site.
 
En effet, comme l'ont révélé nos confrères de Radio 1, après trois années d'un bras de fer interminable avec le propriétaire du terrain où sont implantés Somac et ses entrepôts, la cour d'appel de Papeete a tranché dans le vif, en signifiant à la société de matériaux son expulsion du site. Pour mémoire, ce terrain, qui cristallise toutes les tensions du dossier, est loué par Somac à la société civile immobilière MCF depuis une quarantaine d'années. En 2021, proche de l'échéance du bail de location, MCF aurait alors décidé d'augmenter, toujours selon Radio 1, le loyer de “50 000 francs par an et par mois”. Une augmentation refusée par Somac, qui a poussé les propriétaires à déposer une requête en justice. Trois années après, le tribunal a considéré que le distributeur de ciment, métal ou bois “occupait sans droit ni titre les lieux” et a ordonné le paiement d'une indemnité à MCF mais surtout l'expulsion, sous quatre mois, de la Somac.
 
“Aujourd'hui, on est là pour discuter avec l'inspecteur, car le propriétaire ne daigne pas nous recevoir pour l'instant. Il y a des prédispositions dans le code du travail et nous rencontrons l'inspecteur pour parler des possibilités qui s'imposent dans une fermeture comme celle-là”, avance, inquiète, Lucie Tiffenat, secrétaire générale de la confédération syndicale Otahi. “C'est la première fois que je vois une situation similaire sur notre territoire.” D'autant que les salariés ne savaient rien de l'épée de Damoclès qui trônait au-dessus de la tête de l'entreprise depuis des années.
 
Une communication cimentée par la direction
 
Et c'est bien cette communication cimentée que reproche la responsable syndicale à la direction. “Les employés n'ont jamais été mis au courant de la situation en cours au tribunal. Ce n'est pas faute d'avoir, à de nombreuses reprises, demandé au président du comité d'entreprise de venir discuter des problématiques de la société”, nous apprend-elle. “Là, on est informé par un jugement que l'activité va cesser... et que les salariés vont être jetés à la rue dans quatre mois. Ce n'est pas une manière de faire. On aurait pu trouver des solutions en attendant si nous avions été mis au courant. Mais là, c'est abrupt, un coup de massue.”
 
Désormais, les espoirs des centrales syndicales – largement douchées par la réunion de jeudi dernier avec la direction qui avait estimé que de nouvelles négociations ou un recours en cassation ne changerait rien – se concentreront sur la préservation des emplois. “C'est la priorité !”, rassure Lucie Tiffenat. “Mais il faut engager des procédures, pour déterminer dans quelles proportions nous pourrons sauver des emplois et trouver des accords avec le reste”. Pour l'instant, aucun plan social ne serait arrivé sur la table des organisations syndicales, qui n'excluent pas, comme nous l'a confié la secrétaire générale d'Otahi, de “déposer plainte” vis-à-vis du comportement de la direction qu'elle juge “ne pas convenir”.  Après la réunion avec l'inspecteur de la Direction du travail, "le mot d'ordre est de renouer le dialogue avec la direction".
 

Pas d'inquiétude pour Somac Raiatea

L'annonce de la cessation de l'activité de Somac Titioro a provoqué une vague d'inquiétude, notamment au sein de Somac Raiatea. Fort heureusement, il s'avère que les deux enseignes aux noms similaires n'ont pas de lien de parenté. En effet, la société des Raromata'i a rassuré ses salariés et ses clients sur Facebook en expliquant qu'elle n'était qu'une “franchise liée par un contrat commercial” et qu'en “aucun cas” elle n'était concernée par “la décision de justice, ni par la fermeture”. Toujours via communiqué, Somac Raiatea a apporté son soutien à sa “centrale d'achat” et à “ses employés”.

Rédigé par Thibault Segalard le Lundi 15 Avril 2024 à 18:01 | Lu 6432 fois