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Expulsions d’élèves : le gouvernement fidjien revient sur sa précédente posture anti-décrochage


Le ministre de l'éducation à Fidji : Filipe Bole
Le ministre de l'éducation à Fidji : Filipe Bole
SUVA, lundi 8 octobre 2012 (Flash d’Océanie) – Le gouvernement fidjien a annoncé en fin de semaine dernière un revirement concernant une précédente politique d’inclusion des élèves et d’abolition des sanctions disciplinaires d’expulsions, dans le but annoncé, deux semaines auparavant, de lutter contre le décrochage.

Mi-septembre 2012, le ministère de l’éducation avait annoncé sa décision d’interdire désormais les expulsions d’élèves en guise de sanctions disciplinaires, afin de lutter contre l’échec et le décrochage scolaires.
Motif alors invoqué par le ministère : la volonté de « garder les élèves dans le système » et ainsi réduire au maximum le taux de décrochage.
Au lieu d’expulser un élève, dans le cas de comportement graves, comme une agression sur un enseignant, les établissements sont désormais encouragés à soit les garder dans le même établissement, soit les replacer dans un autre.
Mais vendredi 5 octobre 2012, le ministre de l’éducation Filipe Bole se ravisait : il annonçait avoir donné de nouvelles instructions à son équipe pour que désormais, la sanction d’expulsion demeure dans l’arsenal, en tant que mesure applicable « au cas par cas ».
Le message consistait essentiellement à aviser les chefs d’établissements qu’ils disposent toujours de cette arme, en dernier recours, si les faits sont considérés comme « extrêmement graves ».
Ce revirement intervient quelques jours après que des élèves des deux principaux collèges de la capitale Suva (le Collège des Frères Maristes et l’école Secondaire de Suva -Suva Grammar-) se soient affrontés violemment au cours de la semaine dernière, en plein centre ville, causant de nombreux dégâts

« Le ministère ne peut pas rester sans rien faire face à ce genre d’activités illégales ».

La police, pour sa part, a interpellé plusieurs des élèves considérés comme les meneurs, dont certains sont les principaux suspects dans une affaire d’agression sur un autre élève, à son domicile.
Quatre d’entre eux (âgés de 15 à 18 ans) ont été libérés sous caution en attendant leur prochaine comparution devant un tribunal local le 15 octobre 2012.
Une autre violente altercation entre élèves avait eu lieu aux abords d’un abribus proche du Collège des Frères Maristes.
Dans les jours qui ont suivi des affrontements, les établissements impliqués ont mis en place un couvre-feu, imposant aux élèves pensionnaires d’être de retour dans l’enceinte de l’établissement avant 16h00.

Ces affrontements entre collégiens ont relancé, par ailleurs, le débat concernant une recrudescence des violences en milieu scolaire, ainsi qu’une éventuelle réintroduction des châtiments corporels en milieu scolaire, soutenue par des nombreux parents d’élèves excédés.

La première mesure concernant l’interdiction d’expulser des élèves avait dès son annoncé été accueillie plus que fraîchement par les enseignants et de leur principal syndicat, la Fiji Teachers Union (FTU).
Agni Deo Singh, secrétaire général de la FTU, estimait alors que ces nouvelles directives rendraient encore plus difficile le maintien d’un minimum de discipline dans les classes.
Le dirigeant syndical estimait dès lors que cette nouvelle politique d’inclusion marche forcée pourrait rapidement trouver ses limites dans le cas où les élèves sont impliqués dans des affaires relevant du Code Pénal et donc de la justice.
« Dans ce cas-là, qu’est-ce qu’on fait ? On laisse la police faire son travail et on continue à les accepter en classe comme si de rien n’était ? », s’interrogeait-il alors.
Il redoutait aussi que cette nouvelle politique n’ait pour effet que d’encourager une mauvaise conduite.
« Ou alors, cela n’aurait pas dû être annoncé publiquement mais seulement communiqué aux chefs d’établissements », avait-il nuancé tout en notant que les autres mesures annexes encouragées par le ministère sont aussi l’aide psychologique aux élèves en difficulté.
« Le seul problème, là encore, c’est qu’il y a une sérieuse carence de conseillers formés dans les établissements de Fidji. Aucun dans les écoles primaires et seulement 28 pour les 120 établissements secondaires », avait-il précisé mi-septembre 2012.

pad

Rédigé par PAD le Lundi 8 Octobre 2012 à 04:57 | Lu 455 fois