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Evolution climatique en Polynésie Française : Pas de cyclone annoncé, mais une surveillance en continu.


Les phénomènes El Nino et La Nina s'opposent de par leurs effets. Le cyclone El Nino puise sa force dans les températures élevées de l'océan. Météo France reste vigilante quant aux fluctuations des températures atmosphériques et océaniques.- Photo AFP 2010 -
Les phénomènes El Nino et La Nina s'opposent de par leurs effets. Le cyclone El Nino puise sa force dans les températures élevées de l'océan. Météo France reste vigilante quant aux fluctuations des températures atmosphériques et océaniques.- Photo AFP 2010 -
Ce mardi matin, le centre Météo France a organisé une conférence de presse pour faire un point sur les activités cycloniques en Polynésie Française. Pour la période chaude 2013-2014, où l’on compte les mois de janvier à mars, Météo France n’annonce aucun phénomène du genre, mais restera toutefois vigilante.La Direction Interrégionale de Météo France et de la Défense et de la Protection Civile ont présenté les bilans et les perspectives sur l’ouverture de la saison cyclonique en Polynésie Française, tout en rappelant les consignes de sécurité en cas de réel phénomène.

Tout d’abord, le bilan de la saison chaude 2012-2013 indique une faible activité cyclonique « avec seulement cinq dépressions nommées, dont Haley qui a touché l’archipel de Australes. » selon le rapport de Météo France. En effet, les habitants de Rapa se souviennent encore des toitures arrachées de certaines habitations. Toutefois grâce aux observations de Météo France et des alertes données à temps, les autorités ont pu mettre en place les mesures de secours et de sécurité préconisées dans ce genre de situation.

Ensuite, le point des précipitations a été évoqué. Il en ressort que la côte Est de Tahiti a enregistré des hauteurs de pluies record, avoisinant les 3000 mm sur la période chaude citée. Toujours selon le rapport des observateurs du temps, la saison « est assez atypique puisque les précipitations ont été essentiellement concentrées sur les mois de décembre et janvier. En revanche, les archipels des Australes, Gambiers et Marquises accusent un déficit pluviométrique respectivement de -19%, - 20% et -42% par rapport aux années précédentes (entre les années 1981 et 2010).»

Concernant les températures, elles n’ont pas trop évolué et se sont alignées sur celles relevées chaque année, ce que les météorologues appellent « les normales saisonnières ». Les chiffres indiquent 22,5 degrés à Rapa et 28,1 degrés à Takaroa. Les îles Marquises ont connu une légère hausse de températures, comme aux Australes, mais pour les températures les plus basses.

La situation en Polynésie aujourd’hui.

La question, la plus évidente, qui pouvait être posée était : d’une manière générale, quel temps fera-t’il cette fin d’année ? Pour répondre à cette question, la deuxième partie de la conférence a mis en exergue les perspectives pour la saison chaude 2013-2014, ce qui veut dire de novembre de cette fin d’année à avril 2014. Le point en début de saison fait état de températures normales sur la majeure partie de l’océan Pacifique équatorial. Les eaux chaudes, celles qui pourraient alimenter un éventuel cyclone, sont cantonnées à l’Ouest. Les éléments du rapport indiquent que « à partir de l’état climatique observé au mois d’octobre, la majorité des prévisions saisonnières font perdurer des « conditions neutres », c'est-à-dire qui ne s'apparentent ni à un Niño ni à une Niña ; et cela de novembre 2013 à avril prochaîn.

Victoire Laurent, responsable du bureau d’étude et de la climatologie à Météo France a apporté quelques précisions sur les phénomènes d’El Niňo et La Niňa. « Si on regarde les deux phénomènes, eh bien il n’y en n’aura pas cette année. Aucune observation au niveau océanique ou atmosphériques, on va rester sur des conditions climatiques normales, des saisons chaudes normales avec toutefois des mois à surveiller qui sont janvier – février et mars puisque c’est là que les conditions atmosphériques et océaniques sont bien présents pour la formation de nuages. Ces derniers peuvent évoluer en dépression, voire en cyclone, mais ce ne sera pas dû aux phénomènes El Niňo et La Niňa, mais plutôt à d’autres conditions.

Pour la formation des cyclones, il faut plusieurs conditions thermodynamiques ou non-dynamiques. Parmi celles dites thermodynamiques (il y en a 4), il y a celle de la température de l’océan Pacifique, qui doit faire plus de 28 degrés en surface. Ce réservoir d’eau chaude doit être présent sur une profondeur qui doit faire entre 50 et 60 mètres, toujours avec ces températures supérieurs à 26 degrés. Sans ces conditions, il n’y a pas de formation de cyclone. Il n’y a rien qui alimente ce phénomène. Le rôle premier des cyclones est bien de refroidir l’océan. Cela se fait par évaporation. Lorsqu’un phénomène arrive sur un continent, mais que son réservoir est inexistant voire faible, il meurt tout simplement ! »

Pour se former, un cyclone met près de 5 jours. A partir du moment où une perturbation a été repérée, ainsi que des amas nuageux, et que les conditions océaniques et atmosphériques ont été observées, le centre météo a cinq jours pour voir évoluer ce phénomène. A partir du moment où le phénomène passe les 160 degrés Ouest, le centre a entre 48 et 72 heures pour prévenir la population. A ce moment précis, toutes les autorités compétentes sont alertées, dont l’un des services les plus importants, la Protection Civile. Les représentants de cette dernière étaient d’ailleurs venus pour rappeler toutes les consignes de sécurité à appliquer. D’ailleurs le Haut-Commissariat et la Protection Civile sensibilisent régulièrement la population par le biais de tracts, voire même de spots télévisés et radio.

Enfin, bien que les observations n’indiquent aucun cyclone pour les mois prochains, Météo France continue d’observer les températures atmosphériques et océaniques, surtout durant les mois de janvier à mars. La prudence est de mise.

TP

Photo d'illustration
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Mais qu’est-ce que El Niño et la Nina ?

El Niño : Le phénomène El Niño (le petit garçon en espagnol, et par extension "l'Enfant Jésus") a été nommé à la fin des années 1800 par des marins péruviens qui avaient alors constaté l'apparition d'un courant chaud à la période de Noël. Ce courant correspond à une phase plus chaude que d'habitude appelée oscillation australe El Niño ou ENSO (sigle d'El Niño et Southern Oscillation) ou encore ENOA (El Niño-Oscillation Australe en français).
Le phénomène El Niño et ses conséquences se produisent probablement depuis des millénaires, mais les premières preuves historiques dont on dispose à ce sujet datent de 1567-1568. A l'époque contemporaine, des phases d'El Niño plus marquées ont été enregistrées en 1972-1973, en 1982-1983 et en 1997-1998.
La définition de l'OMM est la suivante : "phénomène caractérisé par une anomalie positive de la température de surface de la mer (par rapport à la période de référence 1971-2000), dans la région Niño 3.4 du Pacifique équatorial, dans la mesure où cette anomalie est supérieure ou égale à 0,5°C selon une moyenne calculée sur trois mois consécutifs" (OMM - Nouvelles du Climat Mondial - Janvier 2004 n°24).

La Niña : La phase plus froide qui fait suite à El Niño est nommé La Niña, soit petite fille en espagnol. Sa définition officielle est la suivante : "phénomène caractérisé par une anomalie négative de la température de surface de la mer (par rapport à la période de référence 1971-2000), dans la région Niño 3.4 du Pacifique équatorial, dans la mesure où cette anomalie est supérieure ou égale à 0,5°C selon une moyenne calculée sur trois mois consécutifs"

Rédigé par TP le Mardi 29 Octobre 2013 à 14:21 | Lu 1924 fois