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“Éviter la catastrophe sanitaire dans les établissements”


Tahiti, le 11 janvier 2022 – Face aux mesures sanitaires instaurées par le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, une partie des parents et des enseignants en métropole sont excédés. Ils dénoncent un protocole sanitaire intenable, une gestion de l’épidémie à l’école inefficace et le manque de moyens humains et financiers. Un appel à la grève pour jeudi a été lancé en métropole. L’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA) de l’éducation en Polynésie française soutient l’action, même si le fenua n’est pas concerné par ce protocole. Les personnels de Polynésie sont invités à soutenir l’appel national à travers des “actions symboliques”. Par exemple par des messages sur les portes, bureaux, badges… Les personnels polynésiens peuvent s'ils le veulent faire grève. Thierry Barrère, secrétaire général de l’UNSA, s’explique sur ce mouvement.
 
Quelles sont les motifs de cet appel à la grève des enseignants en métropole ?
“Les motifs sont dus à un ras-le-bol général du personnel face à la situation sanitaire qui est devenue presque hors de contrôle et de l’oreille sourde de l’institution par rapport au personnel et aux parents d’élèves. On s’aperçoit que le ministère en métropole ne communique pas vis-à-vis des organisations syndicales, il n’y a pas de dialogue. Les vadémécums sanitaires sont imposés et modifiés de façon unilatérale, sans consultation. Cela rajoute de la pagaille à la crise. Lorsque l’on s’aperçoit que de plus en plus d’élèves sont touchés par le virus, il faut ensuite les tester, les isoler, les tracer. Il y a tout un ensemble d’opérations qui doit être fait et c’est la cacophonie au niveau des procédures. Même les chefs d’établissements et les parents d’élèves ont appelé pour montrer leur mécontentement. Il y a donc la nécessité d’obtenir des moyens humains pour assurer les remplacements, puisque les enseignants sont aussi touchés par le virus. En plus, les procédures sans cesse modifiées du ministère ont accéléré le ras-le-bol des parents. Le ministre de l’Education a encore modifié le vadémécum et impose trois autotests obligatoires avant le retour de l’élève à l’école. Dès que l’élève est détecté positif, les parents doivent tout abandonner et laisser leur travail pour récupérer leur enfant afin de lui faire passer des tests. Les parents et les enseignants n’en peuvent plus, c’est devenu intenable. Il y a des files d’attente impossible pour se faire tester. Des moyens financiers sont donc demandés également, pour fournir en nombre suffisant en tests et autotests pour pouvoir recenser les cas, mais aussi pour se fournir en matériel de protection et de désinfection.”
 
Est-ce que nos enseignants peuvent faire grève même si le protocole ne concerne pas la Polynésie ?
“Des préavis ont été déposés nationalement. Si les collègues du fenua veulent faire la grève, ils sont tout à fait dans leur droit pour se porter grévistes. Il y a des protocoles de remplacement pour des absences ponctuelles. D’autres collègues peuvent s’occuper de leur classe en effectuant des heures supplémentaires. Le chef d’établissement s’adaptera pour réorganiser correctement.”
 
Comment s’est passée la rentrée au fenua ? Y a-t-il des choses à mettre en place ou à améliorer pour perfectionner ou faciliter la continuité pédagogique et l’accueil des élèves ?
“Ici on ne voit pas encore les effets de la vague d’Omicron. (…) La ministre est passée pour réaffirmer la mise en place du protocole sanitaire déjà en vigueur en Polynésie. Maintenant, il faudrait anticiper la propagation rapide d’Omicron et obtenir des tests et autotests en nombre suffisant pour mieux aborder cette phase critique de la vague qui risque d’arriver assez rapidement. Il faut éviter la catastrophe sanitaire dans les établissements. Il est préconisé de prévoir ici des tests en masse pour pouvoir agir rapidement quand de nouvelles procédures nous serons imposées. Cela nécessite des moyens humains, des personnels de santé au niveau de l’éducation, qui permettraient de rassurer, surveiller et sensibiliser. Pour l’instant il n’y a pas eu de recrutement supplémentaire, mais on n’en aurait quand même besoin.”
 
Quelle est la position de l’UNSA Éducation de Polynésie française concernant l’obligation vaccinale ?
“Une loi de Pays est passée, nous n’appliquons que la réglementation. Sa position est en rapport avec le respect de la réglementation. Concernant l’obligation vaccinale sur les enfants de 5 à 11 ans, nous renvoyons la décision vers les parents d’élèves. Cependant, je pense qu’une obligation vaccinale sur des enfants de cet âge serait prématurée. Cela reste toutefois un débat de société.”

Rédigé par Meleana CHE FAT le Mardi 11 Janvier 2022 à 16:50 | Lu 1613 fois