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Entreprendre, c’est toujours possible


En 2023, l’Adie a aidé 2318 entreprises à se monter et autant de porteurs de projets démarrer leur activité professionnelle en Polynésie.  Crédit : Tom Larcher
En 2023, l’Adie a aidé 2318 entreprises à se monter et autant de porteurs de projets démarrer leur activité professionnelle en Polynésie. Crédit : Tom Larcher
Tahiti, le 25 avril 2024 - L’Adie présentait ce jeudi son bilan 2023, et ses ambitions pour 2024. À l’occasion, quatre auto-entrepreneurs ayant bénéficié des microfinancements de l’organisme ont témoigné des bienfaits de l’entrepreneuriat dans leur vie et dans leur projet. D’après eux, si entreprendre peut faire peur à première vue surtout quand on part de zéro, “créer son entreprise aujourd’hui en Polynésie, c’est possible”. Et ça, peu importe d’où l’on vient.
 
Nous ne sommes pas une banque”, rappelle au micro Wendy Mou Kui, directrice de l’Adie en Polynésie française. “Notre rôle, c’est de favoriser l’insertion. On est juste un instrument pour aider les gens qui n’y croyaient pas à réaliser leur rêve, leur projet professionnel.” L’Adie, Association pour le droit à l’initiative économique, a été créée en 1988. Aujourd’hui, cette nationale reconnue d’utilité publique se fait fort de faciliter l’accès à des prêts financiers pour les personnes exclues du système traditionnel et leur permettre ainsi de créer leur entreprise grâce à des microcrédits. En bref, donner un coup de pouce aux entrepreneurs de demain qui n’y croyaient pas hier.
 
C’est la mission de Wendy Mou Kui en Polynésie, rendre l’entrepreneuriat accessible à tous. Elle déplore un phénomène au Fenua : trop de gens en marge du système financier pensent impossible le fait de créer une activité économique. Manque de diplôme, de fonds personnels, “trop pensent que l’entrepreneuriat n’est pas à leur portée ; ils ne croient pas en eux”. Pourtant, elle le dit : “tout le monde est le bienvenu à l’Adie. Tant que tu as une initiative économique et que tu souhaites développer une activité professionnelle alors que tu n’es pas éligible aux prêts bancaires. L’initiative s’adresse vraiment à ceux exclus du système financier.”
 
Le fonctionnement de l’Adie
 
Pour aider ces jeunes pousses entrepreneuriales, l’Adie décompose sa mission en plusieurs étapes. Premièrement, elle démocratise le fait de créer son entreprise, en se rendant sur le terrain, dans des quartiers prioritaires ou des zones rurales. Des agents de terrain se rendent dans ces zones et conseillent, mentionnent l’initiative. Car c’est en général le plus gros frein pour entreprendre : sauter le pas. Deuxièmement, l’association accompagne les futurs entrepreneurs dans le développement de leur projet, afin de “créer un business-plan solide”. Enfin, l’Adie accorde des microcrédits, pouvant aller de 12 000 francs à 1,7 million, en fonction des besoins du porteur de projet. L’accompagnement se poursuit ensuite les premières années après la création de l’activité, pour éviter les faux pas pour ces nouveaux entrepreneurs. Les micro-prêts, qui servent à démarrer ou consolider les micro-entreprises, sont rendus possibles grâce aux partenaires bancaires à qui l’Adie emprunte, afin de les “réinjecter dans le business des porteurs de projet”.
 
Les résultats de 2023

Et si on en croit les chiffres, l’initiative profite aux petits entrepreneurs, mais surtout à l’économie polynésienne dans son ensemble. Depuis 2009, l’Adie en Polynésie constate avoir aidé plus de 16 000 entrepreneurs, principalement dans l’archipel de la Société, mais elle intervient aussi aux Tuamotu, aux Australes et aux Marquises. Ses bénéficiaires : 47% d’hommes, 53% de femmes, 38% sans diplôme, 71% en zone rurale et 11% issus de quartiers prioritaires. En 2023, ce sont 2318 entreprises qui ont été créées, dans tous les domaines, mais particulièrement dans l’agriculture, la prestation de service et la restauration/hôtellerie. Et ces entreprises présentent de la résilience, avec un taux de pérennité qui s’élève à 86% au bout de trois ans d’existence, selon une étude de l’Audirep commandée par l’Adie en 2020. Le taux de remboursement est de 97,78% sur les prêts de l’année. Plus encore à l’échelle du pays, une étude du SROI, KPMG commandée par l’Adie en 2021 a révélé que 120 francs confiés à l’Adie rapportent 302 francs à la collectivité au bout de 2 ans. Même si encore une fois, la directrice de l’antenne locale précise que ce n’est pas grâce à son organisation, mais bien à ces entrepreneurs qui travaillent et qui produisent une valeur ajoutée.
 
Ils étaient quatre à témoigner ce jeudi, de leur épopée entrepreneuriale démarrée grâce à un rendez-vous avec une conseillère de l’Adie. Des profils différents avec dénominateur commun : ils pensaient que c’était impossible. Que ce soit Patrick Kaimuko et son entreprise de nettoyage industriel démarrée à 54 ans, Rava Luta qui a enchaîné les CDD toute sa vie et démarre aujourd’hui son activité de location de scooter à Mahina ou encore Rairii Garet et son entreprise Enjoy Scoot, tous s’accordent à le dire : “Il faut oser entreprendre.’” Et encore plus lorsqu’on est accompagné. Comme le dit ce dernier : “Je conseille surtout aux jeunes de concrétiser leur idée, d’avoir leur business, tout en se faisant suivre. Mais la liberté, travailler pour soi-même, ça n’a pas de prix.
 

Rédigé par Tom Larcher le Jeudi 25 Avril 2024 à 19:30 | Lu 1080 fois