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"Énorme réussite" pour le Salon du livre


TAHITI, le 21 novembre 2021 - La 21e édition du Salon du livre a été une belle réussite selon le président de l’association des éditeurs de Tahiti et des îles, Christian Robert. La littérature en Polynésie se porte bien et les visiteurs ont été nombreux, même si les auteurs océaniens n’ont pas été, exceptionnellement, de la fête.

"Une énorme réussite", c’est ainsi que Christian Robert, président de l’association des éditeurs de Tahiti et des îles (AETI), décrit la 21e édition du Salon du livre. "Il y a eu vraiment beaucoup de monde. Les gens se sont rués dans les allées de la Maison de la culture." Les stands, mais aussi les ateliers et autres rendez-vous n’ont pas désemplis. La présentation de Bruno Saura, samedi après-midi, a elle aussi eu un beau succès, elle a été suivie par près de 150 personnes sur le paepae a Hiro.

Le président se dit extrêmement satisfait sachant qu’il reconnaît une certaine appréhension en amont. "Avec une édition 100% numérique en 2020, nous avons craint que les liens entre le monde du livre et les visiteurs se soient distendus." Par ailleurs, cette année, le choix a été fait de revenir au présentiel tout en gardant le distanciel. Ce qui a impliqué un véritable challenge technique pour les équipes. Ce choix a été plébiscité par les visiteurs venus en nombre –les ventes à la hausse confirment leur passage–, mais aussi par les internautes. Une classe des Tuamotu par exemple a profité d’une rencontre via Zoom avec un auteur.

Une 22e édition "magique"

"La prochaine édition s’annonce magique", promet Christian Robert. En effet, cette année, peu d’auteurs extérieurs ont été invités en raison des incertitudes liées à la crise sanitaire. En particulier ceux venant de toute l’Océanie, "alors que ce salon est pour eux", insiste le président de l’AETI. En 2022, il y aura un gros appel d’auteurs venant de Nouvelle-Calédonie, de Nouvelle-Zélande, d’Australie.

La 22e édition aura pour thème la nourriture. En attendant, la fête continue car un salon aura lieu, du 1er au 4 décembre, à Raiatea. Et tous les titres présentés ces quatre derniers jours sont désormais disponibles en magasins, librairies et pour certains en bibliothèques.

Moeva Grand : "Il est important que nous écrivions sur nous"

Membre de l’association Littérama’ohi depuis 2010, elle écrit régulièrement, de la prose ou de la poésie, dans la revue. "Le plus souvent des poèmes", précise-t-elle. Elle propose des textes sur les thèmes annoncés ou bien selon sa seule inspiration pour la rubrique texte libre. Pour elle, la littérature polynésienne est importante, car "elle laisse une trace de nos pensées. Ces pensées sont celles d’un instant T mais quand régulièrement elles sont rédigées, de génération en génération, cela constitue notre mémoire. Les pensées d’hier nous manquent aujourd’hui".

Cette démarche d’écriture est le fruit d’une prise de conscience. "Les Européens ont écrit notre histoire avec leur vision, il est vraiment important que nous écrivions sur nous à présent, que cela vienne de l’intérieur." Pour Moeva Grand, la prise de conscience n’est pas récente, elle a démarré avec Flora Devatine, Chantal Spitz, Jimmy Ly qui continuent aujourd’hui à écrire mais ont passé le relais. "Ce qui est génial car cela participe à la transmission."

Patrick Chastel : "Les jeunes ont pris conscience de leurs possibilités"

L’auteur a plusieurs actualités. Son ouvrage, Terreur à Hiva Oa, vient d’être réédité. Au passage, il a été agrémenté d’illustrations de Leia Chang Soi. Deux autres ouvrages suivent le même chemin et seront bientôt disponibles : Le Marae du grand banian et La Marque des Dieux. Au mois de décembre, il présentera un ouvrage inédit intitulé Récits, légendes et mythes des îles Marquises, illustré par Heretu Tetahiotupa, le co-réalisateur du documentaire Patutiki. Il s’agit de 26 histoires que Patrick Chastel a retrouvées et traduites.

Il est persuadé du dynamise de la littérature en Polynésie, "mais aussi de l’illustration". Selon lui, et d’après les différentes interventions qu’il assure dans les établissements scolaires (collège, lycée, université), "les jeunes ont pris conscience de leurs possibilités". Il se dit "scotché" par la qualité des textes et illustrations produits. "Il suffirait juste à présent de les mettre en valeur, de leur donner les moyens. Il y a un terreau, il faut le nourrir."


Daniel Margueron : "En Polynésie, une littérature riche et diverse."

Il signe Adolescent de la nuit, un ouvrage "personnel" sur Alain-Fournier, l’auteur du Grand Meaulnes. "C’est un livre dans lequel je me livre, car Grand Meaulnes est le texte qui m’a permis d’entrer dans la littérature et qui a décidé de ma vie finalement et de ce choix que j’ai de devenir professeur de littérature." Adolescent de la nuit se compose de différentes partie, la découverte d’Alain-Fournier, des journaux intimes fictionnels, une critique contemporaine du Grand Meaulnes.

À propos de la littérature en Polynésie, comme il l’indique dans son livre Flots d’encre sur Tahiti, il distingue différents types : la littérature océanienne, celle des voyageurs de passage, la littérature néo océanienne des popa’a installés en Polynésie depuis des années, la littérature tahitianophone et la littérature autochtone. Elles sont riches et diverses. Émerge parmi elle, petit à petit, des textes d’auteurs polynésiens d’inspirations nouvelles comme la dystopie de Mourareau ou bien l’ouvrage de Gloria Leu paru il y a quelques années.

Rédigé par Delphine Barrais le Dimanche 21 Novembre 2021 à 19:47 | Lu 1108 fois