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En pleine sécheresse, la police du gaspillage veille à Los Angeles


LOS ANGELES, 30 août 2014 (AFP) - Pour lutter contre le gaspillage en pleine sécheresse historique, la ville de Los Angeles a mis en place une "police de l'eau" pour verbaliser ceux qui arrosent leur jardin aux mauvaises heures.

"L'Unité de préservation de l'eau a pour but de rappeler aux clients l'importance de ne pas gâcher l'eau et de faire respecter les consignes d'une manière amicale mais ferme", explique ainsi un communiqué de l'administration qui gère l'eau et l'électricité à Los Angeles (DWP).

Enrique Silva, directeur de cette police de l'eau, parcourt les rues de la ville dans une voiture couleur océan, à la recherche des gaspilleurs.

"On essaie de repérer les gens qui arrosent les jours où ils ne sont pas autorisés à le faire, on regarde s'il y a de l'eau qui coule dans la rue, parce qu'ils arrosent trop longtemps par exemple".

La sécheresse catastrophique qui touche l'ouest des Etats-Unis met à rude épreuve les nappes d'eau souterraines et menace l'approvisionnement en eau dans cette région où vivent 40 millions de personnes.

La Cité des Anges a mis en place des mesures d'incitation, comme le programme "pelouse contre dollars" qui donne de l'argent à ceux qui remplacent leur gazon par des plantes plus adaptées au climat désertique et moins gourmandes en eau: des succulentes, des cactus, de la lavande et autre agaves.

Mais vu l'urgence, le DWP a également instauré des restrictions: il est interdit d'arroser tous les jours pelouses et jardins, de le faire en pleine journée, quand l'évaporation est à son maximum et pendant plus de huit minutes d'affilée au même endroit, entre autres.

En patrouille, lorsqu'il trouve une pelouse encore humide et des flaques sur le trottoir ou dans la rue, Enrique Silva prend des photos pour constituer des preuves d'infraction. De retour au bureau, il adresse une lettre officielle de mise en garde.

- Dénonciation -

"Nous sommes dans une phase de sensibilisation du public. Les gens savent que nous faisons face à une sécheresse et nous pensons que si nous leur rappelons qu'ils ne peuvent pas arroser plus de trois fois par semaine et qu'ils risquent une amende, alors ils respecteront les limites imposées", dit-il.

Mais dans un pays où une pelouse bien verte reste la norme, certains proposent d'adapter les prix à la rareté de la ressource pour réduire vraiment la consommation d'eau.

"Peut-être que les années où il y a beaucoup d'eau, on peut faire baisser les prix. Mais quand il y a moins d'eau, et c'est en train de devenir la norme, alors il faut qu'elle soit très chère. Arroser sa pelouse n'est pas nécessaire au bien-être de l'humanité", explique Stephanie Pincetl, directrice du centre d'études environnementales de l'université UCLA.

Pour elle, il faudrait deux compteurs d'eau: un pour l'intérieur des maisons, moins cher, pour l'eau nécessaire à l'alimentation, à l'hygiène, et un autre pour l'eau à l'extérieur, utilisée pour les piscines, les jardins, tout ce qui n'est pas indispensable.

En attendant des mesures de fond, Enrique Silva peut compter sur un coup de pouce qui se fait de plus en plus commun: la dénonciation par les voisins.

"Je les vois, ils arrosent leur pelouse tous les jours, ils savent bien qu'il faut économiser l'eau mais ils ne le font pas", indique ainsi un voisin, Mahmoud Jahedmanesh, au patrouilleur.

Pour cette fois, la personne en faute n'écopera que d'un avertissement.

Mais si les précipitations ne sont pas suffisantes dans les mois à venir, la prochaine phase du programme antigaspillage sera enclenchée... et ce sont les amendes qui commenceront à pleuvoir.

Rédigé par () le Samedi 30 Août 2014 à 06:45 | Lu 364 fois