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Elle perd deux fils en deux ans, fauchés par des chauffards alcoolisés


12 mois de prison avec sursis, permis de conduire annulé et obligation de faire soigner ses problèmes d'alcool. C'est la peine prononcée hier par le tribunal contre une automobiliste qui a tué un piéton en mai 2012 à Pueu.
12 mois de prison avec sursis, permis de conduire annulé et obligation de faire soigner ses problèmes d'alcool. C'est la peine prononcée hier par le tribunal contre une automobiliste qui a tué un piéton en mai 2012 à Pueu.
PAPEETE, le 25 août 2015 - Une automobiliste de 51 ans a écopé de 12 mois de prison avec sursis, ce mardi après-midi devant le tribunal correctionnel, pour avoir mortellement fauché, en mai 2012, un jeune homme de 19 ans qui marchait le long de la route à Pueu. Elle avait bu. L'occasion d'apprendre que la mère de la victime avait déjà perdu un fils, deux ans plus tôt, dans des circonstances analogues.


L'alcool au volant est un fléau. Il est en cause dans la grande majorité des accidents mortels en Polynésie française. Le procès pour homicide involontaire aggravé qui s'est tenu ce mardi devant le tribunal correctionnel en est un nouvel exemple. A la barre, une vahine de 51 ans est poursuivie pour avoir causé la mort d'un jeune homme de 19 ans. Elle lui a foncé dessus en pleine nuit, à Pueu. C'était en mai 2012.

ll faut dire que la conductrice avait mis toutes les chances de son côté. Comme tous les week-ends, la quinquagénaire a passé la journée à la plage, les pieds dans l'eau, à siroter des bières. Ce qui ne l'a pas empêchée de prendre le volant, vers 19 h 30 à la nuit tombée, pour aller chercher son fils à Tautira. Avec 1,7 gramme d'alcool dans le sang. Et le phare droit de sa voiture qui ne fonctionnait plus. Rien d'étonnant, finalement, à ce qu'elle n'ait pas vu le malheureux piéton qui marchait sur le bas-côté, à droite donc, de la chaussée.
C'est un automobiliste qui découvrira la terrible scène, un corps allongé au milieu des débris de verre, les savates en vrac sur le bitume. Le malheureux décèdera sur son lit d'hôpital quelques heures après son admission aux urgences de l'hôpital du Taaone à Pirae.

Des voyous de la route

A la présidente qui lui demande si elle pense avoir un problème avec l'alcool, la vahine, qui jure pourtant avoir laissé tomber la voiture et la bouteille depuis le drame, fait signe de la tête que non. "Ce n'est pas ce que disent les experts, votre entourage et votre casier judiciaire" lui fait remarquer la présidente du tribunal Denise Lacroix. "C'est un accident dramatique, lamentable et pénible", assène le procureur de la République. "Vous entrez dans la catégorie des voyous de la route".
Cheveux grisonnants bien attachés, en petit pantalon beige, la vahine, apprêtée, écoute mais ne dit pas grand-chose. Elle attend que ça se passe. Même si son avocat l'a dit "accablée" et rappelle qu'elle-même a perdu son père sur les routes de Polynésie.

Une route décidément meurtrière dans ce cas précis puisqu'on a appris que la mère du garçon qu'elle a renversé et tué avait été endeuillée, dans les mêmes circonstances et au même endroit, deux ans plus tôt.

En septembre 2010, un chauffard, ivre également, fauchait mortellement un autre de ses fils. Renversé alors qu'il circulait à scooter, le malheureux avait été tué sur le coup. Dans les deux cas, ses fils allaient et venaient en bord de route à cet endroit où toute la famille a élu domicile. Dans les deux cas, les conducteurs qui leur ont confisqué la vie avaient bu. L'alcool au volant et l'irresponsabilité de deux automobilistes lui ont volé deux de ses quatre fils.



Rédigé par Raphaël Pierre le Mardi 25 Août 2015 à 17:24 | Lu 4937 fois