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Édouard Fritch a “bien compris le message”


© Désiré Teivao
© Désiré Teivao
Tahiti, le 16 avril 2023 - Après la razzia bleue aux dernières élections législatives, nouvelle déconvenue pour le Tapura huiraatira lors de ce premier tour des élections territoriales, qui arrive en deuxième position avec 30,47% des suffrages, derrière le Tavini qui arrive en tête avec 34,91%. Édouard Fritch, tête de liste du Tapura huiraatira et président sortant de la Polynésie française, interrogé par nos confrères de Polynésie La 1ère, l'assure : "J'ai bien compris le message des électeurs”. Pour le second tour, il appelle une nouvelle fois l'ensemble des autonomistes à se rassembler.
 
Le Tavini est en tête pour ce premier tour des élections territoriales. Vous vous y attendiez ou pas vraiment ?
“A la suite des résultats des élections législatives, et eu égard du Tavini Huiraatira ces derniers jours, oui, il fallait s'attendre à ce qu'ils arrivent en tête. Peut-être même d'une façon beaucoup plus forte que ce que l'on observe aujourd'hui. Mais le constat est celui-là. Aujourd'hui, j'ai bien compris le message des électeurs.”
 
Vous pensez que c'est toujours une sanction contre le Tapura ou au contraire qu'une majorité de la population croit en l'indépendance ?
“Ce n'est pas facile parce que je crois que la majorité Tapura, sur les cinq dernières années, a présenté et présente aujourd'hui un bilan qui n'a jamais été égalé. Nous avons réellement beaucoup fait malgré la crise sanitaire que nous avons connue et la crise économique que nous avons récupérée de l'ancienne majorité –parce qu'il ne faut pas oublier que le Pays était en difficulté lorsque nous sommes arrivés en 2014. Malgré tout ce qui a été fait, oui, il y a de quoi se poser de sérieuses questions. Avec les chiffres que vous connaissez, la situation économique du Pays, j'ai même envie de dire la situation sociale, parce qu'elle n'est pas aussi catastrophique que ce qu'on veut nous faire comprendre, oui, je suis assez surpris.”
 
Ce n'est pas perdu...
“Non, ce n'est pas perdu. Ce que j'essaie de comprendre, c'est quel message il y a derrière. Effectivement, nous avons eu déjà un tel phénomène lors des élections législatives où tout le monde s'est regroupé contre un homme d'abord et contre la majorité Tapura. Ce qui m'inquiète beaucoup aujourd'hui, c'est la continuation de ce phénomène, du fait que je reste convaincu que la Polynésie n'est pas indépendantiste. Et on peut calquer ce phénomène qui se produit aujourd'hui sur celui que nous avons connu en Nouvelle-Calédonie, à savoir qu'il y a au sein des autonomistes de la Polynésie française aujourd'hui une vraie dissension. Il y a un éclatement des voix autonomistes pour différentes raisons sur lesquelles je ne veux pas revenir ce soir. Ce constat, il est réel. Ce qui s'est produit l'année passée est en train de se reproduire aujourd'hui et je suis vraiment étonné. J'avais beaucoup d'espoir et je pense qu'on a encore de l'espoir d'arriver en tête sur la Polynésie française.”
 
Comment faire pour arriver à regagner du terrain ?
“Je suis en train d'y réfléchir. Je pense que l'on peut encore gagner des voix. Parce que je me refuse à comprendre que les Polynésiens ne soient pas contents de ce que nous avons fait.”
 
Quelle est votre stratégie pour le second tour ? Vous partirez seuls ou vous êtes prêts à faire des alliances ?
“Pour le moment, je ne sais pas. Lorsque l'on a connu la gestion calamiteuse de 2004 à 2013 faite par le Tavini huiraatira dans ce pays, je me refuse à croire que les Polynésiens veulent recommencer le même phénomène pour les cinq prochaines années. Je pense que nous sommes sur une pente ascendante, il ne faut peut-être pas interrompre cette croissance. C'est une croissance intéressante, que ce soit sur le plan social, sur le plan économique, sur le plan humain d'une façon générale. Il faut vraiment analyser les chiffres, parce que les chiffres parlent. Il faut analyser chaque commune pratiquement bureau par bureau, parce qu'il faut voir qui n'est pas allé voter et essayer de rectifier le tir en fonction de ces constats.
C'est vrai qu'à la suite de la défaite du Tapura huiraatira aux dernières législatives, on a vu le Tavini huiraatira reprendre confiance. Et en fin de compte, je pense qu'ils avaient raison puisqu'ils sont allés au-delà des voix classiques du Tavini. Je pense qu'ils ont capitalisé sur ces élections législatives. Certains autonomistes sont complètement partis, moi je dis qu'il faut qu'on se regroupe. Ce qui est important, c'est qu'on se regroupe tous pour le second tour, que ce soit le A Here ia Porinetia, Ia Ora te Nuna'a. Sinon, chacun prendra ses responsabilités au lendemain du scrutin. Je le redis, ce pays n'est pas prêt à aller à l'indépendance, ce sera une catastrophe pour nous. L'État participe énormément à la vie de ce pays, il faut être réaliste, aujourd'hui on a encore besoin de l'État pour arriver à faire vivre les Polynésiens.”

Rédigé par Propos recueillis par Polynésie La 1ère le Lundi 17 Avril 2023 à 01:39 | Lu 5708 fois