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Edouard Fritch : "Peut-être n'avons-nous pas été tout à fait exemplaires"


Tahiti, le 18 juin 2022 – Pour le chef du gouvernement, qui esquisse un embryon de mea culpa, la défaite historique de son parti aux élections législatives relève surtout d'un "front anti-Tapura". Selon lui, l'envoi de trois indépendantistes au Palais Bourbon sera contre-productif pour le fenua et il dénonce le projet "nébuleux" porté par le Tavini Huira'atira. 

Cette défaite, c'est une surprise pour vous ?
 
"Non, ce n'est pas une surprise, nous nous attendions à ce que le scénario des présidentielles se répète. Aux présidentielles, les gens n'ont pas voté pour Marine Le Pen, ils ont voté contre le Tapura qui soutenait Emmanuel Macron. Le même scénario se représente aujourd'hui. Lorsqu'on voit l'augmentation des taux de participation du jour, on peut penser que toutes les voix de l'opposition se sont reportées sur le Tavini."
 
Il y a eu un front anti-tapura ?

"Oui, j'en suis convaincu."
 
Pourquoi ?
 
"Je ne sais pas, il faudrait leur demander. Dans la gestion de la covid, il y a eu certaines hésitations, parce que nous ne savions pas trop où nous allions. Peut-être n'avons-nous pas été tout à fait exemplaires : il y a eu ce mariage et deux responsables du parti qui n'ont pas voulu se vacciner. Je pense que le Tapura a quand même assuré la crise sanitaire, aujourd'hui nous assurons la crise économique. Mais la campagne est restée sur le plan territorial."
 
La campagne a porté sur des thématiques qui sont de la compétence du Pays. Ces résultats appellent-ils une remise en cause de certaines politiques du gouvernement ?
 
"Je pense qu'on aurait pu gagner. Aujourd'hui, il nous faut regarder avec beaucoup d'attention ces résultats. Nous sommes le seul parti à pouvoir vraiment revendiquer les voix qui ont voté pour nous. Nous restons le parti le plus important de Polynésie française. Mais, il y a eu des défections chez nous. Oui, cela doit nous appeler à une réflexion sur certaines orientations qui ont été prises."
 
En tant que Président du Pays, vous perdez des relais importants à Paris. Ça va être plus dur de négocier avec l'État ?
 
"Pour moi, c'est catastrophique. Nous allons envoyer en Métropole trois députés Tavini qui vont aller parler de souveraineté, d'indépendance, de l'ONU… Qu'est-ce que cela peut rapporter au Pays ? (…) On ne peut pas compter sur trois députés qui vont être dans l'opposition à la majorité présidentielle. J'userai de mes relations avec le Président de la République, mais cela aurait été tellement plus efficace d'envoyer à Paris des députés qui soient du même bord."

Oscar Temaru a répété ce soir qu'il veut un débat avec vous sur l'indépendance. Que répondez-vous ?
 
"Moi je veux bien débattre avec lui, mais personne ne sait quelle est la feuille de route pour arriver à cette indépendance. Aujourd'hui, une indépendance nous plongerait dans quelque chose de nébuleux. Alors, quand on aura plus d'information sur sa feuille de route, peut être on pourra en débattre."
 

Rédigé par Propos recueillis par Radio 1 le Dimanche 19 Juin 2022 à 20:27 | Lu 1692 fois