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Economie : il ne suffit pas «de planter des choux et des patates»


Economie : il ne suffit pas «de planter des choux et des patates»
PAPEETE, mardi 6 novembre 2012. La Polynésie française est-elle capable de vivre prochainement (et rapidement) une mutation économique majeure ? La volonté du gouvernement Temaru aux commandes du Pays, telle que présentée dans les grandes lignes du DOB (débat d’orientation budgétaire pour 2013), mais aussi dans les différentes étapes de la tournée gouvernementale depuis plusieurs semaines, affiche une volonté de changement. Il faut évoluer vers une économie «endogène de production» lançait Antony Geros, le vice-président, vendredi dernier. Il précisait même sa pensée : «il ne s’agit pas seulement de planter des choux et des patates» mais d’organiser une vraie filière de l’agro-alimentaire «avec le relais d’une industrie de transformation».

Et dans ce registre, on le sait, il y a beaucoup à faire. Tenter une autosuffisance alimentaire
de la Polynésie française sur un territoire vaste comme le continent européen, et éclaté sur un océan, exige un maillage efficace d’unités de stockage, de conservation et/ou de transformation sur les sites de production dans les différents archipels, très éloignés de Tahiti, principal point de consommation.
Il faut prévoir ensuite une organisation sans faille du transport, du fret maritime, sous peine de voir la marchandise produite ne jamais arriver en état de consommation au client final. Cela s’est déjà produit. Mais c’est seulement en fin d’année 2012 que le premier centre de stockage et de transformation sera installé à Tubuai. Un premier pas qu’il va falloir multiplier.

Même chose avec les ressources marines : les 5 millions de km2 d’océan autour de la Polynésie française sont sources de convoitise pour de nombreux pays, mais il va falloir d’abord réorganiser les filières existantes pour viser en priorité «l’autosuffisance locale» et seulement, ensuite travailler sur l’exportation.
Bref, cette mutation de l’économie n’est pas instantanée. Elle se déclinera, selon Antony Geros dans le Plan de développement économique et social sur lequel planche, depuis le début de l’année 2012, l’équipe gouvernementale. Ce plan «devrait s’étaler sur quatre ans» précise le communiqué de presse sur les grandes lignes du rapport préalable au débat d’orientation budgétaire. Un communiqué de presse qui se termine sur une vaste interrogation à méditer : «la question est : aujourd’hui, quel développement, et pour quelle Polynésie de demain» ?

Economie : il ne suffit pas «de planter des choux et des patates»
Fiscalité : quelques indiscrétions

Le ministre du budget, vice-président de la Polynésie française a annoncé le vendredi 2 novembre que l’Etat s’était engagé à financer une étude de recensement sur le budget des ménages. Car le Pays a besoin «d’indicateurs précis des familles en difficulté et du poids de la pression fiscale pour orienter nos réformes et notamment la réforme fiscale. Il faut mesurer cette pression fiscale, y compris en terme de prélèvement social pour monter vers une équité fiscale». Le ministre du budget allait un peu loin déclarant qu’il faudrait accentuer «la voilure de la fiscalité directe pour être plus égale à celle que l’on prélève en fiscalité indirecte qui représente les trois quarts de notre fiscalité». Qui dit fiscalité directe dit notamment impôt sur le revenu, sujet autour duquel le gouvernement tourne autour du pot sans l’annoncer encore clairement. Une chose est sûre : en quatre ans, la Polynésie française a perdu 20 milliards de recettes fiscales, ce qui met le budget du Pays au régime forcé…

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 6 Novembre 2012 à 08:43 | Lu 1155 fois