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Échange sur l'aquaculture à Vairao


Enclos d'élevage d'holothuries juvéniles. Crédit photo : Thibault Segalard.
Enclos d'élevage d'holothuries juvéniles. Crédit photo : Thibault Segalard.
Tahiti, le 8 février 2023 – Au centre aquacole de Vairao, les différents acteurs du programme PROTEGE sur l'aquaculture étaient réunis pour une visite, ce mercredi. L'occasion pour eux de discuter et d'échanger sur les problématiques communes qu'ils rencontrent sur les cultures aquacoles de poissons, algues ou encore d'huîtres.
 
La plupart des acteurs du programme PROTEGE sur l'aquaculture, provenant de Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna et de Polynésie étaient réunis mercredi matin au centre aquacole de Vairao pour une visite, à l'occasion d'un atelier technique régional de capitalisation. Ce rassemblement a pour objectif de tirer un bilan sur l'avancée du développement des filières d'aquaculture de chaque territoire, à quelques mois de la clôture du programme prévue en fin d'année. L’enjeu est de partager et discuter sur les méthodes et pratiques de chacun. Le programme PROTEGE a débuté en 2019, sur un financement alloué par le Fonds européen de développement (FED). Il s’agit d’une initiative qui vise à promouvoir le développement économique durable, sur la base de ressources naturelles renouvelables, dans un contexte où ces collectivités françaises du Pacifique sont confrontées aux effets du changement climatique. Ce programme couvre “des thématiques très vastes, comme la pêche, l'agriculture, la forêt et bien sur l'aquaculture”, explique Aurélie Thomassin, la coordinatrice territoriale de PROTEGE pour la Polynésie. Le FED a injecté un total de 4,3 milliards de Fcfp sur cinq ans pour les trois territoires. 135 millions ont été alloués à la Direction des ressources marines (DRM) pour le développement de la culture aquacole polynésienne. Parmi les différents types d'élevage étudiés par les équipes de la DRM, on retrouve des poissons comme l'holothurie et le marava, une microalgue (rimu) et des huitres de roches. Les nouvelles méthodes étudiées se basent sur le principe de l'écoresponsabilité promu par PROTEGE : “On est là dans des techniques qui essayent d'être les plus économes possible en énergie tout en restant low-cost et artisanal sans technologies poussées. On n'utilise pas d'antibiotiques”, souligne Aurélie Thomassin.
 
Échange entre territoires
 
Cette visite est donc l'occasion pour les acteurs du programme PROTEGE travaillant sur l'aquaculture d'échanger entre eux. Ainsi, ils ont pu découvrir les cultures qui sont en développement en Polynésie actuellement. “Ils viennent voir ce que l'ont fait. Le but s'est véritablement de discuter et de mettre en commun les méthodes qui marchent ou non, les problèmes rencontrés, etc.”, souligne la coordinatrice territoriale de PROTEGE pour la Polynésie. “Nous travaillons tous dans le même but, c’est-à-dire de sécuriser des recettes d'élevage aquacole pour ensuite transférer les méthodes au secteur privé et développer l'économie, comme des coopératives agricoles ou d'autres porteurs de projet. Tout ça contribue donc à l'autonomie alimentaire du territoire et même à soulager la pression de la pêche à certains endroits.”
 
La Polynésie échange régulièrement avec la Nouvelle-Calédonie au sujet des cultures aquacoles. Le Caillou pourrait d'ailleurs être intéressé par l'élevage en cagette en mer selon Pablo Chavance, le directeur du pôle marin de la technopole de la Nouvelle-Calédonie et référant sur l'aquaculture pour le programme PROTEGE : “Nous ne faisons pas d'algues, mais beaucoup de crevettes. C'est d'ailleurs très intéressant ce qui est fait ici en matière de cagette de mer. Ça pourrait vraiment plaire aux îles Loyauté et à d'autres coins en Calédonie.”
 
“La culture d'algue est prête à être commercialisée”
 
Si selon le responsable du programme de recherche et de développement en aquaculture au centre de Vairao, Marc Andrée Lafille, “la plupart des programmes d'élevage sont plutôt en avance”. Parmi eux, un est même en passe d'être totalement maitrisé par les équipes de la DRM : “La culture d'algue rimu est prête à être commercialisée. On est largement en avance sur nos prévisions”, explique Corentin Salvan, ingénieur en charge des projets de diversification de l'aquaculture PROTEGE. “On envisage même de commencer dès septembre les étapes de commercialisation pour avoir les premiers retours. Cette algue est très appréciée à Hawaii mais encore peu connue ici. Si les retours de marché sont intéressants, des porteurs de projets privés vont se placer sur le sujet et donc investir, acheter des concessions marines. C'est toute une économie qui va se lancer.” L'ostréiculture est également en bonne voie de développement puisque plusieurs cycles de grossissements, en lagon et en baie ont déjà été effectués. A contrario, l'élevage de marava est toujours “infructueux”, selon Corentin Salvan : “On est pour l'instant toujours incapable de proposer un système de production de ce poisson transférable dans le privé. Mais on espère pouvoir y arriver avant la fin du programme PROTEGE en fin d'année, notamment avec les nouveaux essais que nous allons réaliser.” Dans le cadre de ces partages d’expérience, d'autres voyages sont prévus en Nouvelle-Calédonie et à Wallis-et-Futuna pour découvrir les installations locales.

Corentin Salvan explique le fonctionnement d'une pompe a plancton. Un appareil indispensable pour l'élevage de marava. Crédit photo : Thibault Segalard
Corentin Salvan explique le fonctionnement d'une pompe a plancton. Un appareil indispensable pour l'élevage de marava. Crédit photo : Thibault Segalard

Bac à essais de culture d'algues rimu. Crédit photo : Thibault Segalard.
Bac à essais de culture d'algues rimu. Crédit photo : Thibault Segalard.

Rédigé par Thibault Segalard le Mercredi 8 Mars 2023 à 19:22 | Lu 2573 fois