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Dix légendes de Tautira récoltées et éditées


Dix légendes de Tautira récoltées et éditées
TAHITI, le 22 juin 2023 - La direction de la culture et du patrimoine publie un nouveau recueil de légendes. Elles racontent, cette fois-ci, la côte est de la Presqu’île. Elles ont été écrites par Daniel Pifao, qui les tient lui-même de son grand-père. Ce trésor est disponible en ligne pour le grand public et distribué dans les établissements scolaires pour le jeune public.

Le livret intitulé Légendes de Tautira vient de sortir. Il est édité par la direction de la culture et du patrimoine et a été écrit par Daniel Pifao qui s’est également occupé des illustrations avec l’artiste A'amu. Le texte est en langue française et en reo tahiti. “J’ai tiré ces légendes d’un livre que je tenais de mon grand-père”, confie l’auteur. Longtemps, les légendes sont restées confidentielles. “Mon grand-père me les racontait mais elles étaient presque secrètes, ça ne se donnait pas à l’époque. Il est temps que les enfants les connaissent.”

Le grand-père de Daniel Pifao, Hitore, était un grand orateur, il maîtrisait les légendes et les savoirs ancestraux. Il donnait les noms de mariage aux époux, faisait accoucher les femmes de la commune et a apporté son soutien à la création d’une académie en Polynésie. Il a combattu lors de la Première Guerre mondiale. Il a consigné une cinquantaine de légendes de sa terre. Il a également signé un livre de connaissances et un livre du calendrier lunaire agricole. “Il avait choisi dans la famille trois gardiens potentiels de ces ouvrages une fois qu’il serait parti, une cousine, un frère et un cousin. Et c’est finalement moi qui en ai hérité”, raconte Daniel Pifao.

Dix légendes simplifiées

Daniel Pifao connaît sur le bout des doigts les trois livres, il connaît chacun des lieux dont il est question. Pour rédiger le livret édité par la direction de la culture et du patrimoine, il a sélectionné dix légendes, il les a simplifiées pour les rendre accessibles au plus grand nombre. Ainsi, le lecteur pourra découvrir l’histoire associée aux tambours de Vaiote, à la calebasse de brume de Hono’ura, au fare vahine a Tahu, le refuge des femmes, ou encore au piège de Naso Unicornis de Turi.

James Tuera, responsable logistique à la direction de la culture et du patrimoine, rappelle que cette dernière est chargée d'une compétence générale en matière de patrimoine culturel, matériel et immatériel, de la promotion et de la valorisation des langues polynésiennes et de la propriété littéraire et artistique. “À ce titre, lors de missions de terrain, la cellule des langues recueille, depuis de nombreuses années auprès des détenteurs gardiens de savoirs traditionnels, des récits, légendes et mythes de la Polynésie.” La cellule communication se charge de la mise en graphie et la maquette. Les recueils sont traduits en français/tahitien/anglais. En outre, chaque archipel verra les légendes traduites dans sa langue vernaculaire, paumotu, marquisien, tuha’a pae... Ont déjà été éditées, les légendes de Taputapuātea et celle de Teahupo’o. Très prochainement, paraîtront le livret de légende de Fatu Hiva, Bora Bora, Maupiti, Taha'a, Papara, Pueu ainsi qu’un recueil sur le 'ava et un autre sur le tarava.

Mais d’où vient le nom de Tautira ?

Daniel Pifao introduit le recueil de légendes en explicitant le nom de son village. Autrefois, Tautira était appelé Fatutira i te Ta’i Pa’a‘ina.
Des régates se disputaient en pleine saison du mara’amu. Et lorsque les vents violets arrivaient, les mâts des pirogues se brisaient, d’où leur appellation Ofatitira i te Ta’i Pa’a’ina. Pour être plus précis, elles étaient aussi appelées Fatutira i te Pa’a’ina et ce type de courses était appelé O’otitai.

Lorsqu’elles se terminaient, toutes les pirogues rentraient au rivage et jetaient l’ancre dans la grande baie. Les personnes, quant à elles, se regroupaient sur un plateau élevé portant le nom de Tautira. Il s’y déroulait la remise des prix des vainqueurs de la course. À cette occasion, les orateurs donnaient leur discours en plus des divertissements continuels. Pour cette raison, le lieu était aussi appelé Ti’ara’a ‘ōpere.

C’est à cette même période que Fatutira devint Tautira. Cela s’explique par le fait que les pirogues à voiles, dotées de mât (tira), mouillent en ces lieux. Ce site connut d’abord le nom de Taura’arita avant d’être jugé trop long par certaines personnes qui optèrent pour Tautira.

Pratique

Pour accéder au livret, rendez-vous en ligne sur le site.

Cliquez sur l’onglet “bibliothèque”, puis “mallette pédagogique” et enfin sur l’onglet “Livrets de légendes – série La Polynésie, terre de légendes”. Les trois recueils de légendes apparaîtront.

Ces exemplaires sont distribués dans les écoles primaire, secondaire, tertiaire ainsi que les bibliothèques des établissements scolaires.


Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 22 Juin 2023 à 17:53 | Lu 1547 fois